Bulletin de liaison de l'Union des Marins de Lorraine (version web)
" Dans le sillage des Marins de Lorraine " Février 2008
- Sommaire
- Mot du Président
- Le passage de la Ligne
- Notre site web est en ligne depuis le 11 Novembre 2007
- Le naufrage du LUSITANIA
- Retour sur lattaque qui plongea les USA dans la 2ème guerre mondiale guerre
- Le pompon rouge du marin
- La Marine Nationale dans la guerre de Corée
- Visite des plages du débarquement
- Un ferry pour succéder au porte-hélicoptères Jeanne dArc
- Cérémonie de remise du Fanion aux Stagiaires de la P.M.M. à LONGWY Quelques Photos
Lannée 2007 vient de sachever, et je vous présente mes vux pour vous et vos proches. Que cette année 2008 vous amène joie, bonheur et surtout la santé.
Les Anciens Marins et, plus particulièrement, les adhérents et sympathisants de lUnion des Marins de Lorraine, garderont un bon souvenir des moments qui nous ont rassemblés, commémorations du souvenir et regroupements damitiés.
Avec tristesse, ils ne doivent pas oublier le refus cinglant de la FAMMAC, à la demande dintégration dune Union des Marins de Lorraine et les effets néfastes que la réponse de la FAMMAC a provoqué (abandon de la FAMMAC pour certains et radiations pour dautres).
Cette Union des Marins de Lorraine issue de lAssociation Congrès Marines FAMMAC 2003 a justifié de son existence après le Congrès National de METZ, qui sest déroulé du 30 mai au 2 juin 2003, par la diminution progressive des effectifs dans les AMMAC et surtout par lexistence de plusieurs rassemblements régionaux dAssociations affiliées à la FAMMAC.
La dernière Assemblée Générale de lU.M.L. qui sest tenue à MAXEVILLE, le 29 septembre 2007, a vu lélection dun nouveau bureau, dans lequel, jai accepté la présidence.
Je voudrais remercier mes prédécesseurs , Guy DONNET et René KLARES, maintenant Président Fondateur et Président dHonneur, de leur dévouement et du prestige reconnu de lU.M.L., en Lorraine.
Il reste maintenant à faire vivre cette UNION, ce sera mon premier souhait, avec vous, pour 2008.
Je réitère mes vux pour cette année 2008, pour vous et vos familles , vux de satisfaction et de joie auprès de ceux qui vous sont chers.
Continuons à transmettre nos souvenirs et notre amour envers la Royale, honorons la mémoire de nos Amis disparus.
Bernard OLIVIER![]()
Daniel THIRION vous raconte les moments intenses quil a vécu, lors du passage de la ligne du croiseur « De Grasse » qui effectuait un tour du monde (du 1er mars au 9 octobre 1962) et dont les escales devaient apporter la présence et lamitié de la France.
Cest en quittant les quais de HONOLULU, début mai 1962, que la liste des néophytes (ceux qui navait jamais dépassé léquateur) fut affichée dans les coursives. Bien entendu cet affichage que tous les Membres pouvaient consulter, invitait les Membres déquipages concernés, quils soient matelot ou officier à se préparer à subir les fastes du Baptême de la Ligne.
Le Commandant reçoit les Facteurs
Pour confirmer et éviter que lun des Membres oublie de se faire baptiser, deux Membres de léquipage, des anciens, qui avaient déjà eu loccasion de passer la ligne, et qui étaient déguisés en facteur firent le tour des postes afin de contacter et dinviter chaque candidat au baptême en commençant par les hommes déquipage , les officiers mariniers et ..
Lusage voulait que pour les remercier de leur invitation, les responsables des postes quils visitaient leur servaient un apéro, qui était pour la plupart un quart de vin qui sortait tout droit de la cambuse. Je ne vous dit pas dans quel état nos deux fonctionnaires arrivaient chez le Pacha pour terminer leur tournée et transmettre la liste des néophytes qui devaient participer au baptême de la Ligne.
Cétait , sans aucun doute la seule fois ou le délit divresse était autorisé à bord.
Le 8 mai, alors que nous étions confinés dans nos postes déquipage (le tiers de service étant à son poste de travail et il était prévu que les Membres qui devaient être baptisés seraient remplacés pendant la cérémonie afin quils puissent, eux aussi, passer dans les mains de nos tortionnaires), le commandant arrêta le bâtiment en pleine mer, afin de prendre, virtuellement, à son bord le Curé de la Ligne.
Celui-ci descendit de la mâture par un filin qui était relié à une des tourelles de 127 de la plage avant et fut accueilli par le Commandant.
A cet instant, les néophytes furent réunis sur la plage avant par une cohorte de sauvages armés de lances qui ne se gênaient pas pour piquer les Membres qui nobéissaient pas aux ordres donnés par des officiers de lancienne Royale :
« Avancez », « Reculez », « A babord », « à tribord »
![]()
Le Commandant en compagnie du pilote de la Ligne et du Mage.
![]()
Les sauvages en pleine action
![]()
Quand cet harcèlement fut terminé, nous avons eu droit au discours du Curé de la Ligne
"In Nomine Neptune et Amphitrite et EquatorisFrates Carissime, mes bien chers frères, ouvrez toutes grandes vos oreilles.
Vous prétendez recevoir le baptême, alors que vous êtes tous dhorribles, daffreux et minables néophytes. Vous osez, malgré votre indignité, vous présenter devant les hautes seigneuries de lEmpire Equatorial.
Hélas ! mes frères ! hélas. Avouer votre bassesse, car votre audace est trop grande. Heureusement, le ciel, dans sa mansuétude mansuétudes celis infinitas, comme dit Saint Thomas, le ciel, dis-je vous a accordé des intercesseurs puissants en la personne de ses adeptes chevronnés.
Saluer humblement, infâmes, les glorieux initiés.
Primo, pachatus vester, votre Commandant.
Ensuita, commandantus secondus Jacobus qui vous persécutate quando vos rentrate de terra in retardum.
Fondecavus, caput machine, chef des chafustards et altéros ingenieuros.
Noubliez pas O néophytes mécaniciens que trois fois six pieds font une douzaine et demie de pieds. Totos officiéros supérieuros et inférieuros qui ont déjà été baptisés et tous les vieux de la vieille de ce glorieux navire qui vous ont précédé dans la voie de linitiation."
