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Les Bréves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table actualités FRANCE-CORÉE ACTUALITÉS - Les News (4)
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¤ Spécial KBS/RKI : Retour de la confiance en Corée du Sud (6 mai 2004) :
Cest le retour de la
confiance en Corée du Sud. Après un mois de
flottement, les entreprises coréennes ont de nouveau
le moral au beau fixe. La FKI, la
Fédération des Industriels coréens qui
regroupe les plus grandes entreprises du pays, publie tous
les mois une enquête sur lindice de confiance
des patrons. Celui davril est en forte progression par
rapport au mois de mars. Plus de la moitié des
businessmen coréens pensent avoir des perspectives de
développement de leur activités.
Cette confiance repose à la fois sur la stabilité
politique retrouvée et les bons résultats de
léconomie coréenne.
La période de trouble ouverte par la destitution du Président de la République le 12 mars a été refermée par les élections du 15 avril. Les électeurs coréens ont donné une majorité stable au pays. Roh Moo-hyun va certainement retrouver son poste dans les semaines qui viennent. Pendant trois ans, le gouvernement va pouvoir mener une politique dans la continuité. Les patrons ont dû être aussi rassurés par la volonté commune affichée par les deux principaux chefs de parti cette semaine. Chong Dong-young pour le parti Uri et Park Guen-hye pour le GPN, principale formation dopposition. Ils ont décidé duvrer ensemble pour résoudre les problèmes économiques du pays.
Cette confiance des patrons repose aussi sur les bons résultats de léconomie coréenne. Tous les instituts, privés ou publics, ont prédit ces dernières semaines que la croissance coréenne serait plus importante que prévue cette année. Le PIB devrait dépasser la barre des 5 % . Les exportations nen finissent pas de battre des records. Le mois davril na pas échappé à la règle. Les entreprises coréennes ont vendu pour 21,7 milliards de dollars dans les pays étrangers. Ce chiffre est en augmentation de 40 % par rapport à la même période lannée dernière. La consommation intérieure devrait-elle aussi connaître une embellie dans les mois qui viennent et les entreprises étrangères ont, semble-t-il, toujours envie dinvestir en Corée.
Il y a beaucoup de raisons dêtre optimiste donc mais quelques sujets dinquiétude. La situation de léconomie chinoise inquiète les observateurs. On la déjà dit ici, lannonce dun plan daustérité du gouvernement chinois la semaine dernière est venue confirmer ce que lon savait déjà. Il y a un risque de surchauffe dans ce pays, or la Corée est de plus en plus dépendante de lEmpire du Milieu. Les exportations coréennes vers ce géant pourraient être amputées de 5 milliards de dollars. Cela coûterait 0,3 point de croissance au pays du Matin Calme.
Il y a aussi la hausse inquiétante du prix du pétrole. Le baril est à son plus haut niveau depuis 12 ans, au moment de la première guerre du Golfe.
¤ Spécial KBS/RKI : Rencontre entre Chung Dong-young et Park Geun-hye 4 mai 2004
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Rencontre entre Chung Dong-young et Park Geun-hye Ils sont tout sourire sur la photo. Lui porte un Ils sont tout sourire sur la photo. Lui porte un costume sombre et une cravate jaune, elle, tailleur stricte et chemisier blanc. Cest une drôle dunion qui a été célébrée hier entre les chefs des deux principaux partis issus des élections législatives. Pour la première fois depuis le 15 avril, Choung Dong-young rencontrait Park Geun-hye. Leur entrevue a duré deux heures et demie. |
Sur le papier, cet accord ne peut être quapprouvé par la population. Le résultat des élections législatives sexplique en partie par le triste spectacle qui a été donné à lAssemblée nationale lors de la destitution du président de la République. Les sud-Coréens ne veulent plus de ces querelles inutiles entre les partis politiques. Lidée de coopération, ce quon appelle ici le gagnant-gagnant est de ce point de vue excellente. Et puis qui pourrait honnêtement sopposer aux objectifs fixés ? Comment être contre la lutte contre le chômage et la corruption par exemple ? Mais la faiblesse de la démarche réside dans le fait qu aucune solution concrète nait été avancées pour résoudre les problèmes soulevés. Et puis on a soigneusement évité les sujets qui fâchent : la destitution bien sûr mais aussi la réforme de la loi sur la sécurité nationale. Lattitude la plus sage aujourdhui et tattendre un peu pour porter un avis définitif sur cette rencontre. On jugera aux résultats. Mais il est difficile de ne pas voir dans cette rencontre la réalisation dun joli coup. Chong Dong-young et Park Geun-hye vont à coup sûr jouer un rôle politique important dans les années à venir. Certains les voient même saffronter lors de la prochaine élection présidentielle dans trois ans. En sunissant provisoirement, ils essayent peut-être chacun de leur côté de se tailler un profil de chef dEtat, avant tout préoccupé par les problèmes de leurs concitoyens.
