" Dans le sillage des Marins de Lorraine "
Bulletin de liaison de l'Union des Marins de Lorraine (version web)
Novembre 2006
 
- Sommaire

- Mot du Président

- Pour nos Amis Internautes (Marcel NAROZNY)
- Déductibilité des cotisations aux Mutuelles (Guy DONNET)
- Nécrologie de Monsieur Christian MAURICE (Bernard OLIVIER)
- Lancement du premier cuirassé au monde (Daniel THIRION)
- Guerre de Corée, 56ème anniversaire du Débarquement d'Inchon (Léon ROCHOTTE)
- Le destin de l'Officier en Chef des Equipages Alexandre LOFI (Martial MICK)
- La légende du bromure (Daniel THIRlON)
- L'épopée de DUNKERQUE (Daniel THIRlON)
- L'appel du Général de Gaulle (Daniel THRION)
- Le drame de Mers-EI-Kébir (Daniel THIRION)
- Météo Première (Guy DONNET)
- Poésie sur les Porte-Drapeaux (Guy DONNET)
- Décès du dernier Poilu de la Marine (Guy DONNET)
- Situation du " Colbert " : un transfert coüteux (Pierre THOMAS)
- Photos de la journée passée à bord de la frégate " Duquesne " par notre Ami Pierre THOMAS
  

  Le mot du Président

" C'est toujours pour moi un grand plaisir, lorsque que je vous vois, à chaque réunion de l'Union des Marins de Lorraine, aussi nombreux. Les réunions des Membres de l'U.M.L. qui se sont déroulées à CHARMES, ESSEY-LES-NANCY,HAYANGE, SAINT NICOLAS EN FORET ont bien démontré l'engouement que nous avons de persister à nous rencontrer.

Oui! ! l'Union des Marins de Lorraine a sa raison d'être.

Par ce message, je profite pour remercier les Présidents des AMMAC qui nous reçoivent, sans oublier les personnalités politiques qui nous assistent, ainsi que les Maires des Communes qui nous reçoivent en mettant à notre disposition leurs installations.

Je terminerai ce petit mot en souhaitant, à l'occasion de la nouvelle année qui s'approche à grands pas, à tous les Membres de l'U.M.L., à leurs Parents et Amis, une bonne et heureuse année. Que l'année 2007 leur apporte la joie dans leurs foyers, ainsi que la santé."

René KLARES

Pour nos Amis " internautes "

Notre Ami de STIRING WENDEL, Marcel NAROZNY, vous invite à aller surfer sur son site. qu'il a installé sur INTERNET.

Amicale des Anciens de la Marine STIRING-WENDEL

Cliquer : http://marinestiring.com

Une belle musIque, des aquarelles, des photos et même une vidéo vous attendent et n'oubliez pas de visionner et même de participer à la page "Sacs Marins".

Déductibilité des cotisations aux Mutuelles (Dossier d'ACTUALITÉ RETRAITE)

Le Député de la Moselle Denis JACQUAT, dont on connaît les nombreuses initiatives faveur des retraités et des personnes âgées a déposé récemment une proposition de loi, ant à rendre déductibles du revenu imposable les cotisations d'assurances nplémentaires santé pour les retraités.

Dans son exposé des motifs, il déclare: "La santé est un domaine qui concerne chacun de nous, sans discrimination. Avec la réforme du système de santé et d'assurance maladie, les assurances complémentaires santé vont être appelées à occuper une place de plus plus importante".

Pour les salariés, les cotisations pour ces assurances sont déductibles du revenu imposable, lorsque ces salariés sont affiliés, à titre obligatoire seulement, à un régime de prévoyance complémentaire.

Mais pour les retraités, ces cotisations ne sont pas déductibles, ce qui apparaît particulièrement injuste aux yeux de bon nombre de personnes.

En effet, la retraite est très souvent la période de la vie où les problèmes de santé sont le plus souvent ressentis, et où ils sont aussi le plus coüteux. L'assurance complémentaire santé est alors une nécessité, même si, sur le plan des textes, elle n'est que facultative.

De plus, le montant des cotisations d'assurance complémentaire augmente avec l'âge, la probabilité de développer des maladies et d'avoir recours à des soins augmente néssairement quand on vieillit. Des exemples montrent que ce montant peut quasiment doubler en moins de 10 ans.

Aussi, le fait de pouvoir déduire ces cotisations des revenus de retraite permettrait de limiter ce surcoüt. Au final, le pouvoir d'achat des retraités en serait renforcé, ce qui aurait effet bénéfique sur l'économie française.

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des suites que nos parlementaires donneront à ce projet de loi.

Guy DONNET

Disparition d'un Marin

Nous avons appris le 4 septembre 2006, la disparition, à l'âge de 82 ans de Monsieur Christian MAURICE, membre influent de l'Association des Anciens Poilus d'Orient, TOE et AFN et de nombreuses Amicales d'Anciens Combattants.

Ses obsèques ont été célébrées le 6 septembre en l'église de Champigneulles.

Sa carrière d'Ancien Combattant qui a débuté dans la Marine en 1942 l'a amené, après le sabordage de Toulon, à s'évader plusieurs fois, avant de rejoindre les Forces Navales Françaises Libres le 1er avril 1943.

Affecté sur une Corvette anglaise pendant 18 mois, il a participé à la protection des convois.

Après la Libération il se retrouve à l'Arsenal de Houilles où il est démobilisé le 30 novembre 1945.

Ses Amis Marins n'oublierons pas son amitié envers son prochain, sa vitalité et les nombreuses activités auxquelles il participait.

Ils présentent à sa famille leurs sincères condoléances

La Marine Française lance à TOULON, le 24 novembre 1859, le premier cuirassé du monde

Le lancement de La Gloire consacre le triomphe des idées novatrices du directeur des Constructions Navales, Monsieur Henri Dupuy de Lôme.

Il aura fallu dix années à cet ingénieur, pour faire aboutir son projet de navire blindé.

C'est l'affaire de Kinburn (1), qui a levé les dernières hésitations, Dupuy de Lôme bénéficiant alors du soutien de Napoléon III. La Gloire est une frégate cuirassée à coque en bois, où le poids d'un blindage de 840 tonnes est compensé par la suppression de la batterie supérieure.

Malgré une puissance de feu limitée à une seule batterie, d'où le nom de frégate, le nouveau bâtiment déclasse tous les vaisseaux de ligne existants. Cinq autres sont déjà en commande pour la Marine: les frégates Normandie, Invincible, Solférino et Magenta, la Couronne devant avoir une coque en fer.

La riposte britannique n'a pas tardée et dès cette année, l'Amirauté a passé commande de deux frégates cuirassées bénéficiant de l'avance de la sidérurgie anglaise, entièrement en fer et plus grande que la Gloire. Le blindage ne couvre que la moitié de la coque, d'ou un cloisonnement serré aux extrémités.

