Les Bréves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table actualités FRANCE-CORÉE ACTUALITÉS - Les News (2)
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AFP21226 - SEOUL (AFP), le 26-12-2002 : Le président sud-coréen Kim Dae-Jung a accusé jeudi la Corée du Nord "d'aggraver" la crise nucléaire, Pyongyang ayant entreposé un millier de barres de combustible irradié dans le bâtiment de son réacteur nucléaire de Yongbyon, susceptible de produire du plutonium militaire.
La Corée du nord a en outre retiré le dispositif de surveillance et de contrôle installé sur le site par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des Nations unies. La situation est "très grave", d'après le porte-parole de l'AIEA, Mark Gowzdecky. "Nous ne pouvons pas certifier que les matériaux produits sans notre surveillance (à la centrale nucléaire de Yongbyon) ne seront pas utilisés pour fabriquer des armes nucléaires", a expliqué Mark Gwozdecky lors d'une conférence à Vienne, siège de l'AIEA. Cette nouvelle mesure prise par la Corée du Nord a été qualifiée de "provocante" par le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, tandis que Washington fustige le "chantage" nucléaire et le gouvernement allemand a appelé le régime nord-coréen à "interrompre immédiatement toutes les activités qui violent ses engagements internationaux".
Au cours d'une réunion d'urgence sur la sécurité nationale au palais présidentiel à Séoul, M. Kim a condamné la décision du Nord de réactiver son programme nucléaire à Yongbyon."Malgré les efforts de la communauté internationale pour un règlement pacifique de la question du nucléaire, la Corée du Nord a décidé de relancer ses installations nucléaires neutralisées jusqu'ici, ce qui aggrave un peu plus la situation", a déclaré M. Kim, selon des propos rapportés après la réunion.
Cependant le chef de l'Etat sud-coréen a également critiqué les Etats-Unis pour avoir par le passé écarté Séoul dans leurs rapports avec la Corée du Nord. Selon M. Kim, la Corée du Sud doit jouer un rôle "primordial" dans le règlement de cette nouvelle crise nucléaire.
L'AIEA a affirmé à Vienne avoir "des indications selon lesquelles les Nord-Coréens ont l'intention de redémarrer d'ici un à deux mois le réacteur" de type Magnox (graphite) et d'une puissance de cinq mégawatts, et dont l'activité avait été interrompue il y a huit ans. "A la date d'aujourd'hui (jeudi, ndlr), ils ont installé un millier de barres de combustible neuves" dans le bâtiment du réacteur du complexe nucléaire de Yongbyon, au nord de Pyongyang, la capitale nord-coréenne, selon le porte-parole de l'AIEA, Mark Gwozdecky. Les barres "n'ont pas été chargées dans le coeur du réacteur", a précisé le porte-parole en ajoutant que la capacité du réacteur "était de 8.000 barres".
Le complexe nucléaire de Yongbyon était neutralisé depuis l'accord de 1994, signé entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Il prévoyait la fourniture annuelle par les Etats-Unis à la Corée du Nord de fioul lourd ainsi que la construction de deux réacteurs à eau légère en échange du gel par Pyongyang de son programme nucléaire de Yongbyon. Cet accord a cependant été remis en cause en octobre quand Washington a pris connaissance de l'existence d'un programme nucléaire clandestin, en violation de l'accord de 1994.
Tout au long des semaines de polémique, Pyongyang a toujours affirmé être prêt à négocier y compris sur un retour au gel de son complexe nucléaire de Yongbyon. Frappé de pénurie énergétique, la Corée du Nord a démantelé ces derniers jours les équipements de surveillance et cassé les scellés installés par l'AIEA en application de l'accord de 1994. Pour le Nord, cette mesure se justifie par la remise en cause des accords par les Etats-Unis en raison de la suspension des livraisons de fioul lourd.
Pour l'heure, la principale préoccupation du moment concerne les quelque 8.000 barres de combustible irradié qui se trouvaient sous scellés dans un bassin de refroidissement à Yongbyon et qui peuvent fournir du plutonium pour la fabrication de bombes nucléaires.
RKI21226 - Kim Dae-jung : La Corée du Nord est responsable de la tension
Séoul a décidé de renforcer sa coopération avec ses alliés, Washington et Tokyo et de continuer à persuader Pyongyang de renoncer à son programme nucléaire. " La Corée du Sud doit jouer un rôle important dans la résolution de ce problème ", a déclaré Kim Dae-jung à l'issue de la conférence des ministres consacrée à la sécurité. Par ailleurs, le gouvernement a fait part de ses inquiétudes après les mesures de Pyongyang pour réactiver ses installations nucléaires.
Le président de la République a donné des instructions à ses ministres pour coopérer étroitement avec le prochain président Roh Moo-hyun d'ici la fin de son mandat le 25 février prochain. D'ailleurs, un représentant du président élu assistait à la réunion d'aujourd'hui.
Enfin, Kim Dae-jung a rappelé qu'il ne laisserait jamais Pyongyang poursuivre ses activités nucléaires.
Le Nord recharge le réacteur de Yongbyon
La Corée du Nord a commencé à recharger le réacteur de Yongbyon avec du combustible neuf. Un responsable du gouvernement sud-coréen a annoncé que le Nord transportait actuellement des barres d'uranium à l'intérieur des basssins de stockage dans le coeur du réacteur. Selon lui, les inspecteurs de l'agence internationale de l'énergie atomique ont constaté ces déplacements, mais on ne connaît pas la quantité de barres d'uranium utilisées. Une information confirmée par l'AIEA.
L'agence onusienne possédait deux inspecteurs sur le site nucléaire nord-coréen, cette semaine elle a dépêché un troisième homme pour surveiller les activités de la centrale.
RKI21220 Spécial - La dernière victoire de Kim Dae-jung :
Il y a cinq ans, avec
l'accession de Kim Dae-jung au pouvoir, la Corée du
Sud vivait sa première alternance politique avec
l'élection d'un ancien dissident, prisonnier pour
délit d'opinion et condamné à mort par
la dictature. En 1997, Kim Dae-jung portait donc des espoirs
immenses, peut-être même exagérés.
Aujourd'hui l'opinion publique est déçue et sa
cote de popularité est au plus bas, notamment en
raison des scandales de corruption qui ont touché son
entourage familial.