Certificat de baptème remis à lissue du passage de la Ligne
FLIBUSTIER Tous nos Amis marins ont lu les aventures de Tintin avec le Capitaine HADDOCK. On se rappellera de ses jurons et en particulier « Flibustier de carnaval ». Don vient le nom de Flibustier ? Et bien du hollandais vrijbuiter qui veut dire qui fait du butin librement.
Les flibustiers furent des pirates qui écumèrent la mer des Antilles aux XVII et XVIIIème siècles. Associés pour piller les navires et les côtes des colonies espagnoles dAmérique, ils étaient aussi appelés Frères de la Côte. Les flibustiers français de lîle de la Tortue et anglais de lîle de la Jamaïque embarquaient parfois, comme alliés et auxiliaires, les boucaniers français de lîle de Saint Domingue. Le plus illustre fut Rackham le Rouge, aidé de son fidèle second Diégo le Navarrais.
![]()
Le Site de l'UNION DES MARINS DE LORRAINE sur Internet est en ligne depuis le 11 Novembre 2007
Comme décidé à l'unanimité à la dernière réunion des Membres de l'UML (le 29/09/2007 à Maxéville) notre Union s'est dotée d'un site sur Internet.
Ce site vous attend et il est référencé à l'adresse:
http://assoc.pagespro-orange.fr/france-coree/Mar_Lor/Mar_Lor.htm Merci de recopier cette adresse dans vos "Favoris" .
Tant désiré par notre Ami défunt Pierre THOMAS, qui devait s'en occuper à terme, ce site a été réalisé par Léon ROCHOTTE qui l'héberge actuellement dans une section de son site web personnel et ce, tout le temps qu'il nous faudra pour trouver un successeur à Pierre et le former.
Nous avons décidé de dédier ces pages à la mémoire de Pierre THOMAS Comme pour le bulletin "Dans le Sillage des Marins de Lorraine", notre infatigable rédacteur en chef Daniel THIRION demande à ce que vous lui soumettiez régulièrement des articles ou brèves d'actualités. Vos photos d'évènements seront également les bienvenues. Nous avons besoin de vous pour faire vivre ce site et nous vous en remercions à l'avance.
Retrouvez nos autres Bulletins de liaison "Dans le Sillage des Marins de Lorraine" dans leur version web en cliquant sur notre logo cidessous :
![]()
Récit et croquis sont repris dans la revue LIllustration par Daniel THIRION
Le 7 mai 1915, le paquebot géant anglais « LUSITANIA » portant 1900 personnes à son bord, venant de NEW-YORK, à destination de LIVERPOOL, était arrivé à 8 miles de la côte Sud-Ouest irlandaise, quand, à 2 heures 22 de laprès-midi, il reçut deux torpilles, sans aucun avertissement préalable. Ce croquis dun survivant, M. Olivier P. Bernard, peintre de décors de Covent Garden, montre le début de la catastrophe et les effets de lexplosion . Il avait noté sur lun de ses dessins « Débris jetés à travers ponts », « colonne deau », « périscope du sous-marin à 110 mètres du paquebot ».
Le temps était beau, la mer calme. Mais linclinaison du bâtiment sur tribord entrava la mise à leau des embarcations et rendit les opérations du sauvetage difficiles, malgré le sang-froid de tous, sur le navire.
Dix-huit minutes exactement après lexplosion, le « LUSITANIA » coulait par lavant.
Sept cent soixante survivants seulement purent être sauvés.
De 188 passagers américains, 150 périrent, parmi lesquels M. Alfred G. VANDERBILT, pour sêtre défait de sa ceinture de sauvetage en faveur dune femme.
Une vague dindignation et de douleur remua lAmérique, unifia lâme américaine indécise.
Et voici la fin, notée par M. Olivier P. Bernard. Debout sur le pont tribord à linstant du choc des torpilles, il fut le témoin du drame tout entier, avant de réussir à prendre place dans le dernier canot, que lon voit sur le croquis, séloigner du steamer, dont les quatre cheminées émergent seules, maintenant.
« Il ny eu pas de cris perçants » a dit un survivant.
Cest accompagné dun long gémissement que le transatlantique disparut dans les profondeurs de la mer.
Plus de quarante enfants furent au nombre des victimes. Flottant sur leau, on recueillit lun deux aux bras de sa mère.
Dessin de S. Begg, daprès les indications de M. Thomas K. Turpin
Au moment où le LUSITANIA sabîma dans les flots, tous ceux qui navaient pu trouver de place dans les canots, tentèrent de saccrocher aux épaves flottantes.
Mais ils ne purent sy maintenir jusquà larrivée des secours accourus à lappel de détresse lancé par la T.S.F. du bord, à linstant du torpillage. . .
Lambassade allemande à Washington invoqua quelle avait mis en garde les passagers du Lusitania. Elle consacrait par là, la préméditation. LAllemagne exulta. Elle assimila cet assassinat en masse à une grande victoire navale.
Cétait la faute qui allait, peu après, amener les Etats-Unis à entrer dans la 1ère guerre mondiale.
Retour sur lattaque qui plongea les USA dans la 2ème guerre mondiale Le 7 décembre 1941, au matin, des avions et des sous-marins de poche de la Marine impériale japonaise, sous le commandement de lamiral Chuichi Nagumo, entreprennent lattaque surprise de Pearl Harbor, sans déclaration préalable. A 6 heures du matin, une première vague dattaque de 183 avions est lancée depuis 6 porte-avions nippons. A 7 heures, 53 bateaux et installations portuaires essuient une tempête de feu et de flammes : 21 bâtiments sont détruits ou mis hors de combat. Lattaque entraîne la mort de 2403 marins et laisse 1178 blessés. Le croiseur Arizona explose après quune bombe ait atteint la soute à munitions. On dénombre plus de 1300 morts sur ce mastodonte dacier.
(texte arrangé et photo issus du Journal OUEST France, transmis par Guy DONNET) Qui fabrique encore le pompon rouge que nous avons tous porté avec honneur ?
Ce pompon , que lon surnomme également houppette de marin" est fabriqué dans une passementerie de la Sarthe. En 2007, 30 000 pompons de marins ont été fabriqués par la B.B.A., abréviation de « Borel, Bouvard, Arthaud », société héritière de la tradition française dans la broderie main aux fils dor, dargent et de soie, ornant les tenues de prestige et les drapeaux des armées ou des grands corps dEtat et qui se trouve à La Chartre-sur-le-Loir.