Pour une longueur de 78 m et une largeur de 17 m, la Gloire offie un déplacement de 5600 t. Sa ceinture de fer doux recuit a une épaisseur de 10 à 12 cm. Elle s'élève à 5,40 m au dessus de la flottaison et descend à 2 m au dessous. La suppression de la batterie supérieure limite certes son artillerie à trente six pièces de 30, mais sa machine de 900 ch doit lui permettre de dépasser la vitesse de 13 nœuds.

La Gloire a conservé une voilure auxiliaire pour appuyer le navire par gros temps ou pallier une éventuelle avarie de machine. Il s'agit donc d'un navire de transition, mais qui marque sans conteste, un tournant décisif dans l'histoire de la construction navale.

Informations issues du livre " Chronique du Charles de Gaulle "

(1) Forteresse située dans les environs de Sébastopol, à l'embouchure du Dniepr, qui se jette dans la Mer Noire

- Guerre de Corée, 56ème anniversaire du Débarquement d'Inchon

 Marins oubliés dans une Guerre oubliée ...
Le Débarquement d'INCHON, Corée : 15 Septembre 1950 

Les Français étaient intégrés à un formidable dispositif ...

... ils y tinrent leur place avec compétence et fiabilité. 

Par: Léon C. Rochotte (Escorteur La Grandière F731, 1950)

 Rappel de la situation militaire:

À l'aube du 25 Juin 1950, les troupes Nord-Coréennes puissamment armées de matériel lourd d'origine soviétique, déferlèrent sans préavis sur le sol du Sud, balayant tout sur leur passage et conquirent Séoul rapidement. Traitant par des ricanements la résolution des Nations Unies prise en toute hâte qui exigeait la cessation immédiate des combats, le Nord accentua au contraire son attaque des deux côtés de la chaîne de montagnes qui sert d'épine dorsale à la Corée. Les États-Unis répondirent les premiers à l'appel de l'ONU bientôt suivis de leurs alliés, pour aller soutenir les maigres défenses de la Corée du Sud. Les premières troupes débarquées "Task Force Smith" se firent violemment prendre à parti par les Nord-Coréens et subirent d'horribles pertes, mais leur résistance acharnée permit au reste de la 24ème Division US venue du Japon et aux premiers contingents de la 8ème Armée d'arriver. Dès les premiers jours d'août, les côtes coréennes faisaient l'objet d'un blocus naval total et les Forces aériennes combinées d'Extrême-Orient avaient déjà effectuées plus de 10.000 missions de bombardement en soutien de l'action des troupes américano-coréennes et de leurs alliés des Nations Unies. Les Nord-Coréens furent enfin contenus sur la rivière Nakton, au Nord et à l'Ouest de Pusan. Les troupes de l'ONU ne seraient pas rejetées à la mer.

Ne voulant pas se résigner à rester très longtemps le souffre-douleur de cette jubilante bande de Nord-Coréens, le Général Douglas Mc Arthur réfléchissait à une opération (très risquée...) destinée à frapper les Communistes en plein milieu de leur dispositif...l'opération CHROMITE.

___________________________

L'escorteur de 2ème classe LA GRANDIÈRE F731, dont le commandant était le CF Urbain E. Cabanié, prélevé sur les Forces Maritimes d'Extrême Orient en Indochine, était arrivé dans les eaux coréennes depuis le 29 juillet 1950 et avait été immédiatement affecté à des missions d'escorte de convois entre Sasebo (Japon) et le port de Pusan à la pointe Sud de la Corée.

Jusqu'au 3 septembre, nous avions assuré la protection de convois transportant inlassablement troupes et matériels, sans incidents autres qu'une menace soumarine et quelques dommages au navire causés par le très mauvais temps, dommages réparés rapidement dans les chantiers navals de Sasebo.

Or, dès le 4 Août, le Général Douglas Mac Arthur, commandant en chef l'ensemble des Forces des Nations Unies en Corée, avait commencé à tenir toute une série de réunions pour exposer ses projets d'attaque combinée avec une force amphibie loin derrière la ligne de front et destinée à couper les lignes de communication et de ravitaillement de l'adversaire, afin de soulager la pression de l'ennemi sur le réduit de Pusan (Pusan Perimeter) puis de passer à la contre-offensive. C'est ainsi qu' était né le fameux "Plan 100" qui devait prendre par la suite le nom de code de "CHROMITE".

L'amiral Arthur Strubble, Commandant en Chef de la 7ème Flotte US reçut le haut commandement de l'opération amphibie. Les forces navales étaient constituées de 230 navires de guerre dans lesquels figuraient des unités de la Royal Navy, des Marines Royales Australienne, Canadienne, Néo-Zélandaise et, donc, le LA GRANDIÈRE, seule contribution française. Le plus gros bâtiment engagé était le USS MISSOURI BB 63 (The Mighty Mo), un bâtiment de ligne de la classe IOWA de quelque 45.000 tonnes, armé de neuf canons de 406mm (19 pouces) en trois tourelles, capables de tirer des obus de 1,2 tonne à plus de 20 nautiques. Ces forces étaient organisées en plusieurs groupes, dont le groupe des escorteurs auquel appartenait le LA GRANDIÈRE composé de frégates et de corvettes de différents pays, placé sous le commandement du CV J.H. UNWIN RN, commandant du HMS MOUNTS BAY F627. Le MOUNTS BAY était arrivé dans les eaux coréennes le 10 août et avait passé tout le reste du mois tant en missions d'escorte avec le LA GRANDIÈRE et les autres frégates, qu'en missions de postes à feu sur le littoral en compagnie des HMCS ATHABASCAN, CYUGA et HMAS BATAAN.

Les forces de débarquement avaient été placées sous le commandement du Général de division Edward Almond US Army. Baptisées "X Corp" (X, comme x-ray), elles comprenaient les 1er et 5ème Marines Corps et la 7ème Division US, soit 70.000 hommes.

 Le 5 septembre, le gros des forces d'invasion appareilla de Yokohama et fit route pour rejoindre son escorte et d'autres unités au large de Pusan. Le typhon "Kexia" déferla sur les premiers éléments de l'escadre avec des vents soufflant à 200 km heure, engendrant des vagues hautes comme des montagnes et créant de grosses difficultés de navigation. Bateaux et équipements subirent des dommages importants. Le mal de mer sévissait chez les hommes et les équipages.

Le 8 septembre 1950 le LA GRANDIÈRE qui était CTU.90.04.3 rejoignit la Force d'Attaque 90.42 avec trois dragueurs de mines: USS PARTRIDGE AMS31, OSPREY AMS28 et MOCKING BIRD AMS27. Dans le convoi placé sous notre protection se trouvaient aussi des bateaux du "Pontoon Movement Unit": les remorqueurs YTB406 et YN101, plus trois remorqueurs océaniques ARIKARA AMS28, LIPAN et CREE ATF84 avec leurs éléments de quais flottants. Notre groupe fut le premier à quitter Sasebo à petite vitesse en vue d'arriver au large d'Inchon dans la nuit du 14 au 15 septembre. En route, nous fûmes dépassés par d'autres groupes qui avaient à se positionner avant le débarquement.