¤ Un jour historique pour la Corée ?
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Voilà cest la fin du suspens. Lépilogue dune période qui a commencé par la destitution du Président Roh Moo-hyun le 12 mars. Le parti Uri a finalement remporté les élections législatives le 15 avril. Il obtient 152 sièges contre 121 pour son concurrent conservateur du GPN, le Grand Parti National. Pour la première fois, les citoyens ont envoyé au Parlement une majorité progressiste. La victoire est nette mais que signifie-t-elle exactement ? Quels messages les citoyens ont-ils voulu faire passer? Que révèle cette élection sur la société coréenne ? Ce sont quelques-unes des questions que nous nous sommes posées en réalisant ce nouveau numéro de Séoulscope. |
Seoulscope 22 avril 2004 AUDIO http://rki.kbs.co.kr/asx/program_audio/s040422f.asx
¤ Spécial KBS/RKI Le vote de destitution pourrait bénéficier à Roh Moo-hyun - 2004. 03.15
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Les partis dopposition ont peut-être sans le vouloir fait un joli cadeau au président de la République. Il est trop tôt pour prédire quelle sera la décision de la Cour constitutionnelle. Mais Roh Moo-hyun a déjà remporté une première victoire. Les députés de lopposition conservatrice ont réussi à transformer un président à lautorité vacillante en une victime dun «coup dEtat parlementaire». Le locataire de la Maison Bleue est tout dun coup devenu le symbole de la démocratie bafouée. Et il y a de grandes chances pour que le scrutin législatif dans un mois se transforme en un référendum pour ou contre Roh Moo-hyun. Déjà le parti Uri fait un bon dans les sondages. |
Le GPN et le PDM se retrouvent comme larroseur arrosé. Ils étaient trop sûrs de leur légitimité en engageant ce bras de fer avec Roh Moo-hyun. Trop certains aussi peut-être dêtre suivis par les Coréens. Aujourdhui, ce sont eux, et non Roh Moo- hyun, qui sont désignés comme étant les fauteurs de trouble. Ce qui nest jamais apprécié par lopinion publique du pays du Matin Calme.
Les milliers de manifestants qui protestent un peu partout dans le pays depuis vendredi contre lattitude des parlementaires viennent renforcer ce sentiment. Ce sont pour la plupart de simples citoyens. Ils ne sont dailleurs pas forcément des partisans de Roh Moo-hyun. Ils veulent juste clamer, de manière pacifique, leur attachement à la démocratie. Mais leur cause vient bien évidemment renforcer celle du président.
Pourtant il y a une semaine à peine, Roh Moo-hyun était bien mal en point. Son autorité était de plus en plus contestée. Lancien avocat des droits de lHomme avait déçu ses partisans sans convaincre pour autant ses adversaires. Sur de nombreux sujets, son bilan était plutôt négatif. Les réformes nallaient pas assez vite aux yeux des plus progressistes des Coréens. Son image dhomme intègre était sérieusement écornée par la multpilcation des affaires de corruption touchant ses proches. En matière économique, il navait pas non plus vraiment réussi à convaincre le milieu des affaires. Le dossier nord-coréen navait de son côté pas marqué beaucoup de points positifs.