30 000 pompons ! ! !. Serait-ce du à une augmentation des effectifs de la marine nationale ? . Eh bien non ; il sagit dune commande spéciale. En effet, ce porte-bonheur est vendu en cadeau avec le CD anniversaire du Bagad de Lann-Bihoué ..
Sur des machines de type Jacquard, conçues au XIXème siècle et animées par des cartes perforée, sort tout ce que portent nos têtes galonnées, de lamiral au sous-préfet, du général à lofficier des eaux et forêts. Fourragères, épaulettes, liserés, aiguillettes et broderies à la cannetille nont aucun secret pour la cinquantaine de salariés, des femmes en majorité.
A lécart du cliquetis des métiers à tisser, une équipe de passementières brasse des pompons par paquets de 100. Plus que nen a jamais compté la plus grande parade de la marine nationale !, De quoi faire rêver toutes les jeunes filles qui se sont battues pour effleurer le pompon rouge dun jeune marin.
« Ah, si le bonheur se calculait à chaque houppette, depuis le temps quon en fabrique, quest-ce quon serait heureuses » lançait une des passementière et lautre de reprendre : « Pour que ça marche, il faut que le pompon ait fait au moins un voyage sur la tête dun marin ».
Depuis la fin de la conscription, la Marine ne compte aujourdhui plus que 5000 hommes déquipage engagés. Alors, évidemment, on fait moins de pompons rouges, sauf lorsque lindustrie du disque sen mêle.
![]()
Les pompons sont fabriqués par les passementières
La confection dune houppette réglementaire agréée par le Commissariat die la Marine répond à une rigueur toute militaire. Dun diamètre de 8 cm, elle doit peser 14,10 grammes, pas un de plus et précision ultime, mesurer 25 mm de hauteur.
Cest là quinterviennent les passementières qui disent « tondre le pompon », qui à la fin de la journée, ont des marques laissées par les anneaux des paires de ciseaux..
Autrefois, lorsque la Marine Nationale commandait chaque année 60 000 pompons rouges pour les hommes déquipage, les ouvrières travaillaient essentiellement à domicile. Lhiver, le soir, lété, sous larbre du jardin se souvient lune des passementière, ou en regardant la télévision assure une autre.
En effet, pour les 55 ans du célèbre Bagad de Lann-Bihoué, fêté début août 2007, pendant le Festival interceltique de Lorient, le producteur breton, Jacques Bernard a sorti un album au conditionnement très original. Une reproduction métallique du fameux bachi du matelot, avec, en cadeau, ce fameux pompon rouge, qui rend cet ensemble bien authentique.
Cette commande de houppettes, toujours en pure laine rouge antimites, comme à son origine au XIXème siècle, assure lune des passementières, a donné à ce service un élan supplémentaire.
______________________________________
Histoire du "bachi" par Max Ibarlucia (Maistrance 2004/01) (Addition du webmestre 12 février 2008)"J'ai vu que beaucoup parlaient de pompon rouge dans leurs commentaires mais savez vous d'où vient cette histoire de pompon rouge sur le beret du marin?
Voila donc cette anecdote:
L'Impératrice Eugènie était en visite, le 9 Août 1858, sur un navire au port de Brest. Un Matelot, très grand sans doute, en se mettant au garde à vous à son passage se heurta violemment le sommet du crâne au plafond de la coursive. Il saignait et l'Impératrice lui offrit son mouchoir en guise de pansement. Ce mouchoir taché de sang , placé sur sa tête, devint alors, en souvenir de son geste, le pompon rouge du béret de Marin. Il est sensé amortir les chocs à la tête des marins qui se déplacent dans les navires car les plafonds sont très bas.
Belle histoire, non?
Dorenavant, vous saurez pourquoi il y a un pompon rouge sur les bérets de marins..."
![]()
- LA MARINE NATIONALE DANS LA GUERRE DE CORÉE - english version click >
![]()
PROLOGUE:
Le 25 Juin 1950, les Forces du régime totalitaire communiste de Corée du Nord envahissent sans avertissement le terrritoire de la République de Corée du Sud.
Réuni en toute hâte, le Conseil de Sécurité de la toute jeune ORGANISATION des NATIONS UNIES vote, par neuf voix contre zéro, une résolution condamnant l'agression de la Corée du Nord et la sommant de retirer ses troupes. Fort du soutien de la Chine communiste et de l'URSS, le Gouvernement de Corée du Nord traita par des ricanements les objurgations des Nations Unies et ses troupes, bien pourvues en matériel lourd, poursuivirent leur offensive, réduisant en bouillie tout ce qui présentait une résistance organisée. Les NATIONS UNIES demandèrent alors à l'ensemble de ses membres de donner toute l'assistance nécessaire, "such assistance as may be necessary...", à la Corée du Sud afin de l'aider à repousser l'agresseur. Ce furent les États-Unis qui répondirent les premiers, massivement, aidés principalement par des forces venues du Commonwealth britannique et par des navires et contingents envoyés par d'autres Nations Libres et démocratiques.
La FRANCE, fortement engagée en Indochine, ne pouvait fournir qu'une faible participation. Ce fut d'abord l'Escorteur LA GRANDIÈRE, bâtiment de la Marine Nationale appartenant aux Forces Maritimes d'Extrême Orient (F.M.E.O.) qui de Juillet à Décembre 1950, fut intègré aux Forces Navales de l'O.N.U. Un Bataillon de Volontaires venant de toutes les Armes fut ensuite formé. Le BATAILLON FRANÇAIS DE L'O.N.U. (BF/ONU) débarqua à Fusan (Pusan) le 29 Novembre 1950 pour être intègré à la Second (Indianhead) Infantry Division US, dont la particularité est d'avoir été formée en France en 1917, 23rd Regiment, et fut de tous les principaux combats jusqu'à la fin des hostilités.
Cette "Opération de Police" (la guerre ne fut jamais déclarée) mit aux prises plus de cinq millions de Combattants et fit plus de deux millions et demi de morts. Les combats, dont l'intensité et la dureté rappelèrent souvent Verdun, ravagèrent totalement le pays et durèrent jusqu'au 25 Juillet 1953.
Les souffrances du peuple coréen pour prix de sa Liberté, furent immenses...
MINEWARFARE KOREA Guerre des Mines en Corée: Débarquements d'INCHON et de WONSAN Les Français et les Anglais participaient aux opérations ... Par: Léon C. Rochotte, Ingénieur, Retraité.