Les raids aériens préliminaires sur Inchon sa zone de débarquement et leurs environs commencèrent sérieusement le 10, tandis que le reste des convois appareillait de Kobé le 11 avec le bateau de commandement USS MOUNT McKINLEY AGC7 ayant le Général Mac Arthur à son bord..

 Le MOUNTS BAY appareilla de Pusan le 11 pour rejoindre le gros des forces d'invasion au large de Kyushu et prendre sa mission d'escorte en compagnie des HMS WHITESAND BAY F633, MORECAMBE BAY F624, HMNZS PUKAKI F517 et TUTIRA F424, plus les USS BAYONNE, NEWPORT et EVANSVILLE. Le groupe rejoignit le LA GRANDIÈRE et son convoi. La mer et le vent s'étaient quelque peu calmés, permettant une traversée plus confortable. Le 13 septembre à 17h 03, l'équipe des détecteurs de l'ASDIC du MOUNTS BAY indiquèrent un écho de possible sous-marin et une attaque à la grenade soumarine fut entreprise. Un paquet de grenade fut largué par les britanniques sans résultat discernable. La recherche ne permit pas de reprendre le contact et ils abandonnèrent l'attaque.

13 Septembre 1950 : D Day -2 Les bombardements navals et aériens augmentent en intensité. Le TG 90.6 met le cap sur Inchon tôt le matin. L' USS ROCHESTER CA124 rejoint la formation.

Les destroyers américains se mettent en ligne de file conduits par l'USS MANSFIELD DD728 et remontent le chenal du "Poisson Volant" vers Inchon. Le chenal est miné. le MANSFIELD aperçoit 12 mines par son travers babord à 1.000 mètres et ouvre le feu avec ses armes de petit calibre. Le MANSFIELD remonte la rivière Salee en compagnie des USS DE HAVEN et SWENSON et ils rentrent dans le port. Ils se mettent en position de tir et ouvrent le feu sur des objectifs pré-reconnus, essentiellement des emplacements de batteries.

Tout au long de la rivière Salee vers le Sud les croiseurs USS SOUTHERLAND, GURKE, HENDERSON, TOLEDO et HMS JAMAICA, KENYA sont à leurs postes à feu en train de canonner leurs objectifs dans les environs d'Inchon. L'après midi, les destroyers américains rebroussent chemin et sortent du port à toute vitesse sous le feu des batteries défensives de l'île de Wolmi Do ripostant sans subir de dommages exceptés le SWENSON qui aura un tué et le COLLETT qui subit des avaries de coque.

Le MANSFIELD comptera 25 gerbes d'obus à proximité dont cinq très près du bord.

Les destroyers rejoignent ensuite le TG 90.6 et se mettent en formation d'écran A/S en vue de protèger le gros de la force d'invasion qui arrive dans les approches d'Inchon.

14 Septembre 1950 : D Day -1 : Le matin, des éléments du TG 90.6 se forment en colonne et remontent à nouveau le chenal du Poisson Volant vers Inchon. Le MANSFIELD est en tête de la ligne des destroyers. Vers midi, les croiseurs canonnent la zone d'Inchon. L'aviation attaque Wolmi Do. Le MANSFIELD et les destroyers sont à leurs positions assignées pour bombardement d'objectifs pré-identifiés dans la banlieue proche au Nord-Est d'Inchon. Puis, comme la veille, les destroyers s'en retournent rejoindre le TG 90.6 et reprennent leur place dans l'écran A/S.

  "D DAY" ! - 15 Septembre 1950 : À 0h 00, par une nuit noire de nouvelle lune, le LA GRANDIÈRE et son convoi arrive au large des îles Clifford. Nous progressons en remontant tout le chenal du Poisson Volant qui mène à Inchon. Le chenal est étroit et soumis à des courants violents, les dragueurs sont passés devant et se frayent un chemin entre les groupes d'ilôts. Une grande quantité de navires de guerre participent à l'opération dans ces conditions précaires. Il n'y aura aucun accident. Progressant dans la rivière Salee, nous sommes dépassés par le groupe familier TE 90.67 comprenant les MANSFIELD, DE HAVEN, SWENSON, HENDERSON et GURKE. L'USS SOUTHERLAND DDR743 se joint à la colonne pour remplacer le COLLETT.

 À 5h 20, la Force d'Assaut pénètre dans les passes d'Inchon et le bombardement final préludant au débarquement commence. Chenalant dans la rivière Salee avant l'aube, le LA GRANDIÈRE et son convoi arrive en vue de Wolmi Do où les MARINES se préparent à débarquer. La couverture d'artillerie est donnée par l'ensemble des bateaux, d'abord par les destroyers puis par les croiseurs et enfin par les navires de ligne tirant depuis le large... Les avions d'assaut en majorité Corsair AU1 et F4U, décollent des porte avions. Avec notre convoi nous passons devant les LSM's(R) qui tirent par dessus nous des volées de rockets sur les plages d'Inchon... Quel feu d'artifice... L'enfer au bout...

 À 6h30 les Américains du 3ème Bataillon du 5ème Marines Corp débarquent les premiers sur l'île escarpée de Wolmi Do (nom de code Green Beach). Ils sont munis d'échelles en aluminium spécialement conçues... En une heure et trente minutes ils viennent à bout des défenseurs. L'île de So-Wolmi Do est reliée par une jetée à l'extrèmité sud de Wolmi Do. L'USS SOUTHERLAND assure la couverture de feu au Sud de So-Wolmi Do. Nous sommes à nouveau dépassés par les destroyers qui tirent des salves sans arrêt pour couvrir les opérations en cours à Green Beach et à Red Beach au Nord : le MANSFIELD qui prend position près de l'ilôt de Chogyak-To, le DE HAVEN et le SWENSON. Nos vaillants remorqueurs et leurs éléments de quais flottants peuvent alors prendre leur place dans le dispositif...

 À 06h35 la première vague d'assaut débarque à Wolmi Do. À 06 47 la deuxième vague arrive sur la plage de débarquement, et à 06 51 la troisième. À 07h09 Wolmi Do et So-Wolmi Do sont réputées sous contrôle. Avec ces deux îles conquises devant le port, la force principale d'assaut se préparait à débarquer à Inchon même, mais compte tenu de la hauteur de marée, les conditions n'étaient pas encore favorables. À 17h30 à marée haute l'assaut principal fut mené sur Red Beach au Nord et Blue Beach au Sud d'Inchon. En moins de 24 heures, la zone de débarquement était conquise et la poussée vers l'interieur des terres avait commencé.