Mais aujourdhui tout semble oublié. Evidemment, les élections sont dans un mois et beaucoup de choses peuvent changer dici là. Le regain de popularité du président ne sera peut-être que de courte durée. On connaît la volatilité de lopinion publique. Mais dans la course à la victoire pour les élections législatives, une chose est sûre. Lopposition a perdu la première manche.
¤ "Pyongyang exagère ses capacités nucléaires"
Jon Wolfsthal, spécialiste de la prolifération à la Fondation Carnegie, analyse le bras de fer américano-coréen :
Jon Wolfsthal est le directeur adjoint du programme sur la non-prolifération de la Fondation Carnegie, à Washington. Il a passé plus d'un mois en Corée du Nord au cours des années 90, dans le cadre d'un accord américano-nord-coréen signé en 1994. Pyongyang s'engageait alors à geler son programme nucléaire en échange de la livraison d'une centrale non proliférante et de 100000 tonnes de pétrole par an en attendant la construction de cette dernière. L'accord a finalement été rompu en 2002, après que Pyongyang a relancé son programme nucléaire militaire. Les Etats-Unis sont depuis engagés dans un nouveau bras de fer avec Pyongyang.
Entretien:
- Les délégations américaines à Pyongyang disposent-elles d'un mandat ?
Officiellement, elles ne sont pas envoyées par le gouvernement. Toutefois, ces délégations n'auraient pu se rendre à Pyongyang sans l'aval de la Maison Blanche. L'administration Bush espère que les Nord-Coréens feront une proposition qui permettra de faire redémarrer les négociations sur le démantèlement du nucléaire.
- Pourquoi la Corée du Nord a-t-elle invité ces délégations ?
Les Nord-Coréens souhaitent renforcer l'impression qu'ils possèdent l'arme nucléaire que ce soit le cas ou non et ainsi montrer qu'il sera très coûteux pour les Etats-Unis et les autres nations de leur faire lâcher prise. C'est aussi un moyen de signaler qu'ils pourraient négocier sur ce sujet si les Etats-Unis se montrent plus accommodants.
- Quelle est la position américaine ?
Les Etats-unis veulent une dénucléarisation activement vérifiable de la Corée du Nord, qui doit démanteler son programme et ses installations nucléaires, en échange de quoi les Etats-Unis leur offriraient la garantie qu'ils ne seront pas la cible d'une attaque préemptive.
- Qui a violé l'accord de 1994 ?
La Corée du Nord, en violant l'esprit et la lettre de l'accord, est la première responsable. Mais les Etats-Unis ont aussi leur part de responsabilité car ils n'ont pas normalisé leurs relations avec Pyongyang, comme le demandait l'accord.
- Comment Washington s'est-il rendu compte que Pyongyang violait l'accord de 1994 ?
Pyongyang a acheté, à la fin des années 90, du matériel, notamment de l'aluminium très spécial servant à construire des centrifugeuses pour enrichir l'uranium, notamment en Allemagne et en Italie. La technologie, elle, provenait du Pakistan.
- Washington peut-il offrir cette fois-ci, comme dans l'accord de 1994, une centrale non-proliférante ?
Non. Du point de vue de l'administration Bush, l'accord de 1994 est mort et enterré. Etant donné le comportement des Nord-Coréens, il n'est plus envisageable de leur fournir quelque technologie nucléaire que ce soit.
- D'autres carottes sont-elles envisageables ?
Officiellement, Washington explique qu'aucune carotte ne sera offerte à la Corée du Nord pour qu'elle fasse ce qu'elle doit faire de toute façon. Officieusement, la question est bien sûr de savoir ce que l'administration pourrait offrir... Il me semble que cela ne peut pas aller au-delà de ce qui a été offert à la Libye où, en échange d'un démantèlement, les Etats-Unis ont présenté des concessions sur le long terme. Washington a été jusqu'ici beaucoup moins coulant avec Pyongyang, à qui il a simplement promis l'instauration théorique d'un "nouveau type de relations". En gros, cela signifie : "Faites ce qu'on vous dit de faire, sinon..."
- Peut-on envisager des pourparlers secrets en cours entre Washington et Pyongyang, comme il y en a eu avec la Libye ?