- Traduit de l'anglais. Article publié dans la revue "MINEWAR NEWS" de l'U.S. Navy, Octobre 1998
- Éditeur: Frank Gregory, N.S.W.C. Panama City, Florida. (Version intégrale Juin 1998)
"Allies provide a unique perspective of naval operations in Korean War" Note de l'Éditeur:
Concernant l'auteur:
Photo Lucien Charron, 1996 (Commémorations, Arc de Triomphe, Paris)
Léon C. Rochotte est rentré dans la Marine Nationale en 1949. Il était matelot radio à bord de l'Escorteur LA GRANDIÈRE (F731), contribution française dans les eaux coréennes de Juillet à Décembre 1950 qui participa aux débarquements d'Inchon et de Wonsan.
LA GRANDIÈRE fut intègré au 4th Frigate Squadron (F4) placé sous commandement britannique pour la durée des opérations.
Rochotte a quitté la Marine en 1956 comme Second Maître de la 15F (Corsairs F4U7). Il est maintenant Ingénieur Méthodes retraité de la Métallurgie, membre du Comité de Direction de l'Association FRANCE CORÉE, et ancien membre du Conseil National de l'Association Nationale des Anciens des Forces Françaises de l'O.N.U. et du Régiment de Corée (A.N.A.F.F. ONU-R.C.). Il est également membre de la British Korean Veterans Association (B.K.V.A.), South London Branch. Il réside à Saint Michel sur Meurthe, Vosges.
Les récits concernant le HMS MOUNTS BAY (F627) sont extraits d'un article de Don Giles "Le HMS MOUNTS BAY dans les eaux coréennes" publié en français par Léon Rochotte dans le Bulletin national de l'ANAFF ONU "Le Piton" de Janvier 1998. Don Giles a servi dans la Royal Navy à bord du MOUNTS BAY de 1949 à 1951 comme matelot breveté. Il est retraité de Royal Fleet Reserve avec le grade de Capitaine de Corvette et a fini sa carrière active dans le civil. Le MOUNTS BAY était le navire de commandement du F4 pendant les opérations de débarquement d'Inchon en Septembre 1950.Cette force était la composante du "groupe écran" TG 90.4, puis du "groupe de dragage de mines" TG 95.6. Plus tard, Giles a servi à bord du HMS CHEERFUL, un dragueur de mines, puis du HMS CONTEST un mouilleur de mines. Il est membre de l'Association Britannique des Vétérans de Corée (B.K.V.A.) et habite Lincoln, Royaume Uni.
L'auteur a demandé pour cet article la collaboration du C.A.(cr) Louis Tailhades (alors Lieutenant de Vaisseau Trans et Conduite du Navire), et d'anciens Marins du bord: Lucien Charron, Gaston Brockly, et Marcel Favry, tous embarqués sur le LA GRANDIÈRE pendant cette période.
(L'auteur assume la responsabilité des opinions, citations, résumés et interprétations exprimés dans cet article)
À bord du FMS LA GRANDIÉRE (F 731)
Le 8 septembre 1950, chaque commandant des bâtiments du F4 fut informé qu'il allait participer incessamment à une opération tenue secrète. Les contacts avec l'extérieur et avec les autres commandants furent interdits et un strict silence radio fut prescrit. Les jours suivants, le commandant du LA GRANDIÈRE, le CF Urbain E. CABANIÉ, reçut ses ordres dans une enveloppe scellée avec instruction de ne la décacheter qu'après l'appareillage prévu pour midi le 10. Après le départ, le commandant pris donc connaissance de ses ordres qui étaient de rallier la Task Force 90, sous commandement du CA Lyman A. Thackrey USN. La TF 90 devait assurer le soutien d'une opération amphibie à Inchon, à quelque 300 kilomètres au Nord Est du port de Pusan dont l'ennemi était alors à moins de 50 kilomètres.
Escorteur LA GRANDIÈRE - 1950
Nous faisions partie, avec d'autres groupes d'attaque, de l'escorte des convois et de la force d'assaut des Marines US, qui devaient se mettre en place pour les opérations amphibies de débarquement.
Du fait que la zone était fortement minée, il y avait avec nous plusieurs dragueurs de mines.
Les différents groupes devaient se mettre en place selon un ordre et un minutage rigoureux: d'abord les dragueurs et la force d'assaut, puis les bâtiments qui devaient assurer l'appui-feu et avaient à se disposer en arcs concentriques tenant compte de la portée de leur artillerie, et enfin, en mer, les porte-avions.
Le LA GRANDIÈRE était CTU 90.04.3 et devait rejoindre la force d'assaut 90.42 avec trois dragueurs l'USS PARTRIDGE (AMS 31), USS OSPREY (AMS 28) et l'USS MOCKING BIRD (AMS 27). Dans le convoi qui nous était confié se trouvait aussi les remorqueurs YTB 406 et YTB 101, ainsi que trois autres remorqueurs océaniques USS ARIKARA (ATF 98), USS LIPAN et USS CREE (ATF 84) avec leurs éléments de quais flottants. Notre groupe fut le premier à quitter Sasebo (Japon). Pendant ce temps d'autres groupes appareillaient de la côte Est du Japon. Nous fûmes bientôt dépassés par ces groupes qui avaient à se positionner avant le débarquement.
Le 11 septembre, nous reçûmes un message nous prévenant de la formation d'un typhon dont le trajet devait suivre la côte Ouest de la Corée, menaçant l'opération en cours. Heureusement, la tempête se détourna et l'opération put se poursuivre. C'est dans la nuit du 14 que notre convoi arriva au large d'Inchon. À minuit dans une nuit noire de nouvelle lune, nous progressions dans le chenal menant à Inchon, tous feux éteints. Le chenal était étroit et soumis à de forts courants. Du fait de la présence de mines, les dragueurs étaient passés devant, frayant leur chemin dans le dédale des îles et ouvrant la voie aux nombreux bâtiments de guerre (230...). Compte tenu du nombre de navires qui prenaient part à l'opération dans ces conditions précaires et dans une aussi petite zone de combat, ce fut une chance qu'il n'y ait aucun accident.