Mais finalement, malgré ce désamour tardif,
l'élection de Roh Moo-hyun, issu du même parti et
de la même culture politique que son mentor et protecteur Kim
Dae-jung, est une dernière victoire pour le vieux
président sortant. C'est aussi plus largement une approbation
de sa philosophie politique même si, sur les résultats
concrets de ses mesures, l'opinion reste très critique. Le
traitement des grands dossiers initié par Kim Dae-jung a
conquis une large part de la population. Il semble que la vision du
camp réformiste incarnée par le Parti du
Millénaire soit plus en phase avec les attentes des
sud-Coréens et en particulier ceux de moins de 40 ans qui sont
majoritaires dans le corps électoral. Pas de doute, ce sont
eux qui ont porté Roh Moo-hyun à la tête de
l'Etat. Cette génération se sent proche du nouveau
président puisque celui-ci n'est âgé que de 56
ans. Elle n'a pas connu la guerre de Corée et peut donc plus
facilement accepter le dialogue avec Pyongyang. La diabolisation des
nord-Coréens, fruit de la propagande de la dictature n'a pas
de succès auprès de ces personnes. A ce point de vue,
la polémique sur le dernier James Bond est
révélatrice d'un changement de mentalité.
Aujourd'hui, les sud-Coréens défendent la
réputation de la Corée du Nord contre les
clichés occidentaux manichéens.
Le vote de jeudi est donc plus qu'un vote d'approbation de la politique d'ouverture envers le Nord, c'est une manifestation de soutien à une politique sud-coréenne plus autonome et plus souple, en un mot plus moderne, ce qui n'est pas un jugement de valeur. Sur les deux grands dossiers de la campagne, c'est à dire le nucléaire nord-coréen et les relations avec les Etats-Unis, les électeurs ont manifesté leur volonté d'émancipation. Ils ne veulent plus être enfermés dans la logique de la Guerre Froide vieille de 50 ans qui impose l'adhésion à la politique des Etats-Unis et le dénigrement systématique des voisins du Nord.
Le Parti du Millénaire et son fondateur Kim Dae-jung ont inventé une nouvelle façon de faire de la politique, inédite en Corée, il n'est pas exagéré de le dire. Bien sûr, la rhétorique a son importance dans le bilan du sortant, le vétéran de la politique coréenne connaît son métier. Il n'a pas révolutionné le pays et beaucoup de ses réformes restent inachevées. Mais il a apporté des idées neuves, il a, peut-on dire, ouvert un champ politique inexploré.
Il suffit de comparer les résultats de ce jeudi avec ceux de 1997 pour comprendre le chemin parcouru. En effet, l'équilibre des forces a été complètement renversé. A première vue, dans les deux cas, le candidat réformateur est élu avec une courte avance sur son concurrent conservateur. Mais, il y a cinq ans, un troisième homme issu du parti conservateur récoltait 19% des voix, ce qui faisait un total de plus de 55% des suffrages en faveur des forces de la droite. Kim Dae-jung lui se faisait élire avec seulement 40% des voix.
Aujourd'hui la situation est totalement différente, le candidat réformateur Roh Moo-hyun a conquis 49% des votants. Un score auquel il faut additionner les 4% du représentant du Parti démocratique du Travail Kwon Young-ghil. En 2002, la Corée du Sud est donc majoritairement réformiste, proche de la gauche ou du moins du centre gauche. C'est une première dans ce pays et c'est la preuve de l'enracinement d'une nouvelle famille politique. Le résultat exceptionnel du petit Parti du Travail, habituellement cantonné à des scores confidentiels est aussi remarquable. En 1997, Kwon Young-ghil faisait 1,2%, aujourd'hui il frôle les 4%. Le complexe des forces de gauche a donc en partie disparu, voter pour un parti proche des syndicats était un tabou dans la société sud-coréenne ou toute politique de gauche était assimilée à la Corée du Nord, donc au stalinisme, donc à la dictature.
Bref, l'élection de Roh Moo-hyun ne va pas changer grand chose en Corée du Sud, et c'est justement cela qui change tout, le pays va pouvoir poursuivre sa lente révolution silencieuse pour développer une authentique culture démocratique dans une société ouverte et décomplexée.
(NDLR: lire sur ce site un extrait "de circonstance" des Cahiers de Corée N°4: Chong Wa Dae, l'Élysée coréen, vu à travers la géomancie...)
RKI21115 - SPÉCIAL : Première sanction contre la Corée du Nord :
C'est la première fois
que les partenaires de la Corée du Nord
décident de prendre une sanction contre le
régime communiste. En effet, depuis l'annonce de
l'existence du programme nucléaire de Pyongyang, les
Américains et leurs alliés ont
dépensé beaucoup d'énergie pour se
concerter et publier des déclarations officielles
appelant le régime stalinien à
désarmer. Pour toute réponse, les
autorités de Pyongyang se sont bornées
à proposer un pacte de non-agression avec Washington
pour mettre fin à la polémique.
Les sanctions paraissent donc inéluctables. Il ne fallait
pas attendre de l'administration Bush un geste de conciliation. Pas
question pour le président américain d'aller
négocier avec un Etat considéré comme voyou.
Colin Powell avait expliqué que son pays ne répondrait
jamais au chantage nord-coréen. " Vous ne pouvez pas violer
vos engagements et ensuite dire qu'est ce que vous me donnez ? ",
avait déclaré en substance le secrétaire d'Etat
américain. Toute l'équipe Bush semblait donc camper sur
ses positions, c'est à dire, pas de confrontation directe mais
pas de concessions non plus. Le bras de fer était trop
défavorable à la Corée du Nord. Même si un
axe Tokyo-Séoul semblait se dessiner pour défendre,
avec un certain courage, une politique de conciliation, excluant des
sanctions. La Corée du Sud et le Japon sont certainement les
grands perdants d'une confrontation avec la Corée du Nord.
Mais les deux pays d'Asie ne font pas le poids à
côté de la détermination américaine.
D'autant plus que l'Europe, le quatrième pilier du Kedo, a
rejoint la position des Etats-Unis en annonçant la suspension
de sa participation au financement des activités du
consortium.