J'en serais très surpris car Washington s'efforce d'inclure dans toutes les négociations la Corée du Sud, le Japon, la Chine et la Russie. Mais comme l'a dit Donald Rumsfeld, on ignore ce qu'on ne sait pas.
- La Corée du Nord possède-t-elle l'arme atomique ou bluffe-t-elle ?
Les Nord-Coréens avaient pour objectif de construire des armes atomiques et ils ont eu tout le temps de le faire. Toutefois, les Etats-Unis ne disposent pas de preuve que ce pays possède l'arme nucléaire, et il est possible qu'il ne la possède pas. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que Pyongyang fait tout pour exagérer ses capacités nucléaires, qu'elles existent ou non, afin d'obtenir le maximum des Etats-Unis.
- Quel est le scénario-catastrophe ?
Pyongyang pourrait disposer de six à huit bombes atomiques, être toujours en train de produire plus de plutonium afin d'en assembler davantage, et pourrait de surcroît chercher à les vendre ou à écouler du plutonium auprès d'autres Etats ou de terroristes. Certaines de ces armes atomiques auraient pu être réduites pour équiper un missile Scud-B, Scud-C ou Nodong, d'une portée de 1 300 km donc capable d'atteindre le Japon.
- La Corée du Nord souhaite-t-elle vraiment négocier ?
Oui, mais les Etats-unis n'ont jamais réellement testé l'idée d'un marché par lequel Pyongyang abandonnerait tout son programme nucléaire, assorti de protocoles de vérification, en échange de concessions qui pourraient être retirées en cas de violation. L'accord de 1994 était une sorte de demi-mesure qui n'a jamais été entièrement mise en oeuvre. Il est possible que la Corée du Nord ait l'intention de conserver son programme nucléaire quel qu'en soit le prix. Mais on n'en sera jamais certain tant qu'on n'aura pas essayé.
Source : Liberation.fr (07 janvier 2004) Relais Racines Coréennes.
¤ La Corée du Nord autorise une visite du complexe nucléaire de Yongbyon - 2 janvier 2004
La Corée du Nord a autorisé une délégation américaine à visiter son complexe nucléaire de Yongbyon la semaine prochaine, laissant espérer une solution à la crise opposant le régime stalinien aux Etats-Unis depuis plus d'un an, ont déclaré vendredi des responsables sud-coréens.
Prévue du 6 au 10 janvier, cette visite a été aprouvée par l'administration Bush, selon le quotidien américain USA Today, qui a révélé l'information citant des membres de la délégation.
"L'information est exacte mais nous ne savons pas ce que la délégation américaine va faire en Corée du Nord", a dit le diplomate sud-coréen qui a requis l'anonymat. Selon USA Today, la délégation comprendra notamment un expert nucléaire américain, ainsi qu'un scientifique chinois de l'Université de Stanford, deux conseillers en politique étrangère du Sénat et un ancien responsable du Département d'Etat.
Dimanche, la Corée du Nord avait donné son accord à une nouvelle série de pourparlers multilatéraux sur le dossier nucléaire début 2004. Mais aucune date n'a été fixée.
Un responsable sud-coréen non identifié à Séoul cité par l'agence Yonhap a estimé que la prochaine visite de la délégation américaine constituait "un signal fort de la Corée du Nord indiquant qu'elle n'avait pas l'intention de provoquer une escalade de la crise" qui dure depuis les révélations sur son programme nucléaire en octobre 2002. Un autre responsable gouvernemental a noté que la délégation comprendrait des experts américains des affaires nord-coréennes. "Leur visite en Corée du Nord aura une influence positive" sur la politique de Washington à l'égard d'un des pays de l'"axe du mal", a-t-il estimé.
Cette visite des installations atomiques situées à 90 km au nord de Pyongyang sera la première depuis l'expulsion des inspecteurs de l'ONU il y a un an.
De premiers pourparlers à six (Etats-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie) menés à Pékin fin août n'avaient pas permis de dénouer la crise. La Chine souhaiterait qu'une nouvelle rencontre ait lieu avant le nouvel an chinois qui commence le 22 janvier. Mais des problèmes de fond séparent toujours les Etats-Unis de la Corée du Nord et ont provoqué un report de la session initialement prévue le mois dernier.