À bord du HMS MOUNTS BAY (F 627)C'est 11 septembre, que la frégate de la Royal Navy MOUNTS BAY appareilla de Pusan pour rejoindre en mer le gros des forces de débarquement au large de la côte Ouest de Kyushu. Notre rôle était d'assumer une mission d'escorte et de protection en compagnie d'autres frégates: HMS WHITESAND BAY (F 633), MORECOMBE BAY (F 624) ainsi que des Néo-Zélandais HMNZS TUTIRA (F517) et PUKAKI (F424). Nous rejoignîmes plus tard le Français FMS LA GRANDIÈRE puis les frégates américaines USS BAYONNE, USS NEWPORT et USS EVANSVILLE. Heureusement la mer et le vent s'étaient calmés, permettant une navigation plus confortable dans la traversée de la Mer Jaune vers notre ultime destination, le Chenal du "Poisson Volant" conduisant à Inchon.
![]()
HMS Mounts Bay - 1951
![]()
HMS Morecombe Bay F624 - 1950
Dès le 13, la cadence et l'intensité des bombardements navals et aériens s'accrut fortement. Vînt s'y ajouter les croiseurs légers HMS JAMAICA et KENYA qui eurent la tâche de détruire cinq batteries côtières de 76mm sur l'île de Wolmi Do, dominant l'entrée du port d'Inchon.
Le CV J.H. UNWIN RN, DSC, commandant du MOUNTS BAY, reçut la responsabilité de constituer un écran extérieur de protection (outer screening group) d'environ 50 nautiques de long sur 40 de large vers le Sud des passes d'Inchon. La mission était d'empêcher toute pénétration ennemie vers la zone de débarquement tant par bateaux, que par embarcations suicides, nageurs de combat, mines flottantes, et de prévenir tout mouvement de l'ennemi entre les îles et le continent, ainsi que d'assurer le sauvetage des équipages d'avions abattus. Sous le commandement du CV UNWIN on retrouva le WHITESAND BAY et le MORECAMBE BAY, avec le RNZS TUTIRA (ex Loch Morlich), le RNZS PUKAKI (ex Loch Achanal) tous deux frégates de la classe "Loch" armées d'un seul canon de 4 pouces, de 20mm et 40mm AA et de deux systèmes squid AS.
La participation US dans cet ensemble était assurée par les USS BAYONNE, NEWPORT et EVANSVILLE qui étaient des corvettes de la classe "Ashville" (classe Lend Lease River), disposant chacune d'un armement léger de trois canons de 3 pouces et de dix 20mm AA ainsi que de grenades sous-marines.
Pendant le débarquement du 15 septembre, les équipages des bâtiments du screening group étaient à leurs postes de combats, attentifs à toute réaction des troupes Nord-Coréennes. Le lendemain à 20h 30, notre radar de veille repèra un bateau qui ne répondit pas à nos signaux lumineux. Notre tourelle "B" ouvrit le feu avec six rockets éclairantes de 2 pouces. Nous pûmes ainsi identifier un dragueur ROK (Republic Of Korea) en train de rejoindre la flottille dont nous avions la protection et opérant dans les passes d'Inchon...
Le dernier maillon (last but not least ...) de cet écran était le (French Motor Ship) FMS LA GRANDIÈRE, un aviso colonial de quelque 2.600 tonnes (pc) armé de trois canons de 5,5 pouces (138mm) en tourelle simple ainsi que de onze 20mm oerlikon et quatre 40mm bofors AA, de grenades sous-marines (66).
(DonGiles avait écrit: le Mounts Bay et le La Grandière avaient déjà assurés cote à cote de nombreuses missions d'escorte et de protection de convois et, au repos au port, les équipages n'avaient pas manqué de cimenter ces bonnes relations de travail par des échanges de rhum, de vin, de cigarettes gauloises contre player's navy cut, et de bonne hospitalité mutuelle. Le mélange de vin rouge avec le rhum produisait un concentré explosif d'au moins 200% d'indice d'octane ressemblant plutot à du carburant d'aviation qu'à une boisson à boire entre amis, mais cependant tellement appréciée de chacun....)
Le 18, le MOUNTS BAY et le LA GRANDIÈRE se mirent à tirer au 40mm bofors sur des mines flottantes, en détruisant quelques unes. Les Coréens du Nord larguaient dans les courants quantité de mines de contact fabriquées par les soviétiques en utilisant pour celà des jonques et des sampans
Le 25 septembre, comme les forces des Nations Unies étaient sur le point d'investir Séoul et que la jonction avec les éléments de la 8ème Armée venant du Sud était imminente, les priorités navales furent ré-étudiées et le dispositif de l'écran de protection réaffecté. Le MOUNTS BAY vînt s'amarrer à couple de l'USS WINSTON (AKA94) dans le port d'Inchon pour avitaillement. La réorganisation tenait compte du fait qu'il était devenu hautement nécessaire de faire face au danger créé en mer, tant par les mines mouillées que par les mines flottantes. Cinquante quatre mines avaient été vues rien que par notre groupe. Deux destroyers US, l'USS MANSFIELD (DD 728) et l'USS BRUSH (DD 745) ainsi que deux dragueurs ROK de la classe Albatross devaient sauter sur des mines et être plus ou moins gravement endommagés. L'USS MAGPIE (AMS25) fut coulé par mine, au large de Pohang. En dehors des dommages causés aux navires, il y eut des victimes dans les équipages et celà était une menace permanente pour tous les Marins.
À bord du LA GRANDIÈRENous pûmes voir un bâtiment US qui avait sauté sur une mine et constater de visu ce qu'une mine peut causer comme dommages à un bateau. C'était probablement l'USS BRUSH (DD745). La proue était détruite. Un de nos marins se rappelle parfaitement de ce qu'il a vu: "...tout l'avant y compris la première tourelle avait disparu, comme coupé à la scie. Cependant le bateau avançait à petite vitesse par ses propres moyens. La poupe se dressait en l'air et les hélices étaient quasiment hors de l'eau..." Un autre ajoute: "Il y avait de nombreuses victimes, peut-être une cinquantaine... et je crois qu'il y avait au moins cinq marins tués... C'était tout à fait possible, car comme dans notre Marine, les postes d'équipage sont placés à l'avant des bateaux, non loin des soutes... Dieu ait leur âme!"
À bord du MOUNTS BAYLes mêmes bâtiments qui avaient été affectés à des missions de protection dans l'écran au large d'Inchon se retrouvèrent presque tous dans le Groupe de draguage de mines TG 95.6 sous le commandement du CV Richard T. Spofford USN. On revoit donc le MOUNTS BAY, son inséparable compagnon français LA GRANDIÈRE, le WHITESAND BAY, le PUKAKI, le TUTIRA et deux nouveaux dragueurs ROK.