 

Pendant ce temps, sa mission d'escorte du Pontoon Movement Unit ayant été parfaitement accomplie, le LA GRANDIÈRE avait redescendu le chenal du Poisson Volant et remonté tout le dispositif pour rejoindre la zone de patrouille qui lui avait été assignée au Nord de l'île de Cheoul. Nous y retrouvâmes notre compagnon britannique MOUNTS BAY. Le CV UNWIN avait reçu la mission de former avec son groupe, le Fourth Frigate Squadron Commonwealth (F4), un écran de protection externe d'environ 50 nautiques de long sur 40 nautiques au sud des passes d'Inchon. La tâche de l'écran (outer screening group) était de s'opposer à toute interférence de l'extérieur avec la zone de débarquement de la part de:

  • a) navires ennemis,
  • b) bateaux suicide,
  • c) nageurs de combat,
  • d) mines flottantes,

d'empêcher tout mouvement ennemi entre les îles et le continent et entre les îles elles-même, ainsi que de secourir les équipages des avions abattus.

 Sous commandement du CV UNWIN on retrouva donc le MOUNTS BAY et son inséparable LA GRANDIÈRE, le WHITESAND BAY et le MORECAMBE BAY, avec les néozélandais TUTIRA et PUKAKI. La participation US dans cet ensemble était assurée par les USS BAYONNE, NEWPORT et EVANSVILLE, corvettes de la classe "Ashville". Notre groupe, auquel s'était adjoint plusieurs dragueurs de mines US et ROK (Republic of Korea), allait avoir fort à faire avec le problème des mines de fabrication soviétique, mouillées en grand nombre dans les courants par les Forces Nord-Coréennes. Mais ce n'était pas le seul problème...

 Le Vendredi 19 septembre à 16h30, l'ASDIC du MOUNTS BAY eut un contact d'un possible sous-marin position 36°56'6" Nord, 126°06' Ouest. Le MOUNTS BAY commença son attaque à 17h05 larguant tout un paquet de grenades, chacune contenant 180 kg d'explosif "amatol". Dans les environs se trouvait le bâtiment de ligne MISSOURI qui demanda par signaux lumineux (le silence radio total était prescrit depuis le 10 septembre) pourquoi un grand guidon noir flottait à la grand vergue. Le cuirassé fut averti d'une possible menace soumarine: immédiatement il carillonna à ses salles des machines un en "avant toute", et à grande vitesse la poupe du MISSOURI disparut rapidement derrière l'horizon... Après cette première attaque aucun résultat apparent ne fut relevé mais le contact ASDIC n'avait pas été perdu et une deuxième attaque fut décidée. À 17h 15 une volée de 24 bombes AS fut tirée du "hérisson" (hedgehog) du MOUNTS BAY, mais encore une fois on ne releva aucun résultat vraiment concluant. Le "hérisson" est une arme de lancement vers l'avant du bateau comprenant 24 projectiles contenant chacun 15 kg d'explosif "torpex", disposés sur une sorte de mortier principal et se tirant ensemble. Est-ce qu'une de ces bombes a pu trouver son objectif ce jour là, personne n'en fut jamais certain. Bien que quelques traces aient été observées dans la mer après cette deuxième attaque, aucune épave indiquant un coup au but fatal ne fut recueillie. Des recherches menées par les équipes ASDIC dans toute la zone avec l'aide du TUTIRA, du ROWAN et du LA GRANDIÈRE ne permirent pas de rétablir le contact et l'attaque fut arrêtée.

 "Bien plus tard, m'écrivait mon excellent ami Don Giles en 1996, des recherches effectuées auprès des marines Nord-Coréenne et de son alliée Chinoise montrèrent qu'aucune n'avait développé de capacités sous-marines à cette époque, mais que des pays communistes sympathisants en possédaient celà ne fait pas de doute. Maintenant que la Guerre Froide est terminée et qu'il n'y a plus de Rideau de Fer, peut-être nous sera-t-il révèlé un jour s'il y a eu vraiment une activité soumarine dans et aux alentours de la Mer Jaune à cette époque. Les routes de nos bateaux et celle d'un sous-marin "inamical" se sont-elles croisées et si oui, a-t-il pu s'en retourner sans dommage? Repensant à ces évènements après tant d'années, nous espèrons qu'il en fut bien ainsi et que, avec le temps, ils aient pu trouver un mouillage sûr pour y vivre leur vie dans la plénitude de la paix..."

 Mais des signes d'activité ennemie sur la côte avaient été remarquées par les bâtiments de l'écran et des observations plus poussées montrèrent que des éléments de la "In Min Gun" (Armée Populaire Nord-Coréenne) étaient en train de construire des emplacements de batteries retranchées. Le dimanche 23 septembre à 08h55, le MOUNTS BAY quitta l'écran et fit route vers la côte. Il ouvrit le feu à 1.000 mètres, accablant de son tir rapide les ouvrages de campagne ennemis. La première passe de tir dura environ 10 minutes, le navire devant abattre sur babord pour rester en eau profonde. La deuxième passe de tir fut engagée au plus près afin de maximiser les effets du canonnage. Tout à coup, le MOUNTS BAY s'échoua sur un banc de boue, non porté sur ses cartes... Ce qui provoqua un arrêt brutal du navire avec un engagement de la proue sur une vingtaine de mètres de quille dans une épaisse couche gluante! Un "en arrière toute" fut carillonné à la salle des machines et, vibrant de toutes ses membrures, dans le tressautement infernal des apparaux serrés sur la plage arrière, le bateau s'arracha lentement et regagna l'eau profonde. Le bombardement naval, qui avait été un succès, fut abandonné et le MOUNTS BAY reprit sa place dans l'écran. Les dommages sous la flottaison étaient minimes, quelques évents d'eau de mer étaient bouchés, mais le dôme ASDIC était hors d'usage, ce qui n'entamait pas sérieusement les capacités offensives du bateau.

 Le 25 septembre, les forces des Nations Unies étaient sur le point d'investir Séoul et la jonction des Forces avec celles de la 8ème Armée venant du Sud était imminente. Les priorités navales devaient être redéfinies après le succès du débarquement. L'écran de protection fut donc disloqué, le MOUNTS BAY rentrant à Inchon s'amarrer à couple de l'USS WINSTON pour ravitaillement et le LA GRANDIÈRE... restant à la mer avec ses dragueurs!

 Le silence radio fut levé le 26 Septembre 1950.

 Pour sa campagne en Corée, l'Aviso La Grandière a reçu une citation à l'Ordre de l'Armée de Mer et une Citaton Présidentielle Coréenne.

 Remerciements: Don Giles (Mounts Bay 1950), CA Louis Tailhades (La Grandière 1950), Karl Kristiansen (Mansfield), Frank Gregory (CSS, Minewarfare Korea, USN, 1998)

Reproduction autorisée avec mention de toutes les origines. Autres droits réservés.