Pour les deux pays voisins de la Corée du Nord une politique de sanction risque de réenclencher la spirale de la tension et de réduire à néant les efforts menés depuis cet été pour se rapprocher de Pyongyang. L'enjeu, pour Séoul, c'est le rétablissement des voies de communication entre les deux Corées ainsi que les projets de zone franche. Pour Tokyo, il s'agit de la normalisation des relations bilatérales et du dossier des enlèvements.
Quelle sera la réaction de la Corée du Nord ? C'est la principale inconnue. La déclaration du Kedo précise que la reprise des livraisons de fuel mais aussi toutes les activités futures avec la Corée du Nord sont conditionnées par l'abandon du programme d'enrichissement de l'uranium.
Les autorités de Pyongyang pourraient relancer un nouveau cycle de confrontation avec la Corée du Sud et ses voisins, dénoncer à nouveau des provocations, voir organiser des gesticulations militaires. Ce genre de manoeuvres peuvent être meurtrières, on se souvient de la bataille navale du 29 juin dernier.
En tout cas, on ne voit pas comment Kim Jong-il pourrait céder aujourd'hui aux demandes du Kedo. Depuis longtemps, le régime communiste a fait connaître sa position sur le problème nucléaire. Il considère que ce sont les Etats-Unis qui ont violé en premier l'accord de Genève de 1994. Ils sont responsables du retard considérable dans la construction de deux centrales nucléaires civiles promises en 1994, prévue pour 2003 mais dont le chantier vient à peine de débuter.
Pour le régime stalinien, il est indispensable de renégocier d'égal à égal un traité sur la sécurité dans la péninsule et sur l'approvisionnement d'énergie, bref de tirer un trait sur le texte de Genève et de dessiner un nouveau cadre pour les relations bilatérales.
Derrière les grands débats d'équilibre géopolitique liés à la possession de l'arme nucléaire se cache un dossier bien plus prosaïque et pas moins important, celui énergétique.
Ce dernier point peut être décisif dans le choix nord-coréen. On ne sait pas exactement dans quel état se trouve actuellement la Corée du Nord mais il est certain que la livraison de 500 mille tonnes de pétrole brut chaque année par le Kedo est un apport essentiel peut-être même vital pour les industries du pays et la vie quotidienne des nord-Coréens. Selon les estimations des experts sud-coréens, le Kedo fournit 30% de l'énergie nécessaire à la Corée du Nord. C'est considérable.
Et justement, l'hiver arrive dans la péninsule coréenne, le froid vigoureux s'empare du Sud comme du Nord. Ce n'est pas un facteur négligeable. Le " général hiver " pourrait pousser Kim Jong-il vers la table des négociations, mais aussi vers la gâchette.
RKI21024 - La politique de la main tendue contre vents et marées (24/10/02): Malgré la bombe, les négociations continuent. La délégation ministérielle sud-coréenne s'est donc rendue comme prévu à Pyongyang pour la huitième édition des réunions intercoréennes.
Ces cycles de discussion sont
une des pierres angulaires de la politique de " la main
tendue " vers le Nord du président Kim Dae-jung. Donc
malgré la crise larvée, Séoul poursuit
son rapprochement et sa coopération avec Pyongyang.
Certes, le représentant du Sud a, d'entrée de
jeu, mis le dossier nucléaire sur la table, mais il a
gardé une position conciliante. Ainsi, le refus
d'intégrer à la déclaration finale un
engagement formel sur le gel du programme nucléaire
n'a pas été un motif de blocage. Les hommes de
Kim Dae-jung ont accepté un compromis bancal, une
déclaration vague, appelant à résoudre
les problèmes par le dialogue.
Ils étaient prêts à tout pourvu qu'on sauve la
politique de "la main tendue" et pourvu que le rapprochement entre
les deux Corées se poursuive.
D'ailleurs sur les autres points, c'est à dire les grands sujets classiques économiques et humanitaires, la réunion des ministres a été plutôt fructueuse. Les délégués ont donné leur bénédiction aux projets industriels de la ville nord-coréenne de Kaesong et ont confirmé leur volonté de voir des routes et des voies de chemin de fer traverser la frontière intercoréenne.
Bref, en un mot, la Corée du Nord s'accroche à son plan de réformes économique et le Sud reste son partenaire fidèle dans cette aventure. Cette position du gouvernement de Kim Dae-jung est un pari audacieux. En effet, la poursuite de l'assistance aux cousins du Nord en plein climat de suspicion sur l'arsenal nucléaire est un cap très difficile à tenir. N'oublions pas que la Corée du Nord reste officiellement dans la doctrine militaire de Séoul, l'ennemi principal, malgré quelques aménagements sémantiques depuis cet été pour faire plaisir à Pyongyang. Difficile donc d'aider son pire ennemi au moment où l'on apprend que celui-ci développe un programme pour se doter de l'arme nucléaire...
La politique de "la main tendue" à tout prix rencontre de nombreuses critiques. Déjà à l'intérieur de la Corée du Sud. Je ne parle pas du bataillon d'anciens combattants qui manifestent régulièrement dans les rues de Séoul pour demander la tête de Kim Jong-il. Cette fois, la plupart des hommes politiques ont demandé une révision de l'aide apportée à la Corée du Nord. Ils se font le relais d'un sentiment certainement largement diffusé dans l'opinion publique. D'ailleurs, au Parlement, contrôlé par l'opposition conservatrice, deux décisions significatives ont été adoptées mercredi. D'une part, les députés ont voté la fin des subventions au projet touristique du Mont Kumkang. Ce programme symbole, piloté par une entreprise sud-coréenne, vise à développer les voyages de touristes du Sud dans une montagne du Nord. Comme l'affaire est très déficitaire, le président Kim Dae-jung avait accordé de multiples subventions et aides pour soutenir ce projet. Les parlementaires ont donc mis fin à ce système trop favorable à la Corée du Nord.
Deuxième vote important, mercredi, la réévaluation du budget de la défense. Une rallonge de plus de 417 millions d'euros pour maintenir l'enveloppe de la défense à son niveau actuel de 2,8 % du Produit intérieur brut. A titre de comparaison, en France il représente 1,9 % du PIB en 2002.