La Corée du Nord s'est retirée début 2003 du Traité de non prolifération nucléaire, a expulsé les observateurs internationaux et remis en marche ses réacteurs nucléaires en violation d'un précédent accord conclu en 1994 avec les Etats-Unis.
La CIA estime qu'elle possède une ou deux bombes nucléaires et pourrait en produire une demi douzaine avec le plutonium qu'on peut extraire des 8.000 barres de combustible irradié de Yongbyon. Faisant monter les enchères, de manière invérifiable, le régime stalinien a affirmé avoir achevé le retraitement des barres.
Dans un message de Nouvel an, la presse officielle avait réaffirmé jeudi que la Corée du Nord voulait "une solution pacifique négociée à la question nucléaire". Mais elle ajoutait que la situation dans la péninsule avait atteint une "phase grave" en raison de l'"hostilité extrême" de Washington et promettait les réactions les plus fermes "à la ligne dure des Etats-Unis niant et menaçant notre dignité et notre système". La Maison Blanche avait réitéré lundi que Etats-Unis étaient prêts à reprendre rapidement et sans condition préalable les discussions à six pour parvenir à une élimination complète, vérifiable et irréversible des programmes nucléaires nord-coréens.
Pyongyang exige en contre-partie des garanties de sécurité des Etats-Unis et l'abandon de sanctions politiques et économiques. SEOUL (AFP), le 02-01-2004
¤ Deux morts pour quoi ? - Spécial RKI 2 décembre.
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Dans les réactions du pouvoir à lassassinat de deux ouvriers coréens en Irak, il y a les condoléances aux familles, les mines sévères, les mots « barbarie », « inhumanité », « terrorisme inadmissible», grands vocables des indignations officielles. Et puis il y a un doute, que lon laisse volontairement planer sur la population : et si la voiture victime de lembuscade avait été choisie un peu au hasard ? |
Mais laissons aux autorités le soin de questionner sur leurs intentions réelles les auteurs de lattentat si tant est quils soient jamais capturés. Laissons leur le crédit de cette tentative de diversion dont le but est de faire croire aux citoyens que la Corée ne sest pas encore faite dennemis, là-bas, dans ce lointain pays du Golfe dont des missions gouvernementale et parlementaire reviennent en assurant que les conditions de sécurité ne cessent de saméliorer - et même que les soldats coréens ont la cote du fait des missions pacifistes et humanitaires quils mènent depuis le printemps dans la ville de Nassiriyah. Oui, laissons cela. Et regardons plutôt les faits : il y a quinze jours, une voiture piégée a fait trente-trois morts dans le contingent italien et, le week-end dernier, outre les deux Coréens, deux diplomates japonais et sept agents de renseignements espagnols sont tombés dans des embuscades distinctes. Même les autorités militaires américaines sur place sont obligées de reconnaître ce quon se refuse à voir à Séoul : il y a une concertation croissante des rebelles, et ceux-ci ciblent de plus en plus les alliés de Washington pour les dissuader de se maintenir, voir comme la Corée, de se renforcer dans la coalition. Cela doit suffire à convaincre les Coréens : si comme le gouvernement la laissé entendre, il envoie en renforts des 675 hommes déjà en mission non combattante sur place un contingent de 3 000 hommes, il y aura dautres morts, probablement beaucoup plus que ces deux-là.
Il y aura donc encore, comme hier et avec plus dampleur, des manifestations dorganisations civiques contre la participation de Séoul à une guerre illégale imposée par lallié américain et à laquelle sopposent la majorité des nations. Cette opposition, le gouvernement ne semble pas bien la mesurer. Au lieu, comme le Japon, de retarder sa participation à la coalition américaine, il semble plutôt que le ministère de la Défense veuille profiter de leffet attentat pour justifier dinclure une force combattante dans le nouveau contingent coréen. Une division de 1 200 à 1 500 hommes qui risque de nous être présentée comme gardienne des forces du génie et des unités médicales composant le reste du contingent quand, comme lont demandé les Américains, elle risque bien plutôt dêtre impliquée dans la « pacification » plus ou moins violente dune partie du pays. Inutile dergoter sur la question : il semble en effet inévitable dinclure des unités armées dans les renforts coréens si lon veut que ceux-ci soient en mesure de se défendre. De même quil est difficilement envisageable pour Séoul de totalement refuser une aide au grand frère américain à lheure où la Corée du Sud attend avec empressement laide de ce dernier dans le règlement de la crise nucléaire nord-coréenne.