______________________

INTERNET - Retrouvez la participation française dans cette "Guerre Oubliée" sur le web :

- Site "NETMARINE" : http://www.netmarine.net/forces/operatio/coree/mines01.htm

- "Revue Internationale d'Histoire et de Géostratégie" en ligne - Section Corée : http://www.net4war.com/e-revue/dossiers/index.htm#coree avec l'Histoire du Bataillon Français de l'ONU en Corée et de la 2ème Division US (fondée en 1917 à Bourmont Haute-Marne) à laquelle il était intégré.

- Site "FRANCE-CORÉE" : http://assoc.wanadoo.fr/france-coree/histoire/K-CHROFR.html

(Version presse, Août 2000 - Révision Novembre 2006 pour Union des Marins de Lorraine)

Le destin de l'Officier en Chef des Equipages Alexandre LOFI

Le destin hors du commun de l’Officier en Chef des Equipages Alexandre LOFI

Alexandre LOFI est né le 11 février 1917, jour de la Saint Alexis, à Dutweiller, en Sarre. Son enfance et sa jeunesse se passent dans la petite ville de l’Hôpital (Moselle), située au milieu des chevalements et autres terrils des houillères de Lorraine.

Comme de nombreux Lorrains, il se sent très vite à l’étroit et rêve d’horizons nouveaux et d’aventures.

Après l’école primaire, il décide, à 13 ans, de s’engager dans la Marine, en passant par l’École des Pupilles. Très sportif, il choisit la spécialité de fusilier marin, qui lui permettra de se distinguer.

Quand retentit l’appel du 18 juin, c’est tout naturellement que Lofi prend fait et cause pour une France Libre et rejoint l’Angleterre à bord d’un petit charbonnier. Il quitte ses parents en vaincu, il les reverra en vainqueur.

La France Libre manque alors cruellement de cadres et, à la suite d’un examen, Lofi accroche ses deux galons à parement bleu marine d’officier des équipages. Il participe alors à la préparation, à Douala, du 2ème Bataillon de fusiliers marins.

En 1941, Lofi s’embarque pour le Liban et la Syrie. Il obtient son 3ème galon en 1942. Il parvient à rejoindre l’Angleterre le 6 juin 1943, un an avant le débarquement.

Le 26 mars 1944, le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos est constitué. Lofi est affecté au 4ème commando du lieutenant-colonel Dawson.

Pour le débarquement, Lofi reçoit le commandement de l’une des deux «troops» du commando n°4 et, le 6 juin, il a pour mission de nettoyer les fortins de la plage de Ouistreham. Au cours du débarquement, la barge de Lofi est touchée et disloquée, mais son équipe est indemne.

Un peu plus tard, il aura la lourde tâche de succéder au commandant Kieffer, grièvement blessé et évacué.

Lofi progressera ensuite à travers la France, jusqu’à L’Hôpital, où résident encore ses parents, pour participer à la libération de la ville.

En 1946, le Bataillon est dissous eu Lofi poursuit sa carrière d’officier fusiliers dans diverses affectations, la dernière, comme chef du quartier général et officier régional des sports à la Préfecture de Toulon.

Alexandre Lofi a rendu sa belle âme à Dieu, le 7 mars 1992. Il avait 75 ans. Son engagement et ses nombreux faits d’armes lui ont valu l’attribution de nombreuses décorations parmi lesquelles :

Compagnon de la Libération / Croix de guerre avec palmes / Officier de la Légion d’Honneur / Commandeur de l’Ordre National du Mérite / Military Cross……….

Le texte de l’une des citations illustre bien le parcours de cet être d’exception : «Le capitaine Lofi a conduit ses troupes avec la plus grande hardiesse et un élan peu commun à travers les campagnes de France et de Hollande».

La ville de L’Hôpital lui a dédié une rue et un monument a été édifié en son honneur sur une place du centre ville.

L’Association des Anciens Marins (AMMAC) de Saint Avold porte le nom du Commandant Alexandre LOFI.

La stèle érigée par l’Association, à Saint Avold, à la mémoire des Marins morts pour la France, porte l’inscription «Association de marins de Saint Avold- Commandant Alexandre Lofi» 

Une promotion de l’Ècole de Maistrance a aussi été baptisée «Officier en Chef des équipages Alexandre Lofi»

CV (H) Jacques COSSARUTTO
(Le texte et les photos des monuments nous ont été fournis par Monsieur Martial MICK de l’AMMAC de Saint Avold.)

Nous avons appris la disparition de Monsieur Georges KLEINE de l’AMMAC de SAINT AVOLD et Membre de l’UML, décédé le 24 avril 2006.

Il avait 69 ans et s’était engagé dans la Marine en 1954, où il a exercé la spécialité de mécanicien, qu’il a quitté en 1960 avec le grade de Second Maître.

Nous transmettons à sa famille nos plus sincères condoléances.

 

La légende du bromure...

Textes trouvés dans une édition de la revue « CRAPOUILLOT » qui a repris des sujets édités, pendant la guerre de 1939-1945, par les journaux de l’époque, dont certains étaient plus ou moins conformistes (occupation obligeant).

La légende du bromure

Le bruit court sur le front que l’intendance mélange du bromure au vin de troupe, pour supprimer les désirs sexuels des soldats ; la copie d’une lettre circule à Paris, qu’aurait reçue à ce sujet le Grand Quartier :

Le Commissaire de Police, Chef des Services de Sûreté à Monsieur de Commissaire Central d’Amiens.

Il vient en effet de m’être rapporté , de source absolument certaine que 6 femmes de réservistes du 29ème R.A.D., stationné dans les environs d’Hirson, à la trouée du haut plateau de l(Oise, qui avaient pu aller voir leurs maris à leur cantonnement, la semaine dernière, et passer la nuit avec eux, sont toutes les six rentrées à Amiens, sans qu’aucune d’elles ait trouvé son mari en état de remplir ses devoirs conjugaux.

Deux réservistes casernés à Friant, un sous-officier et un homme appartenant à la compagnie de passage et tous deux âgés de 33 à 38 ans exprimaient, avant-hier, à deux agents de mon service des doléances personnelles de même ordre. Un troisième réserviste, C…. Georges de la caserne de Friant, également disait hier, toujours à un inspecteur de mon service, qu’il n’osait plus partager le lit conjugal, crainte de se voir reprocher une frigidité anormale et d’être taxé d’avoir noué une liaison extra-conjugale.

Enfin, le mardi 10 courant, un réserviste de 25 à 26 ans et taillé en athlète, amenait devant moi, dans l’après-midi, une fille soumise à laquelle il réclamait des honoraires, versés en avance, soit 15 francs, sous le prétexte qu’il n’y avait pas eu usage, à quoi la fille rétorquait en substance : "Ce n’est pas de ma faute, j’ai fait tout le possible pendant deux heures, mais, il n’y a rien eu à faire, et j’estime avoir gagné mon argent………"

La Princesse Marie Bonaparte qui cite cette lettre – peut être douteuse- dans son ouvrage sur les «Mythes de la guerre», note que la même légende a circulé sur le front allemand, aussi bien que dans les troupes sud-africaines....