Donc, on le voit, la ligne de Kim Dae-jung ne fait pas l'unanimité. Il semble même bien solitaire quand il demande c'était le cas mercredi de ne pas prendre de sanctions économiques contre la Corée du Nord et de sauver l'accord de Genève de 1994. Dans le climat actuel, il est difficile de faire payer les contribuables sud-coréens pour la construction de deux centrales nucléaires civiles en Corée du Nord, comme le prévoit le traité de 94.
En plus de cette opposition interne, Séoul doit compter avec l'attitude des Etats-Unis. Pas question de prendre des libertés par rapport à la diplomatie de Washington. Les deux pays sont trop liés et en plus la Corée du Nord estime que le problème nucléaire est une affaire qui doit se régler avec le gouvernement américain et seulement avec lui. Pour l'instant l'administration Bush n'a pas fait de déclaration définitive sur sa position, elle laisse donc une marge de manoeuvre au régime sud-coréen. Le département d'Etat américain fait même des déclarations en faveur de la politique de la " main tendue ". Il s'agit là peut-être d'une distribution des rôles, Washington tient le bâton, Séoul la carotte.
Mais sans recours aux sanctions économiques contre Pyongyang, il semble difficile d'amener le régime communiste à renoncer à son programme nucléaire. D'autant que Pyongyang va certainement demander un assouplissement de la politique américaine à son égard en échange du gel de ses travaux sur l'atome. L'administration Bush réputée inflexible pourra-t-elle accepter ce rapport de force favorable à Pyongyang ? Toute la question est donc de savoir si Washington va s'asseoir à la table des négociations avec un bâton ou une carotte.
RKI21022 - ¤ Nucléaire : La Corée du Nord pratique la diplomatie au bord du gouffre
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La révélation de l'existence d'un programme nucléaire militaire en Corée du Nord pourrait être le début d'une nouvelle crise entre le régime communiste et les Etats-Unis et remettre en cause tout le fragile processus de paix dans la péninsule. Le gouvernement américain avait depuis longtemps des soupçons sur le développement d'un programme secret pour mettre au point des armes nucléaires. Le président George Bush avait d'ailleurs rangé la Corée du Nord parmi les pays fauteurs de trouble internationaux avec l'Iran et l'Irak, ce dernier pays étant lui aussi sur la sellette des experts américains pour son présumé programme nucléaire militaire. Le plus surprenant, ce sont les conditions dans lesquelles les Etats-Unis ont eu la confirmation de leurs soupçons. Le 3 octobre dernier, le secrétaire d'Etat adjoint James Kelly était à Pyongyang pour tenter de renouer le dialogue après presque deux ans de rupture. |
Depuis presque 15 jours donc, les Etats-Unis possèdent la confirmation des informations collectées par leurs services secrets. Les responsables politiques et militaires doivent discuter de la réponse appropriée à apporter à cette menace. Les Etats-Unis ont déjà fort à faire avec l'Irak et il est probable qu'ils adoptent une position plus souple envers la Corée du Nord. Il est peu envisageable d'engager un bras de fer avec Pyongyang. D'ailleurs, la déclaration du département d'Etat va dans ce sens. Son porte- parole Richard Boucher a déclaré chercher une solution pacifique au problème nucléaire nord-coréen. Il a aussi appelé Pyongyang à respecter ses engagements en matière de prolifération, notamment le TNP et l'accord de 1994 avec les Etats-Unis. Même son de cloche à Séoul qui demande aussi l'application des traités. Il semble donc que les partenaires de la Corée du Nord cherchent à calmer le jeu et à éviter une crise ouverte. La dernière en date avait eu lieu sur le même sujet au début des années 90. A cette époque, les Etats-Unis demandaient déjà le respect du Traité de Non- Prolifération, un accord international signé par la Corée du Nord en 1985 qui implique des inspections des sites sensibles. Face au refus de coopérer de la Corée du Nord, la tension était montée en 1993. A l'époque, le régime communiste avait même déclaré l'état de " semi-guerre " avec les Etats-Unis. L'escalade était à son comble. Les deux pays ont réussi à organiser un rendez-vous à Genève en octobre 1994 pour mettre un terme au contentieux.
Le texte de 1994 prévoit d'une part le gel des programmes nucléaires nord-coréens, en échange de quoi les Etats-Unis promettent de faire construire par un consortium international deux centrales nucléaires civiles, dites à eau légère. C'est d'ailleurs la Corée du Sud qui règle l'essentiel de la facture totale de 4 milliards de dollars.
Ces deux réacteurs devaient être achevés avant 2003, mais les travaux ont pris beaucoup de retard, en fait le premier coup de pioche a été donné cette année seulement. La Corée du Nord a souvent invoqué pour justifier de son côté le manque de transparence et le refus de laisser intervenir les inspecteurs de l'Agence internationale pour l'énergie atomique. D'ailleurs, depuis 1993, l'agence de Vienne n'a eu accès qu'à des sites secondaires.
De toute façon, aujourd'hui, selon les responsables américains, les autorités nord-coréennes considèrent ce traité pourtant arraché de haute lutte comme nul et non avenu. Washington estime même que le régime communiste possède assez de plutonium pour se doter de deux bombes atomiques. Cette crise est un coup dur à la politique de réconciliation de la Corée du Sud qui va devoir s'aligner sur son allié américain pour exiger le respect du traité de non prolifération et abandonner un peu de ses principes de conciliation. Le processus de rapprochement entre les deux Corées qui s'était accéléré depuis cet été est donc à nouveau menacé. Pyongyang est à nouveau isolé. Tous les pays du monde ont dénoncé l'attitude nord-coréenne, depuis l'Europe unanime jusqu'au Canada. Seules la Chine et la Russie restent avares de commentaires. La gravité de la situation laisse penser que les pays occidentaux ne se contenteront pas de simples condamnations verbales.
Avec cette révélation, le régime de Pyongyang montre encore une fois son visage le plus noir, celui d'un pays imprévisible, provocateur et donc dangereux. Pourtant en annonçant l'existence de son programme nucléaire, Pyongyang abat une de ses dernières cartes. Le régime n'a semble-t-il plus d'atout dans son jeu pour aborder les prochaines rencontres internationales. Nous assistons donc à une forme de suicide diplomatique. Cette stratégie de négociation au bord du gouffre trahit la situation quasi-désespérée de la Corée du Nord. (Chronique spéciale Radio Corée Internationale du 22/10/02)
¤ RFI21510 - Chronique Asie : Indonésie: la fin des ambiguïtés? LIndonésie ne pourra plus faire comme si elle ne savait pas que le terrorisme existait chez elle. Et la classe politique indonésienne, désormais sous la pression internationale, notamment des Etats-Unis, devra renoncer à ses ambiguïtés, face à des groupes extrémistes, foncièrement anti-occidentaux.