Après avoir refait les pleins, nous voilà partis en patrouille avec le ROK 502 dans les innombrables ilôts et dans les baies à la recherche des jonques et sampans mouilleurs de mines. À 2h 30 le 2 octobre, le radar du MOUNTS BAY décèle un "putois" (objectif non identifié) qui ne répond pas à nos signaux. Nous rapprochant de l'objectif, une jonque, nous lui ajustons un tir devant la proue, la forçant à stopper. L'interrogatoire de l'équipage ne se révèla pas fructueux compte tenu de l'obstacle du langage. Nous prîmes donc la jonque en remorque et, le lendemain, elle fut remise aux mains du ROK 502 pour plus amples investigations. En fait, nous n'eûmes pratiquement jamais affaire à des unités navales Nord-Coréennes, par contre les batteries côtières étaient un gros problème et la menace des mines soviétiques, mouillées ou dérivantes, allait sans cesse en grandissant. Le 10, nous rentrâmes de patroulle pour aller nous amarrer à couple de l'USS PIEDMONT, bateau atelier ancré au large d'Inchon, pour refaire nos pleins.
À bord du LA GRANDIÈRELa routine de notre patrouille fut interrompue le 2 octobre. Nous allâmes mouiller au large de Wolmi Do et reçûmes la visite du CA L.A. Thackrey USN, commandant des forces amphibies d'Extrême-Orient, TF 90. Sa visite était une de ces nombreuses visites d'officiers de haut rang que nous eûmes durant l'opération.
(Addition de l'auteur: Le bateau Français recevait fréquemment en effet de nombreuses visites d'OfficiersGénéraux ou Supérieurs, souvent flanqués d' impressionnants États-Majors. Le LA GRANDIÈRE était rapidement devenu célèbre dans toute la Mer Jaune de par l'excellence de la cave de son commandant le CF Urbain Cabanié FN. Avec tout le respect dû à tous ces hauts gradés RN, USN ou USMC ainsi qu'à leurs suites, je me dois de signaler quand même que nous avions à bord du LA GRANDIÈRE une équipe parfaitement entraînée pour accompagner en toute sécurité nos visiteurs dans leur descente périlleuse de notre échelle de coupée vers leurs vedettes, les conditions atmosphériques devenant souvent soudainement mauvaises dans ces mers lointaines, comme tous les marins le savent...)
Le LA GRANDIÈRE reprit la mer le 6 octobre. Après trois jours de patrouille, nous fûmes rejoint par le MOUNTS BAY ayant un interprète coréen à bord. Les gens du MOUNTS BAY avaient en effet fini par résoudre leurs problèmes d'interrogatoire des équipages de bateaux suspects en embarquant des interprètes.
Pendant cette période, nous ne cessions d'avoir des alertes aériennes quasiment tous les jours, mais jamais une menace d'attaque par un quelconque avion ne se matérialisait. En fait, ces alertes provenaient d'appareils amis qui décollaient de l'aéroport de Kimpo récemment reconquis, et qui survolaient notre zone en omettant de déclencher leur répondeur I.F.F. (Interrogation Friend or Foe). Ces oublis faisaient que les bâtiments se tenaient constamment en alerte et maintenaient pour rien leurs équipages aux postes de combats. Àprès avoir ainsi répondu inutilement à quantité de fausses alertes, les équipages devinrent quelque peu démotivés. Mais un jour, nos canonniers furent vraiment très surpris quand le LA GRANDIÈRE fut tout à coup sauté par un MiG. Un de nos Marins se rappelle bien la situation: "Ce fut si soudain, et dans le labyrhinte des îles le radar était peu fiable. Le MiG a sauté littéralement le bateau, frolant le mât. Complètement surpris, nous avons rapidement tourné toutes nos pièces en entendant à nouveau un grondement de réacteurs allant en s'amplifiant. Les 40mm et les 20mm commencèrent à aboyer quand l'objectif surgit au ras de l'eau, azimuth zéro. Mais la vitesse angulaire était telle que les avions ne furent pas touchés. Heureusement car c'était deux chasseurs US, peut-être bien de tous nouveaux F-86 Sabre il m'a semblé." (Note: nous avons appris depuis qu'il devait s'agir plutôt de P80 "Shooting Star", le F86 n'était pas encore opérationnel à cette date)
![]()
Opération "jack-stay" par un destroyer canadien au bénéfice du La Grandière
Ils désiraient nous faire profiter de leur idée et, par cable, avec la poste, ils nous transférèrent un Coréen, par dessus les eaux tumultueuses brassées par les deux bateaux marchant plein pot bord à bord...(opération jack stay).
Après ce voyage effrayant, le brave homme dut prendre le temps d'arrêter ses tremblements avant de se présenter comme étant Ingénieur Météo dans le civil. Par la suite il nous raconta la terrible vie en Corée du temps de la colonisation japonaise et après l'arrivée des forces communistes.
C'était un gars vraiment amical et intelligent qui fut rapidement adopté.
"Non publié : Une seconde plus tard, les Yankees se mirent à débiter des obscènités à notre endroit à la radio, je ne vous dis pas! À tel point que nous avons regretté de leur avoir envoyé La Fayette! Mais on a fait comme si on avait rien entendu. Mieux vaut être sourd dans ces cas là." Peu de temps après, les Yanks semblaient avoir repèré leur MiG à nouveau. Et c'était intéressant de les écouter s'interpeller à la radio en essayant de coincer leur proie.