Poésie sur les Portes-drapeau

DIS-MOI POURQUOI PAPI ? 
Dis-moi pourquoi papi je te vois si souvent
Défiler dans la ville avec tous tes copains,
Vous portez des drapeaux dans la pluie, dans le vent,
Marchant du même pas unis main dans la main ?
                
               Dis-moi pourquoi papi, de l’église au cimetière
Au monument aux morts on entend le clairon,
Vous déposez des fleurs sur des dalles de pierre ?
J’aimerais tout savoir quelle en est la raison ?
Dis-moi pourquoi papi, brillent sur vos poitrines,
Ces médailles colorées que vous portez fièrement ?
Pourquoi vos défilés sont silencieux si dignes ?
Et ce que signifient ces rassemblements ?
  En réponse, mon petit, Notre patrie la France, Pour être grande et forte, compte sur ses enfants Beaucoup d’entre eux sont morts, le cœur plein d’espérance, Pour que vous puissiez vivre en paix tout simplement.   Regarde les passer, respecte leurs emblèmes Car tous ils ont donné, avec le même élan Leur jeunesse, leur sang le meilleur d’eux-mêmes. Sois fier de leur passé, ce sont des combattants.   Car notre boum à nous ce n’était pas la foire, Nous n’avions, comme musique, que la voix du canon, Et tous ceux qui tombaient n’avaient qu’un seul espoir, Eviter à leurs fils de connaître le front.
 Colonel Jacques HEINTZ - A MOUTES en 1983

(Communication Guy DONNET)

L’épopée de DUNKERQUE ( le rembarquement)

Le 28 mai, Blanchard supplie Gord de retarder son décrochage de 24 heures pour permettre de rejoindre aux troupes françaises exténuées (4ème et 5ème corps) qui se sont repliées en combattant de Cambrai à Lille. Le général anglais refuse.

Par suite de la précipitation britannique, la 1ère armée française se trouve coupée en deux. Sa plus importante fraction est cernée dans la région de Lille-Loos-Hambourdin et tente en vain une percée vers le Nord : le général Prioux est fait prisonnier le 29 à son poste de commandement de Stenwercke.

La place de Lille, commandée par le général Molinié, continue la lutte et ne se rendra que le 1er juin en obtenant les honneurs de la guerre.

A Dunkerque, le commandement allié organise le rembarquement que Darlan avait déclaré à Reynaud totalement impraticable et qui réussira au delà de toute espérance. Pour masquer l’opération, les alliés se partagent les secteurs autour du port, les Français tenant de Gravelines à Bergues, les Anglais de Bergues à Nieuport.

Feignant d’ignorer que les navires ont été mis en commun, Gort fait d’abord embarquer uniquement les troupes anglaises : »nous sommes en présence d’un mauvais camarade de combat ! » déplore le colonel de Bardies. Mais Londres alerté, désapprouve son général et ordonne que désormais, soldats anglais et français seront embarqués en quantité égales.

Pendant quatre longues journées, des troupes françaises sacrifiées repoussent les attaques ennemies autour de la tête de pont, tandis que la marine et l’aviation britanniques font un prodigieux effort pour sauver leur corps expéditionnaire t les restes de notre 1ère armée.

Trois cents bâtiments français coopèrent à l’opération dont beaucoup seront coulés. Notre 2ème flottille de torpilleurs est entièrement détruite, y compris le célèbre Sirocco.

La R.A.F. tient tête à la Luftwaffe avec un cran extraordinaire et pour la première fois, s’emploie à fond. La chasse anglaise déchaînée abat officiellement 603 avions allemands, n’en perdant elle-même que 130.

L’intense effort que lui demandait Weygand, pour gagner la bataille du Nord et ressouder les deux tronçons de ses armées, l’aviation britannique ne l’a consenti, sur l’ordre de ses chefs, que pour sauver, avec un profond esprit de sacrifice, son corps expéditionnaire en détresse.

Le général Gort s’embarque le 30 mai, le général Blanchard le 1er juin, le général Alexander le 2 juin à midi avec le dernier soldat anglais. Restent encore à Dunkerque, 40000 soldats français. L’amiral Abrial ne se retirera que le 4 juin, jour où les Allemands s’empareront de la ville.

210000 Anglais et 120000 Français ont pu être rembarqués et dirigés sur les ports britanniques.

Le 4 juin, Winston Churchill, relatant les péripéties tragiques du rembarquement de Dunkerque s’écrie : « L’Empire britannique et la république Française, unis dans la même cause défendront leur sol natal jusqu’à la mort, s’aidant fraternellement jusqu’à l’extrême limite de leurs forces… ».

 

L’appel du général de Gaulle (18 juin)

Après la démission de Paul Reynaud, le général de Gaulle, que les débats avaient suffisamment édifié, jugea que tout était perdu et gagna Londres. N’ayant pas reçu d’ordre de mission régulier, il ne put monter que par ruse, le matin du 18, dans l’avion du général Spears, agent de liaison du gouvernement britannique.

Dès le soir du 18, il adressait au public français son premier appel à la radio :

« les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises ont formé un Gouvernement. Ce Gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs, au point de les amener, là où ils en sont aujourd’hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? NON.

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dit que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent donner un jour la victoire. Car La France n’est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites, l’immense industrie des Etats Unis.

Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays ? Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il n’y ait dans l’univers tous les moyens nécessaires pour écraser, un jour, nos ennemis

Foudroyés aujourd’hui parla force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoique qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».

Cette intervention n’eut pas sur le moment le retentissement qu’on serait porté à lui supposer aujourd’hui. Des millions de Français erraient sur les routes et peu de gens avaient l’habitude de capter les ondes anglaises.

Tony Révillon qui, à Bordeaux, était un des plus acharnés à s’opposer à l’armistice et recherchait constamment ce qui pouvait conforter ses fragiles espérances, note dans ses carnets :

« Les événements importants passent souvent inaperçus. Je n’entendis pas les paroles du général de Gaulle à la radio, et le 18 et le 19 juin, personne ne me parla de cet admirable discours.

Le général de Gaulle n’était qu’un général de brigade à titre temporaire. Il n’avait été que, durant quelques jours, sous-secrétaire d’Etat. Il était peu connu. L’attention se portait sur les grands politiques et sur les grands chefs militaires qui s’agitaient à Bordeaux. ?…Je n’écrirai pour la première fois, sur mon carnet, le nom du général de Gaulle que le 25 juin à Casablanca….. »

Le 19, un second appel s’envolait de la B.B.C. . Le Gouvernement Pétain réagit et un communiqué Havas annonça, le soir même que le général de Gaulle, ayant cessé d’être membre du Gouvernement, n’était pas autorisé à faire des déclarations aux Français et qu’ordre lui était donné de rentrer immédiatement en France, pour s’y mettre à la disposition de l’autorité militaire. La position prise par le « général de Londres » suscita de nombreux censeurs, au premier rang desquels nous trouvons les futurs ‘jusqu’au-boutistes’ du Parti communiste.