Au mois de mai dernier, en pleine guerre déclarée contre la terreur, le vice-président indonésien, Hamza Haz, chef du PPP, le plus grand parti se réclamant de lislam, se permettait encore de rendre visite dans sa prison au chef des Laskar Jihad, un groupuscule qui faisait la guerre sainte contre les chrétiens, notamment aux Moluques. Pourtant, lhomme, arrêté pour incitation à la violence intercommunautaire, était peu recommandable: dorigine yéménite, Jaffar Umar Thalib se flatte, en effet, davoir fait le coup de feu en Afghanistan après des études à linstitut Maududi au Pakistan. Et de retour dans larchipel, il a créé un réseau décoles coraniques, viviers des commandos partis faire la guerre sainte contre les chrétiens.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la présidente indonésienne ménageait la chèvre et le chou. Amie des Etats-Unis, elle faisait néanmoins semblant dignorer les groupes extrémistes musulmans. Après le carnage de Bali, ces complaisances ne sont plus de mise.
Aujourdhui, Mégawati Soekarnoputri se retrouve dans la position du président pakistanais après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Comme le général Musharraf avait dû sacrifier son alliance avec les talibans, Mégawati Soekarnoputri doit frapper les groupuscules, quitte à mécontenter ses alliés politiques et concurrents potentiels.
A contrario, elle ne peut pas compter de la même façon que son homologue pakistanais sur larmée. Tandis que le général, devenu président à la suite dun coup détat, reste son chef suprême, Megawati Soekarnoputri doit composer avec elle. Autre différence: le général pakistanais vient de prouver quil pouvait écarter des élections les dirigeants trop connus. Ce nest pas le cas de la présidente indonésienne, issue délections libres, les premières après une longue dictature militaire. Symbole du retour à la démocratie, Megawati Soekarnoputri na pas les coudées franches. 15/10/02 - Hélène DA COSTA (France-Corée) - ©RFI.
¤ RFI21014 - Chronique Asie: Indonésie : la présidente fragilisée : Traditionnellement, les Balinais répandent des fleurs pour conjurer les démons. Cette fois-ci, ces rites n'ont pas évité la catastrophe, le carnage. Manifestement, les terroristes ont frappé là où on ne les attendait pas. Car Bali, l'île où l'influence de l'hindouisme est si forte, paraissait un havre de paix comparée aux autres îles notamment Java, la surpeuplée.
En s'attaquant à Bali, le fleuron du tourisme occidental, lune des villégiatures préférées des Australiens tout proches, des Américains, des Européens, ils étaient sûrs de frapper les esprits, d'occuper la une des médias du monde entier. Le terrorisme publicitaire serait bien dans les méthodes des groupes proches d'Al Quaïda.
Mais Bali est aussi le fief de la présidente Mégawati Soekarnoputri, balinaise par sa mère. Cet attentat est un défi à son pouvoir et un camouflet pour elle. La seule présidente d'un pays musulman, qui plus est du premier pays musulman du monde par sa population, avait cru échapper au «choc des civilisations» en louvoyant, en faisant le gros dos.
Tout en se déclarant solidaire avec les Etats-Unis, très vite après les attentats du 11 septembre 2001, elle s'est employée à ménager les groupes musulmans, éventuellement les extrémistes, afin de préserver son alliance avec Hamza Haz, le vice-président indonésien, chef d'un parti islamique.
Par exemple, malgré les pressions américaines, la présidente n'a pas manifesté le même empressement que ses voisins malaisien ou singapourien à réprimer les extrémistes présumés, opérant à cheval entre plusieurs États d'Asie du sud-est.
Quelle que soit l'identité des auteurs de l'attentat de Bali, la présidente va devoir donner des gages en matière de lutte anti-terroriste aux Américains. Elle se retrouve également fragilisée face à l'armée.
Cette dernière est mécontente de perdre ses prérogatives de maintien de l'ordre en faveur de la police, mécontente de la politique de décentralisation qui rogne ses fiefs et ses avantages acquis. Paradoxalement, le carnage de Bali pourrait inverser la vapeur à son avantage. Parions aussi que les Etats-Unis achèveront de lever l'embargo sur la coopération militaire avec l'Indonésie. Sur ce point, le carnage de Bali pourrait effacer la sanction des massacres provoqués par des militaires indonésiens, en 1999, au Timor-oriental. - Hélène DA COSTA (France-Corée) - ©RFI.
RFI20927 ¤ Confidentiel dAsie : Les Japonais deviendraient-ils anti-américains ? A la question : «Dans dix ans, quel est, selon vous, le pays qui présentera le plus grand danger pour larchipel ?». Des étudiants duniversités prestigieuses ont répondu de façon surprenante. La Corée du Nord arrive en numéro un pour seulement 22% dentre eux. Pourtant, un de ses missiles a survolé larchipel en août 98 avant de sabîmer dans le Pacifique et le président Bush la rangée dans «lAxe du Mal». 38% du même groupe détudiants considèrent la Chine comme le pays le plus menaçant à lavenir. De fait, la Chine se développe à toute vitesse tandis que le Japon stagne depuis une décennie. Mais, pour le plus grand nombre, pour 40% des é! tudiants, le pays le plus dangereux, ce sont les Etats-Unis ! Preuve que les grandes déclarations de solidarités après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis étaient plutôt de la poudre aux yeux.
Ce sondage a été réalisé au deuxième trimestre par Jean-Marie Bouissou, un chercheur français, auprès dun échantillon de 350 étudiants en Droit et Sciences politiques issus des douze plus grandes universités.
LInde et le Pakistan ont vraiment été au bord de la guerre, avec un risque de recours aux armes nucléaires, au mois de mai dernier. Selon Samina Ahmed, directrice dans ce pays de «lInternational Crisis Group», une ONG, la crise a été encore plus grave que celle de Kargil trois ans plus tôt. Cette année là, des militants appuyés par larmée pakistanaise avait remis en cause le statu quo le long de la ligne de démarcation qui coupe le Cachemire en deux, ils étaient passés de lautre côté, du côté indien.