Le 14 octobre, le LA GRANDIÈRE alla mouiller devant Inchon. Les objectifs et la stratégie navals devaient être à nouveau examinés, entraînant la réaffectation du groupe de guerre des mines TG 95.6. Les opérations de dragage dans cette zone n'avaient plus lieu d'être grace, notamment, à l'efficacité des dragueurs de mines ROK (Sud-Coréens) et US qui y avaient opèré. Le MOUNTS BAY fut renvoyé à des tâches générales et d'escorte et notre LA GRANDIÈRE reçut la mission de participer à la protection d'un second débarquement à Wonsan sur la côte Est. Le 16, les plans de ce débarquement furent donc présentés par le nouveau Commandant en Chef de la Task Force 90, le CA J.H. DOYLE USN, à bord du navire amiral USS MOUNT MC KINLEY (AGC 7). Le LA GRANDIÈRE appareilla le 17 octobre avec quatre autres frégates (WHITESAND BAY, MORECAMBE BAY, PUKAKI et TUTIRA), escortant cinq gros transports avec une Brigade de MARINES à bord. Notre route nous mena à travers le Détroit de Corée dans la
Mer du JaponMer de L'Est, et nous étions à l'entrée du chenal menant à Wonsan pour le 21. Malchance, le chenal était là aussi sévérement miné, et deux dragueurs US y avaient sauté et coulé le 12, l'USS PIRATE (AM275) et l'USS PLEDGE (AM277) ! Notre convoi reçut l'ordre de rester en pleine mer. Le débarquement était différé. La baie de Wonsan était impraticable et couverte de mines soviétiques... Nous maintîmes notre position jusqu'au 25 quand enfin notre convoi reçut l'autorisation de poursuivre sa route dans le chenal, le LA GRANDIÈRE ouvrant la marche (ben donc... ). Nous naviguions à petite allure, ralentissant encore plus et même stoppant quand il apparaissait qu'une mine puisse nous menacer."Sur la passerelle, nous étions tous inquiets, et même angoissés, se rappelle un de nos 'tim'. J'étais de quart, à bien surveiller s'il n'y avait pas de mine dérivante quand tout à coup j'en vis une en surface à travers mes binoculaires, dansant gentiment dans la houle par tribord. Le convoi était bien en ligne derrière nous. J'interpelle l'Officier de Quart : 'est que vous voyez ce que je vois Lieutenant?' Il me répond que c'était la deuxième qu'il apercevait sur les deux ou trois nautiques parcourus, et, à ma grande surprise, me dit de me tenir tranquille et de ne pas donner l'alarme. 'Comprenez-vous mon gars, si les transports de troupes apprennent qu'il y a des mines devant, ils peuvent prendre peur et attendre là que le chenal soit à nouveau déminé. De toute façon cette mine là est trop loin pour qu'on puisse la tirer. Alors on la boucle... OK?' Je suis retourné à mon poste de veille, faisant une prière à Dieu que s'il y avait encore une de ces putains de mines devant, quelqu'un puisse la voir à temps...!"
Grâce aux dragueurs US et ROK la zone fut finalement suffisamment sécurisée pour que les MARINES puissent débarquer sans opposition de l'ennemi car, le port était déjà investi par les forces amies. Ce grand port au Nord du 38ème parallèle était tombé aux mains des Forces Sud-Coréennes qui y attendaient le reste du "X Corps" ("X" comme X-ray). Le débarquement de Wonsan tournait court, à notre grand embarras à tous. Le même jour le LA GRANDIÈRE et les autres frégates s'en retournèrent vers Sasebo. Nous fûmes rejoints à la mer par le MOUNTS BAY et nous arrivâmes le 27 octobre. Le LA GRANDIÈRE avait passé quarante sept jours en mer sans discontinuer et sans toucher terre.
Il faisait froid et il neigeait....
Le LA GRANDIÈRE resta à Sasebo jusqu'au 15 Novembre. Les opérations navales étaient au point mort et les Forces de l'ONU avaient progressées bien au delà du 38 ème parallèle: l'ennemi semblait complètement battu. Une dernière mission nous fut assignée: le 17 novembre, nous appareillâmes pour Chinampo au Nord du 38ème parallèle sur la côte Ouest, avec une quarantaine de Marins américains. Chinampo est le port de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, sur l'estuaire de la rivière Taedong... Le 19, le LA GRANDIÈRE mouillait devant le port pour y débarquer ses passagers. C'est pendant la nuit du 21 novembre que nous reçûmes un message de l'Amiral F.M.E.O. le LA GRANDIÈRE devait revenir en Indochine suite au désatre de Cao-Bang.
C'est ainsi que se termina la représentation navale Française dans les eaux Coréennes et notre participation dans ce qui allait devenir:
"the Forgotten War" (la Guerre Oubliée).
Addition de l'auteur: Revenus à Sasebo, nous fîmes nos adieux aux bâtiments présents par une réception donnée par les Britanniques sur le HMS LADY BIRD le 24 novembre et sur le LA GRANDIÈRE le 25. Les gars du MOUNTS BAY nous annoncèrent qu'ils s'en retournaient à Hong Kong. Le même jour, nous appareillâmes pour Yokohama pour y mouiller le 28. Le lendemain, nous avons participé à une réception donnée en l'honneur du LA GRANDIÈRE à l'Ambassade de France à Tokyo, en présence du VA Joyce USN, Commandant en Chef des Forces Navales des Nations Unies, et des délégations de tous les pays qui combattaient au côté des États-Unis dans cette guerre. C'est là que nous apprîmes que, deux jours auparavant, 500.000 soldats chinois avaient traversé la frontière Nord Coréenne et bousculaient le dispositif de l'ONU. La guerre sur terre recommençait... Nous avons pris la mer le 1er décembre 1950 pour atteindre Saïgon le 10. C'est peu après que nous devions appareiller pour le Tonkin et le Nord de la baie d'Along assurer l'appui feu au 'chapeau chinois'...
Le Bataillon Français avait débarqué à Pusan le 29 Novembre 1950 pour être intègré au 23ème Régiment de la Seconde Division (Indianhead) d'Infanterie US et y combattre jusqu'à la fin des hostilités en Juillet 1953. Effectifs engagés en Corée: 3.421 - Tués au combat: 287 - Blessés:1.350 - Disparus:7 - Prisonniers: 12
Escorteur La Grandière: 143 Marins du 8 Juillet au 30 Novembre 1950 dans les forces navales de l'ONU - Tués: 2, Rivière de Saïgon, avant le départ pour la Corée.
Visite des plages du débarquement
Notre Ami Guy DONNET nous a transmis une page de La Manche Libre , quotidien normand, qui relate un nouveau mode de visite des plages du Débarquement.
En effet, le Mémorial de Caen, propose de survoler les plages et falaises dArromanches à la Pointe du Hoc, avec embarquement à Carpiquet.. Bien sûr il faut un peu de passion pour débourser les 160 € que coûte le vol de 45 minutes et un peu de connaissances pour apprécier le parcours.
Après avoir réservé dans un délai raisonnable, il faudra que le temps soit bien entendu favorable. Avant dembarquer , un guide vous conduit dans la salle des cartes pour expliquer le contexte du Débarquement. La côte normande, en deux dimensions permet de montrer les mouvements des troupes, lutilité du port artificiel bâti à Arromanches, lopportunité des plages pour accoster ou encore les batteries allemandes composant le Mur de lAtlantique. Après un petit trajet en taxi, jusquà laéroport de Carpiquet ou vous attend un pilote de la Compagnie Caennaise dAviation. Vous passez avec le pilote aux divers contrôles des douanes avant datteindre le coucou qui est sur le tarmac. Et puis cest le décollage .