Mais ce que lon aimerait, au moins, cest une véritable réflexion sur la nature de la mission du nouveau contingent, et sur la période où il sera dépêché. On sait ainsi que George Bush a prévu le transfert aux Irakiens de la souveraineté de leur pays fin juin 2004, ceci via des législatives et un gouvernement provisoire. Aussi, pour limiter les pertes, et les dégâts en termes dimage diplomatique, la Corée serait-elle bien inspirée de coupler sa présence militaire à cet agenda, notamment en la limitant dans le temps. Si la mort de Kim Man-soo et de Kwak Kyong-hae doit pouvoir servir à sauver dautres vies, cest ce débat qui doit aujourdhui être ouvert aux Coréens.
¤ Spécial RKI31029 - Volte-face :
2003.10.29 - Cest un de ces revirements dont le régime de Kim Jong-il a le secret. Samedi, la Corée du Nord a indiqué quelle allait finalement « prendre en considération » loffre faite la semaine davant par George Bush : une garantie de sécurité écrite et co-signée par plusieurs pays en échange du démantèlement de son programme darmement nucléaire. Quatre jours avant, réagissant à la proposition faite par le président américain lors dun sommet avec son homologue sud-coréen à Bangkok, Pyongyang avait balayé de quelques formules assassines toute solution qui ne répondrait pas à son exigence première : un traité de non-agression signé directement avec Washington. De là à condamner les pourparlers à six visant à lui faire lâcher son arsenal nucléaire, il y avait un pas que les observateurs nosaient pas encore franchir.
Et puis le régime
juchéiste a brusquement changé son fusil
dépaule, posant aux observateurs des
problèmes dinterprétation. A
Séoul, on estime que cest la dernière
position qui doit être retenue. Elle a en effet
été communiquée par un porte-parole du
ministère nord-coréen des Affaires
étrangères, tandis que le rejet formulé
précédemment lavait été
par un simple éditorial de la radio
officielle. Reste une question : que
sest-il passé entre mardi et samedi pour
expliquer ce changement ?
Difficile à dire, étant donné
lopacité du régime de Pyongyang. Si lon
exclut lidée dun dysfonctionnement, certes
toujours possible, on peut y voir une des stratégies
classiques au Nord : dire dabord « non », pour juger
des réactions du camp adverse, puis ayant sauvé la face
virer de bord afin de déjouer les calculs.
Elargissant lanalyse, on peut distinguer deux raisons ayant poussé Pyongyang à se dédire. Premièrement la prise de conscience que Bush, avec cette offre de sécurité collective, a fait un pas qui aurait semblé inespéré il y a encore quelques mois. Kim Jong-il est nécessairement conscient que ce quil exige un pacte de non-agression ne sera jamais accepté par Washington : ni à la Maison Blanche, ni au Congrès, celui-ci décidant de la ratification dun tel traité en dernier ressort. Enfin, il ne faut pas loublier, Bush junior prépare déjà lélection présidentielle de lan prochain : il est en difficulté sur lIrak et a donc besoin denregistrer des avancées dans sa politique nord-coréenne, sans bien sûr donner limpression de céder à lEtat communiste.