En mai dernier, selon Samina Ahmed, «le président Musharraf a fait une erreur de calcul ». Alors quil avait promis aux Américains de faire cesser les infiltrations de militants au Cachemire, coté indien, Il en a, au contraire, laissé passer en grand nombre. En effet, il croyait que la communauté internationale ne se mobiliserait pas car elle avait trop besoin de lui pour combattre Al Quaida. Les faits lui ont donné tort.
LAfghanistan attend désespérément laide internationale promise lors de la conférence de Tokyo en janvier dernier. Le seul problème est que le pays manque de tout, délectricité et de chauffage dans les ministères et surtout dexperts pour rédiger des projets. Or, faute de projets, il ny a pas dargent.
Des associations tentent de sortir de ce cercle vicieux. Par exemple, Ahmed Akram, un ingénieur afghan réfugié en France, crée une Fondation pour la Reconstruction. Son objectif est notamment de soccuper des orphelins. A Kaboul, ils seraient environ 100 000. Hélène DA COSTA (France-Corée) - ©RFI. www.rfi.fr
RFI20923 ¤ CHRONIQUE ASIE - Hélène Da Costa : Le dialogue Europe-Asie plus politique LAsie et lEurope se rencontrent au sommet pour la première fois depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Dans le contexte de la guerre contre la terreur du président Bush, «tous solidaires de lAmérique», la rencontre de lEurope et de lAsie, lAsem, peut sembler anecdotique.
Cette idée de dialogue eurasiatique, lancée par Singapour et relayée en Europe par la France, était née en 1996 dans un climat bien différent. LAsie, portée par la belle santé de léconomie américaine, son premier débouché commercial, était la région la plus dynamique du monde. Pour leur part, les Européens rêvaient de tigres et de dragons, cest le surnom donné aux nouveaux pays industrialisés dAsie, les Européens voulaient sy faire une place au soleil.
Pour les pères fondateurs de lAsem, le monde se comparait à un triangle inégal avec trois pointes, représentant lAsie, les Etats-Unis et lEurope. Tandis que les relations entre les Etats-Unis et lEurope dune part, celles entre les Etats-Unis et lAsie dautre part, étaient très développées, celles entre lEurope et lAsie restaient bien maigrelettes. Lambition des promoteurs de lAsem était donc de rééquilibrer le monde, de rallonger le petit côté du triangle pour que les relations Etats-Unis-Europe-Asie forment désormais un triangle avec trois côtés égaux. Dans leuphorie de la mondialisation, lAsem misait sur léconomie.
Depuis le lancement des rencontres au sommet, la part des échanges entre lEurope et lAsie sest nettement accrue. Elle représente aujourdhui près de 8% des échanges mondiaux contre 10,5% pour le commerce entre lAmérique du Nord et lAsie Pacifique.
Cependant, la crise financière asiatique de 1997-1998 a modifié la donne. A lexception de la Chine, les pays émergents dAsie ont perdu de leur attrait aux yeux des investisseurs étrangers. Et depuis lors, lavènement dune administration américaine, davantage attentive aux rapports de force militaires quaux progrès de la libéralisation économique, a stimulé les besoins de dialogue sur les grands problèmes du monde.
Trop faibles pour sopposer de front au géant américain, Européens et Asiatiques se cherchent des connivences au moins pour linfluencer à la marge. RFI - Hélène DA COSTA - (France-Corée) .
RKI20924 - ¤ Corée du Nord : recherche capitaux désespérément .
La création, au mois de septembre, d'une enclave capitaliste sur le territoire de la Corée du Nord ressemble à une nouvelle tentative, désespérée, pour attirer les capitaux étrangers et sauver le régime communiste de la faillite.
La mesure la plus spectaculaire de ce projet est peut-être la nomination à la tête de cette zone administrative spéciale d'un étranger. En effet, Kim Jong-il a confié la gestion de Sinuiju à Yang Bin, un homme d'affaires de 39 ans d'origine chinoise mais de nationalité néerlandaise. L'homme a fait fortune dans le textile aux Pays-Bas avant de revenir en Chine dans les années 90. Ce millionnaire en dollars n'est pas un inconnu du régime communiste, il a déjà monté une entreprise horticole mixte dans la banlieue de Pyongyang, un centre spécialisé dans la culture des orchidées.
C'est donc ce symbole vivant du capitalisme qui va prendre les rênes de Sinuiju, un signal fort à l'attention des investisseurs étrangers. Une manière de les rassurer et de leur faire comprendre que le pays se met à l'heure des règles commerciales internationales.
D'ailleurs, le statut de cette zone administrative spéciale lui octroie une large autonomie. Ainsi, les autorités de Sinuiju auront pouvoir législatif et judiciaire, bref échapperont au contrôle du gouvernement central. Yang Bin pourra autoriser l'implantation des entreprises étrangères. Il n'y aura pas de visa pour les étrangers, pas de taxes douanières, seulement un impôt sur le revenu sera prélevé. Par ailleurs Yang Bin a annoncé que la moitié de ses ministres seraient occidentaux dont un Européen pour le portefeuille de la Justice. Encore un gage pour les étrangers.
Le modèle de cette petite cité-état est à mi-chemin entre Shenzhen et Hong-Kong. Le statut de quasi extra-territorialité sera garanti pendant 50 ans, la même période a été appliquée à l'ex-colonie britannique. Et dans les deux cas, le vocabulaire est ambigu. On peut se demander, par exemple, si ce n'est pas la Corée du Nord toute entière qui a un statut spécial pendant un demi-siècle, le temps d'acclimater le capitalisme, de le domestiquer et d'en faire un pilier du régime stalinien. La Chine communiste n'a pas fait autrement et jusqu'ici les réformes instillées depuis le début des années 80 ont bien rempli leurs objectifs.
Maintenant, reste à savoir si les avantages fiscaux et les mesures d'exception vont suffire à attirer les investisseurs. Le coût très bas de la main-d'oeuvre nord-coréenne pourrait bien séduire les industries sud-coréennes et certaines entreprises chinoises. D'ailleurs la nouvelle zone économique spéciale se situe tout au nord-ouest de la Corée du Nord, au bord de la frontière chinoise et sur la future ligne de chemin de fer qui devrait traverser la péninsule l'an prochain.