Lexplication en salle des cartes est dautant plus utile que le pilote na pas vraiment le temps de décrire le paysage.
Entre les messages à la tour de contrôle, le relais, une fois en lair, avec laéroport de Deauville et le respect du plan de vol.
Cap vers Arromanches.
Le port artificiel, qui se dessine assez mal, vu de la plage, montre admirablement son utilité quand on le voit de haut. Les caissons Phénix de 70 mètres de long, hauts comme des immeubles de trois étages, pèsent chacun 7000 tonnes, le poids de la charpente de la Tour Eiffel..
Entre deux pages dhistoire, on fait un peu de tourisme, avec la vue imprenable sur le bassin de Port-en-Bessin, un des premiers ports de pêche normands. En longeant la côte, on se rend compte du passage des falaises aux plages qui, à marée basse, se découvrent de plusieurs centaines de mètres.
Le point culminant du vol, la Pointe du Hoc, que le Maire de lépoque a voulu conserver en létat, donne une image saisissante de ce que fut la réalité pour nos libérateurs et pour leurs ennemis. Le visiteur aguerri comme le néophyte découvre un sol jonché de trous. La puissance de toutes les bombes qui tombèrent ici est égale à la moitié de celle qui ravagea Hiroshima.
Vous verrez également , si le temps le permet, le fameux Pègasus Bridge où beaucoup de combattants furent tués après dâpres combats.
Quand le vol se terminera, vous aurez une autre façon de voir comment notre pays a pu être libéré.
![]()
Un ferry pour succéder au porte-hélicoptères Jeanne dArc Source: " Mer et Marine" (résumé par Daniel THIRION )
A deux ans du désarmement du P.H. Jeanne dArc, la Marine Nationale est toujours à la recherche dune solution pour remplacer son vieux bâtiment-école, livré à lArsenal de Brest , en 1964.
Second P.A., sous-marins nucléaires du type Barracuda, frégates multi-missions, frégates de défense aérienne, modernisation M51 des SNLE ..La France doit, dans les prochaines années, consacrer un important budget pour moderniser une flotte vieillissante. Dans ces conditions les marins auraient abandonné, provisoirement, leur souhait de voir réaliser un troisième BPC, pour remplacer la Jeanne dArc. Le coût de la construction nest pourtant pas si élevé, puisquil est estimé à environ 150 millions deuros.
Malgré tout, « il ny a pas dargent pour cela ». Aussi, la priorité étant donné aux grands programme navals, lexamen du plan B, imaginé il y a quelques mois est remis à létude. Ce plan consisterait à remplacer la Jeanne par un bâtiment affrété qui emmènerait nos futurs officiers pour leur premier embarquement ( ce qui diminuerait de trois fois le coût de cette croisière) . Bien que rien ne soit arrêté, lune des solutions de secours les plus plausibles consisterait en laffrètement dun navire de type Ropax (roulier-passagers), un ferry donc, qui pourrait réaliser une campagne de quatre mois par an.
Bien entendu, il nest pas question de doter un ferry de missiles, certains industriels pourraient être sollicités pour installer, à leurs frais, des équipements. Des mitrailleuses de 12,7 mm sont notamment évoquées « cela permettrait aux entreprises de présenter leurs matériels lors des nombreuses escales du bateau »
Le ferry Jean NICOLI crédits photo MER et MARINE Le ferry Jean Nicoli se prêterait bien à cette fonction et selon une source proche du dossier, ne demanderait que de légères modifications.
Construit en 2002 en Allemagne, le navire mesure 203 mètres de long pour une jauge de 28000 tonneaux. Disposant de 200 cabines pour une capacité de 730 passagers, il pourrait accueillir les 100 à 150 élèves de la Jeanne, ainsi que leurs enseignants. Les vastes salons et restaurants serviraient , dans le même temps, à la vie des marins et pour les cocktails, lors des escales de représentation.
Ce bâtiment serait donc loué six mois par an, dont quatre pour la campagne dapplication, les deux mois restants étant utilisés pour repeindre le bateau en gris et mettre en place les équipements nécessaires
En ce qui concerne léquipage, il semble difficile daffecter un équipage militaire sur un bâtiment civil. La solution pourrait être trouvée du coté des réservistes.
Bâtiment militaire, la Jeanne a été conçue pour pouvoir participer à un conflit et de ce fait à des exercices de combat naval ou aérien avec les divers pays alliés, ce qui ne peut être fait avec un bâtiment du type Ropax.
De ce fait une réorganisation de lenseignement dispensé à lEcole Navale nest pas à exclure. Les élèves officiers pourraient effectuer la campagne de quatre mois sur la future Jeanne dArc, dans leur troisième année de formation et effectuer un stage sur un véritable navire de combat.
Bien entendu, tout ceci est à létude et il faut espérer que lEtat, sil retient loption du ferry, qui doit être que provisoire, que cette opération ne dépasse pas le budget qui était prévu pour la construction dun nouveau bâtiment. En effet, il est préciser quen moins de 15 ans, les crédits engagés pourraient égaler et même dépasser le budget nécessaire à la construction dun nouveau BPC.
Cette information date de novembre 2007 :Début janvier, nous apprenons que la compagnie SeaFrance rachète le ferry Jean Nicoli, afin dagrandir sa flotte.
Donc il se pourrait que les études (sérieuses) qui ont été faites par les services compétents du Ministère de la Défense tombent à leau et que nous ayions encore quelques années notre vielle Jeanne dArc pour promener nos futurs Officiers de Marine.
Note du webmestre: sur ce site voir aussi nos articles en cliquant sur l'ancre ![]()
Cérémonie de remise du Fanion aux Stagiaires de la P.M.M. à LONGWY
De G à D et de haut en bas: Les Portes-Drapeau et les Stagiaires en position - La remise du Fanion par le Cdt MULLER et la section prête à défiler - Le défilé était suivi par des véhicules militaires (de collection) et repas pris en commun
![]()
Le Bulletin "Dans le Sillage des Marins de Lorraine" distribué à nos membres est réalisé par Daniel THIRION, Rédacteur en Chef, aidé des différents auteurs signataires L'adaptation pour le web est réalisé par Léon ROCHOTTE, webmestre