Dans la feuille Le Travail, qui paraissait à Genève, sous la direction d’un responsable affidé (1) du Komintern, Léon Nicole, on pouvait lire le 23 juin : Mardi soir, le général de Gaulle, qui fut chef du Cabinet militaire de Paul Reynaud, jugea utile de prononcer, à la radio anglaise, à Londres, une sorte d’appel à la résistance contre les décisions prises par le Gouvernement du maréchal Pétain en faveur de la paix.(1) Adjectif soulignant la volonté de faire du mal

On s’est étonné, à bon droit, de l’initiative du Chef de Cabinet de Paul Reynaud. Que faisait-il en Angleterre, et pourquoi n’était-il pas demeuré à son poste de combat en France ? Que fallait-il penser, d’une part, de l’acte d’indiscipline du général de Gaulle, consistant à contrecarrer la politique du gouvernement responsable et l’autorité de son chef, le maréchal Pétain ? La réponse est venue jeudi matin par la radio française : le général de Gaulle est fermement rappelé à ses devoirs, son acte d’indiscipline a été qualifié comme il le devait et l’indiscipliné est invité à reprendre immédiatement son poste en France où il aura des comptes à rendre

Le général de Gaulle reviendra-t-il en France ? La question peut se poser : en attendant, on nous permettra de souligner que c’est encore une manœuvre anglaise qui vient d’échouer. Le général de Gaulle ne peut parler à la radio anglaise qu’avec l’assentiment du Gouvernement Churchill. C’est contre le gouvernement et l’autorité du maréchal Pétain que voulut agir le gouvernement Churchill en incitant un général français à l’indiscipline et à la désobéissance….. On conçoit, dans ces conditions que les rapports franco-anglais s’éloignent de plus en plus de l’entente parfaite dont on nous a tant rebattu les oreilles….

Le drame de Mers-El-Kébir

La seule consigne absolue donnée aux plénipotentiaires de l’armistice avait été de refuser la livraison de la flotte. Toutefois, les clauses de la convention n’avaient pas rassuré les Anglais, qui leur supposaient des additifs secrets et toutes les assurances prodiguées par les amiraux Darlan et Auphan n’étaient pas de nature à leur inspirer confiance. Or Hitler, qui désirait traiter avec Londres, n’avait pas exigé la reddition de la flotte pour ne pas alarmer l’Angleterre, par un accroissement considérable de sa puissance navale. D’autre part, Darlan ne voulait, à aucun prix, livrer ses vaisseaux, qu’il considérait comme le gage politique sur lequel il entendait construire sa carrière politique.

Les conventions d’armistice précisaient que :

« La flotte française resterait propriété de la France, sous pavillon français, qu’une petite partie de cette flotte demeurerait en état d’armement pour l’Empire colonial français, que le reste, c’est-à-dire la majeure partie, serait désarmée dans les ports de base des bâtiments, avec des équipages de garde français et sous pavillon français ; qu’en outre, le Reich prendrait l(rengagement solennel de ne jamais faire servir ou tenter de faire servir la flotte française à des opérations d’hostilité contre nos anciens alliés. »

A ce sujet, le Maréchal avait déclaré, le 22 juin 1940 à l’ambassadeur Ronald Campbell : « Votre Gouvernement n’a rien à craindre. Nous espérons que la flotte française pourra se rendre dans les ports africains, Mers-El-Kébir, Casablanca, Dakar. En tout cas, les Allemands n’y toucheront pas. Elle se saborderait plutôt. »

Le Secrétaire des Affaires Etrangères, Charles Roux, avait demandé, après la signature de l’armistice, que le désarmement des navires de guerre se fit, non dans les ports de la métropole, comme Brest, Cherbourg, Lorient et Toulon, mais dans les ports d’Afrique du Nord ou d’A.O.F. . Hitler n’avait pas positivement refusé.

Dans son discours du 26 juin, Pétain pouvait déclarer :  « Du moins, notre honneur est sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. »

Mais, dans sa réponse, de Gaulle s’inscrivait en faux contre cette affirmation, s’écriait : « Cet armistice est déshonorant ; les deux tiers du territoire livrés à l’occupation de l’ennemi et quel ennemi ! Notre armée, toute entière démobilisée. Nos officiers, nos soldats prisonniers, maintenus en captivité. Notre flotte, nos avions, nos chars, nos armes à livrer intacts pour que l’adversaire puisse s’en servir contre nos propres alliés ! »

On sait, aujourd’hui que le 24 juin, surlendemain de l’armistice, Darlan, par un certain plan 13, ordonnait : « des précautions secrètes de sabordage doivent être prises pour empêcher que l’ennemi ou l’étranger s’emparant d’un bâtiment, puisse s’en servir. » Il ajoutait que si la commission d’armistice donnait une nouvelle interprétation aux clauses navales « les navires de guerre seraient sans nouvel ordre, soit conduits aux Etats-Unis, soit sabordés, s’ils ne pouvait être fait autrement pour les soustraire à l’ennemi. »

En fait, Anglais et Américains n’avaient aucune confiance dans la parole que Hitler avait donnée de ne pas s’emparer de la flotte française : « Demandez plutôt à une demi-douzaine de pays, ce qu’ils pensent de ces assurances solennelles ! », s’écriait Churchill le 25 juin ; et l’Américain Summer Welles l’appuyait en déclarant à l’ambassadeur français que l’armistice « manifestement jetait la flotte entière directement dans les mains des Allemands. »

C’est cet affolement des anglo-saxons, au sujet des destinées possibles de la flotte française qui provoqua le drame de Mers-El-Kébir.

L’Escadre mouillée à Mers-El-Kébir, sous les ordres du vice-amiral Gensoul, commandant en chef de la flotte de l’Atlantique, comprenait deux cuirassés de 26000 tonnes, le Dunkerque et le Strasbourg, deux cuirassés d’un modèle anciens, le Provence et le Bretagne, le porte-avions Commandant Teste et les contre-torpilleurs Mogador, Volta, terrible, Lynx, Tigre et Kersaint.

L’ultimatum anglais fut apporté le 3 juillet, à 7 heures du matin, par le commandant Holland, ancien attaché naval britannique à Paris, à bord du destroyer Foxhound.

Trois propositions étaient formulées par les Anglais :

a)soit rallier la flotte anglaise pour continuer à combattre Allemands et Italiens

b)soit rallier avec équipages réduits et sous contrôle anglais, un port britannique

c)soit appareiller avec équipages réduits et avec les Anglais vers quelques ports comme la Martinique ou tel port des Etats-Unis.

Dans le cas d’un refus, l’amiral Gensoul pouvait encore couler sa flotte dans un délai de 6 heures, faute de quoi la marine anglaise ouvrirait le feu.