Mais il faut aussi se souvenir que ce n'est pas la première enclave capitaliste sur le territoire communiste. La précédente zone spéciale de Rajin-Sonbong est restée désertée par les investissements. C'est pourquoi le régime nord-coréen surenchérit aujourd'hui pour séduire les capitaux internationaux.
Alors, le modèle chinois pourra-t-il s'appliquer en Corée du Nord ? L'empire rouge avait quelques atouts que son voisin n'a pas. Déjà, Pékin a exploité le fantasme occidental du marché de " Un milliard de consommateurs ", de plus le pays avait une économie plus ou moins en état de marche et une politique de réforme planifiée avec beaucoup de précision et d'efficacité.
Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-il, est visiblement convaincu de la nécessité de l'ouverture et du changement. Mais il s'engage tardivement dans un contexte économique international difficile. Le plus solide espoir de redressement pourrait venir tout simplement de Séoul. Les affaires pourraient bien réconcilier les deux frères ennemis. Reste à en convaincre l'opinion publique sud-coréenne.
RFI20920 - ¤ Confidentiel dAsie : LInde est confrontée à la pire sécheresse depuis quinze ans . Et presque tous les états sont frappés. La mousson de juin à septembre est cruciale pour lagriculture qui contribue à hauteur de 25% de la richesse nationale. En conséquence, les prévisions de croissance économiques ont été revues à la baisse Cette dernière qui avait cru de 5,4% lan dernier promet dêtre réduite cette année à 4,8%.
On assiste à un regain de lanalphabétisme en Chine : Le phénomène qui ne touchait plus que 8,72% de la population adulte au lieu de 80% il y a cinquante ans fait des ravages au sein des populations flottantes, cest à dire des paysans qui tentent leur chance à la ville. Faute dêtre enregistrés légalement dans leurs villes dadoption, leurs enfants doivent payer une taxe appelée «emprunt éducatif» donc beaucoup ne sont pas scolarisés. Sinon, lenseignement primaire nest toujours pas généralisé dans les régions ouest. Et sur les 85 millions danalphabètes, près des deux tiers sont des femmes. Même en régime communiste, les traditions ont la vie dure!
Les étudiants malaisiens et indonésiens aux Etats-Unis se plaignent de lallongement des délais pour obtenir leur visa: Ils doivent attendre six à huit semaines de plus. Résultat: nombre dentre eux rateront le début des cours. Selon les nouvelles normes de ladministration américaine, instaurées après les attentats du 11 septembre 2001, les demandes de visas pour des hommes de 16 à 45 ans doivent être contresignées à Washington sils sont originaires du Pakistan, de Malaisie et dIndonésie, trois pays musulmans dAsie. Au total, 26 pays sont visés par ces restrictions.
A Paris, les grands antiquaires spécialisés dans les arts asiatiques organisent leur première biennale : Vous pouvez retrouver ces magnifiques objets au carré des sangliers dans les jardins des Tuileries du 21 au 25 septembre. LAsie est très à la mode en France et notamment à Paris. Cet été, deux hebdomadaires avaient consacré leur couverture à lart de vivre asiatique. LExpress aux leçons de la sagesse asiatique, le Nouvel Observateur aux réussites des médecines orientales. Le Festival dautomne rend hommage à la culture coréenne et le week-end dernier, la pagode de Vincennes a accueilli le troisième festival culturel du Tibet et des peuples de lHimalaya dont un opéra tibétaine. Le spectacle a affiché complet. RFI - Hélène DA COSTA (France-Corée).
RFI20917 - ¤ Chronique Asie RFI - Hélène Da Costa : Japon, Corée du Nord: le pari de Koizumi Ce voyage du Premier ministre japonais en Corée du Nord, cest quitte ou double. Cest un pari car la conjoncture internationale ne se prête pas au dialogue. Le président Bush a mis le régime de Pyong Yang est dans le même sac que lIran et lIrak, au sein dun «axe du mal». Dans cette configuration, il semblerait logique que le Japon, meilleur allié de Washington en Asie du Nord-Est tourne le dos à la Corée du Nord. De toute façon, les sources de ressentiments ne manquent pas.
Les Coréens du Nord ont la haine à légard de lancien colonisateur nippon qui a multiplié les exactions jusquà la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. En outre, le Japon a le tord, aux yeux de la nomenklatura communiste de Pyong Yang, dêtre lobligé du Grand Satan américain.
De leurs côtés, les Japonais soupçonnent la Corée du Nord davoir enlevé onze de leurs concitoyens. De surcroît, ils seraient aux premières loges au cas où elle ferait usage de ses missiles. Ce nest pas une simple hypothèse décole. En août 98, lun de ces engins nord-coréens a survolé le territoire nippon avant de sabîmer dans le Pacifique. Officiellement la fusée devait lancer un satellite à la gloire du père fondateur de la Corée. Mais on nen a jamais vu la couleur!
En cas dintervention américaine contre lIrak, la Corée du Nord pourrait bien être la prochaine cible de «la guerre contre la terreur». Et le Japon risque de se retrouver pris en sandwich entre son allié américain et le régime du Nord.
En conséquence, Tokyo profite du répit actuel pour tenter de normaliser ses relations avec Pyong-Yang. Et le «Cher Leader» nord-coréen, cest ainsi quil se fait appeler, a entrepris une opération de charme afin de sauver son économie du naufrage. Car, létablissement de relations diplomatiques saccompagnerait du versement par Tokyo de compensations pour loccupation de la péninsule de Corée entre 1910 et 1945.
A titre personnel, le Premier ministre japonais joue son avenir politique. Un succès à Pyong Yang restaurerait sa popularité bien entamée, faute de réformes énergiques. A contrario, un échec serait le prétexte tant attendu par les notables de son propre parti pour torpiller les mesures quil peine à faire voter.
Par une étrange ironie de lhistoire, le Premier ministre nippon est ,cette fois-ci, à la merci dun dictateur coréen, nord-coréen. RFI - Hélène DA COSTA (France-Corée) - http://www.rfi.fr/ .
EXP20905 - ¤ Le jeu de la Corée du Nord : Rencontres sportives à l'étranger, réformes économiques, gestes diplomatiques : l'ouverture en trompe l'il fait partie de sa stratègie de survie. À Séoul, le stade de la Coupe du monde accueillera, samedi 7 septembre, un match "amical"...très politique: pour la première fois depuis dix ans, les équipes des deux Corées s'affronteront sur la pelouse. Trois semaines plus tard, du 29 septembre au 14 octobre, la Corée du Nord enverra 600 personnes, athlètes et supporters inclus, à Pusan, en Corée du Sud, pour les Jeux asiatiques. Une autre " première " : Pyongyang, qui avait en juin boycotté la Coupe du monde de football, s'était toujours refusée jusqu'ici à participer à une compétition sportive au sud. Séoul a également fait un geste en autorisant à son voisin hymne et drapeau au moment de la proclamation des résultats. Mais, comme à Sydney en 2000, les deux pays ennemis, toujours " techniquement " sur le pied de guerre, défileront sous une bannière commune.
Les jeux de Pusan scelleront, symboliquement, un réchauffement amorcé depuis quelques semaines. Le déclic a eu lieu en juillet, quand Pyongyang s'est excusée après un incident militaire en mer de Chine qui s'est soldé par plusieurs dizaines de morts des deux côtés. Depuis, le Nord et le Sud ont relancé les différents projets de coopération définis lors du sommet de Pyongyang de 200), tels l'achèvement d'une jonction ferroviaire à travers la DMZ (zone démilitarisée), les réunions de familles séparées, ou encore la création d'un espace d'économie mixte au nord de la frontière.
Économie moribonde : Plus surprenant encore, le dernier régime stalinien de la planète fait mine de se lancer dans des réformes internes: Kim J ong-il, qui a multiplié en deux ans les voyages d'étude en Chine et en Russie, a décidé de soumettre l'économie moribonde de la Corée du Nord à la vérité des prix. Si l'on en croit les communiqués officiels, il s'agirait ni plus ni moins de " se débarrasser de ce qui est soviétique dans la gestion de l'économie ", d' "assurer le profit réel" en "supprimant la subvention de l'Etat dans la définition des prix "... Selon les dernières estimations, le prix officiel du kilo de riz aurait été multiplié par 550, celui du maïs par 300 et celui des tickets de bus par 20. Les salaires, eux, auraient été multipliés par 20 ou 40. Dans le même temps, le won nord-coréen a été dévalué de près de 95 % face au dollar. Pour draconiennes qu'elles puissent paraître dans une économie où tout est quasi gratuit, mais où la pénurie est généralisée, ces mesures viseraient avant tout à étouffer le marché noir.
"La situation économique est devenue extrêmement difficile à gérer. Que la mène ou non à des réformes, il est devenu impératif pour les autorités de réduire le décalage entre les prix officiels et les prix pratiqués sur les marchés libres des paysans, tolérés depuis 1995", explique Koh Il-dong, chercheur au Korea Development Institute, à Séoul. Pour cet expert de l'économie nord- coréenne, la voie empruntée par la Chine de Deng Xiao-ping en 1978 n'est toutefois pas adaptée à la Corée du Nord: " Contrairement à la Chine de l'époque, l'économie nord- coréenne reposait avant tout sur l'industrie: 37 % seulement de la population vivait dans les campagnes. Or, après la disparition de l'URSS, l'industrie s'est littéralement effondrée, et il n'y a aucune chance de réamorr la pompe de côté-là. La base du pouvoir est urbaine, les autorités se méfient des campagnes. Mais, avec la crise, ce sont les populations des villes, autrefois privilégiées, qui souffrent le plus. "Si la famine a reculé, la situation alimentaire reste critique: le Programme alimentaire mondial estime que la Corée du Nord connaîtra un déficit de 400 000 tonnes d' équivalent céréales dans les trois mois à venir.
Dépourvu de ressources internes et de soutien extérieur, le régime, pour les observateurs, n'a qu'une porte de sortie :les investissements étrangers et l'aide humanitaire. Les velléités d'ouverture du dictateur Kim Jong-il ont pourtant un air de déjà-vu: passé maître dans l'art d'obtenir le maximum avec un minimum de concessions, Kim long-il a l'habitude de souffler le chaud et le froid. Il exploite aussi la situation politique en Corée du Sud: à quatre mois de la fin de son mandat, le président Kim Dae-jung est prêt à tout pour que sa "politique du soleil qui brille" soit un succès. Au début de cette année, le gouvernement est ainsi venu à la rescousse d'un projet touristique qui menaçait de péricliter en raison des sommes exorbitantes (12 millions de dollars par mois) exigées par le Nord au promoteur sud-coréen, le conglomérat Hyun-dai. Depuis, Séoul subventionne une partie des excursions.
Plus que jamais, la dynastie communiste de Pyongyang semble naviguer à vue. Kim long-il, qui a eu 60 ans le 16 février dernier, n'a pas encore officiellement confirmé son fils, Kim long-nam, 30 ans, comme son successeur. L' absence de visibilité interne laisse perplexes les observateurs du régime: "En Chine, même du temps du Grand Bond en avant, il y avait différents courants et une certaine transparence, rappelle Koh Il-dong. En Corée du Nord, chaque clan suit sa propre logique et ses intérêts, mais toute opposition est éradiquée. Aucune dissension n'est visible." Pour certains, les dernières réformes entreprises augmenteraient même les chances d'implosion.
"Dans l'état où se trouve l'économie, cela peut très bien mener à de l'hyperinflation et à des dévaluations en chaîne ", estime Lee Young-hwa, un militant de Renk (Rescue the North Korean People!), une association basée à Osaka, au Japon. Il y a un an, Renk aidait sept Nord-Coréens à se réfugier au siège du Haut- Commissariat aux réfugiés à Pékin, obligeant la Chine - qui refuse d'accorder aux Nord-Coréens le statut de réfugiés - à les extrader vers un pays tiers. Depuis, la "crise des réfugiés" a pris de l'ampleur .Ils sont, en dépit de tous les risques, de plus en plus nombreux à fuir ce "paradis des travailleurs" où, apparemment, rien n'a vraiment changé.
Brice Pedroletti à Tokyo - L'Express du 5/9/2002