A 9 heures 05, le chef de la flotte faisait répondre :

a)en aucun cas, les bâtiments français ne tomberont intacts entre les mains des Allemands ou des Italiens.

b)Etant donné le fond et la forme du véritable ultimatum qui a été remis à l’amiral Gensoul, les bâtiments français se défendront par la force.

Le Commandant Holland, assez embarrassé de sa démarche, avait reconnu de lui-même, que la note de son gouvernement était « assez peu adroite dans le fond et dans la forme. » L’ultimatum expirait théoriquement à 14 heures, mais les pourparlers continuèrent jusqu’à 16 heures 50, sans aboutir. L’amiral Somerville, qui commandait la flotte britannique, ou figuraient le Hood, bâtiment de 42000 tonnes, le Vaillant et le Résolution, armés de pièces de 380 et le porte-avions Ark Royal, ordonna alors que le feu fût ouvert : le Dunkerque est touché, le Bretagne coulé, le Provence s’échoue. Malgré la canonnade, le Strasbourg parvient à sortir du port et à rallier Toulon escorté par les contre-torpilleurs Tigre, Volta et terrible. Son commandant, le capitaine de vaisseau Collinet, fut promu contre-amiral pour cet exploit.

Le rapport de l’amiral Gensoul n’est pas très précis, quand au nombre des victimes : il indique 135 tués pour le Dunkerque, et 37 pour le Mogador, mais reste muet sur le chiffre des pertes du Bretagne. Pertinax parle de 1300 ou 1400 morts. Maurice Martin du Gard, lui, stigmatise « l’assassinat par l’Angleterre » de 977 marins sur le Bretagne et de plus de 150 sur le Dunkerque. Quant à l’amiral anglais, Sir Dudley North, il parlera dans le Times de deux mille victimes.

Le 5 juillet, les bombardements anglais firent encore un raid sur Mers-El-Kébir, mitraillant le pont du cuirassé Dunkerque, que la flotte britannique n’avait pas réussi à couler l’avant-veille, tuant et blessant de nouveau 200 marins. « Ce bombardement, écrit Paul Beaudoin, est un acte de pure cruauté, sans justification militaire. »

Aux obsèques de ses marins, l’amiral Gensoul s’écria :« Vous aviez promis d’obéir à vos chefs pour tout ce qu’ils vous commanderaient pour l’honneur du pavillon et la grandeur des armes de la France. Si aujourd’hui il y une tache sur un pavillon, ce n’est certainement pas sur le nôtre. »

Le 8 juillet, de Gaulle parla de Mers-El-Kébir à la radio de Londres :

« En vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement qui fut à Bordeaux, avait consenti à livrer nos navires à la discrétion de l’ennemi. J’aime mieux savoir, même le Dunkerque, notre beau, notre cher, notre puissant Dunkerque échoué devant Mers-el-Kébir, que de le voir, un jour, monté par des Allemands, bombarder les ports anglais ou bien Alger, Casablanca, Dakar. »

En fait, ce n’est que deux ans après, lors du sabordage de la flotte à Toulon, par suite de la stricte application du plan B de juin 40, que les anglais durent reconnaître la correction de l’Amirauté française :

« Ainsi, la flotte française n’a jamais été livrée en définitive, concluait, une note au Times, l’amiral Sir Dudley North. Ayant eu des unités françaises servant efficacement et loyalement sous mon commandement dans la première partie de cette guerre, je n’ai jamais pensé que telle chose puisse advenir du fait de l’action de notre gouvernement qui ordonna à notre flotte, avec la plus extrême répugnance de faire feu sur ses anciens camarades de combat dans le port d’Oran (Mers-El-Kébir) ; quelques deux mille officiers et marins français furent les victimes innocentes de la duplicité de leurs politiciens. Si cela n’avait pas eu lieu, toute la flotte française aurait pu combattre aujourd’hui à nos cotés. Les amiraux français nous donnèrent leur parole d’honneur qu’en aucune circonstance, leurs vaisseaux ne seraient livrés intacts à l'ennemi. Ils ont tenu parole. »

Mais belles paroles et regrets émus ne ressuscitèrent pas les deux mille victimes de ce tragique ‘malentendu’».

MÉTÉO PREMIÈRE . . . 

Nous sommes le 14 novembre 1854. La guerre de Crimée bat son plein.

À Sébastopol, une tempête effrayante détruit une quarantaine de navires des forces alliées françaises. C'est plus que n'en peut supporter Urbain Le Verrier, directeur de l'observatoire de Paris. L'astronome est persuadé que l'issue de la bataille aurait pu être tout autre

en connaissant l'itinéraire de la bourrasque. Le scientifique demande à rencontrer Napoléon III. Son idée est ambitieuse: mettre en place un réseau d'observation météorologique. L'empereur est conquis.

Deux jours plus tard, face aux membres très éminents de l'Académie des sciences,

Urbain Le Verrier présente la première carte météo de France. Les prémisses de la future Météo-France.

Citation du jour : Si tu te fais des Amis, n’oublie pas les anciens (Erasme 1508)

Citation de BEAUDELAIRE (l’Homme et la Mer) : Homme libre, toujours tu chériras la mer.

Décès du dernier Poilu de la Marine

 L’un des six derniers Soldats de la Première Guerre mondiale, François JAFFRE, est mort le 22 septembre dernier, à l’âge de 105 ans.

Engagé comme Mousse, à 15 ans sur le navire-école « L’ARMORIQUE », il signe, un an plus tard, un engagement pour 10 ans dans la Marine. Il effectue deux campagnes de guerre en Atlantique, comme opérateur radio, à bord de contre-torpilleur chargés de protéger les convois américains.

Après la guerre, il est affecté à ALGER et à BIZERTE, comme chef opérateur de radio, notamment, sur le contre-torpilleur, le plus rapide du monde, à l’époque, le « BOUCLIER ». Il quitte la Marine en 1922 et entame une longue carrière civile.

Benjamin des six survivants de la Grande Guerre, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1996.

( Cols Bleus N° 2802 du 14/10/2006)

Le sort du bateau-musée de Bordeaux le COLBERT, communication de Pierre THOMAS

 

Une journée à bord de la Frégate Lance-Missile (FLM) DUQUESNE, photos de Pierre THOMAS

 
PM Laurent LOUVIOT du BICM de NANCY
et notre Ami Pierre THOMAS
Plage arrière de la FLM DUQUESNE
Ravitaillement à la mer par le VAR

PM Laurent LOUVIOT - CV Arnaud COUSTILLIERE - Pierre THOMAS

 
Le Bulletin "Dans le Sillage des Marins de Lorraine" distribué à nos membres est réalisé par Daniel THIRION, Rédacteur en Chef, aidé des différents auteurs signataires

L'adaptation pour le web est réalisé par Léon ROCHOTTE, webmestre

 

 

. . . . . .Retour table des "Bulletins" . . . . . . . . . . . . . . . . . . Retour page d'Accueil U.M.L.