Le second élément ayant joué en faveur du revirement de la Corée du Nord, cest la relative communauté de vue qui, lors du sommet de lAPEC à Bangkok, sest dessinée entre les cinq pays dialoguant avec Pyongyang dans le cadre des pourparlers à six. Les Etats-Unis se montrant moins intransigeants, leur position se rapproche donc de celles de Tokyo et de Séoul, plus conciliantes. Du coup la Russie et la Chine, Etats les plus proches de la Corée du Nord, se sentent un peu plus autorisées à faire pression sur lancien pays frère pour le forcer à reprendre le dialogue. Cest particulièrement vrai de la Chine, qui a engagé sa crédibilité dans le processus à six, dit de Pékin, et veut à tout prix éviter quil capote. Avant même que le régime nord-coréen nannonce sa décision détudier la proposition américaine, la presse nous avait appris que Wu Bangguo, président du parlement de Pékin, allait bientôt se rendre en visite officielle au nord de la péninsule. Cest désormais confirmé : la visite du numéro deux chinois débutera demain mercredi, elle a pour but de demander à Kim Jong-il de revenir à la table des négociations et il ne fait pas de doute que cette offensive diplomatique a pesé dans lannonce faite samedi par le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Ce serait cependant aller un peu vite en besogne que danticiper une reprise des pourparlers à six. Le porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères la bien dit : la proposition de Bush sera prise en considération si elle démontre une volonté de conclure un accord global. Il suffit de lire entre les lignes : avant de revenir vers ses partenaires de dialogue, Pyongyang va probablement avancer dautres revendications, notamment une reprise, ou une extension, des aides économiques et énergétiques de la communauté internationale, et éventuellement la normalisation de ses relations diplomatiques avec Washington.
Même si à ces conditions les pourparlers à six reprennent dans les semaines à venir, il faudra rester très prudent sur leurs résultats. Un gros point dinterrogation persiste en effet sur la stratégie de Pyongyang. La course au nucléaire vise-t-elle à arracher des concessions à Washington ? Si cest le cas, un véritable dialogue peut sinstaller. Mais si ces négociations à rallonge ne sont pour Kim Jong-il que le moyen de gagner du temps pour se constituer un arsenal nucléaire, on voit mal comment le «cher leader» accepterait de le démanteler comme les Américains le demandent. Ce serait, pour un petit pays sans économie solide ni ressource naturelle, se mettre totalement à la merci de ses voisins. Une volte-face quon ne peut guère attendre de sa part. RKI 29 octobre
¤ Spécial RKI31020 - L'Irak à reculons
2003. 10.20 - C'est probablement avec un très grand soulagement que, jeudi dernier, le président Roh a accueilli le vote de la résolution américaine sur l'Irak au conseil de sécurité de l'ONU.
Cette guerre
décidée unilatéralement, et dans
laquelle la Corée s'est retrouvée
embarquée malgré elle, allait enfin gagner un
vernis de légitimité, la résolution
autorisant la création d'une force multinationale
sous commandement américain pour pacifier un pays qui
décidément résiste à ses "
libérateurs ". En septembre dernier, on avait
appris par des indiscrétions que les Etats-Unis,
trouvant insuffisant le contingent de 600 et quelques hommes
du génie et du corps médical
précédemment envoyé par Séoul,
demandaient beaucoup plus : une force combattante de 3 000
à 10 000 hommes.
Celle-ci, sur le modèle des troupes envoyées par la
Pologne, pourrait chapeauter une division multinationale s'occupant
de pacifier une région entière, en l'occurrence Mossoul
au nord de l'Irak.
Pendant tout le mois qui a suivi cette demande, le gouvernement, comme paralysé, n'a pu donner de réponse. Il a juste mis en avant la nécessité d'évaluer l'opinion des Coréens, ainsi que la situation internationale et la situation sur le terrain, une mission d'évaluation ayant pour cela fait une visite éclair en Irak. Pourquoi ce silence ? Tout simplement parce que Roh Moo-hyun est pris en ciseaux. Le chef de l'Etat aurait été tenté de dire " non ", par idéologie, et surtout parce que sa base électorale demande ce refus. Sauf qu'il a été pressé de dire " oui " par les Etats-Unis, alliés de la Corée depuis 50 ans exactement. Cette fracture, que le président a manifestement eu du mal à gérer, elle se retrouve au sein de la population. Dans les sondages, une légère majorité de Coréens se sont dit opposés à l'envoi de troupes combattantes sans aval de l'ONU. Cette majorité, c'est peu ou prou celle qui a porté Roh à la tête de l'Etat en décembre 2002 : les plus jeunes, généralement progressistes et anti-américains. Ils mettent en avant, avec raison, que l'invasion de l'Irak s'est faite sans légitimité internationale, et qu'envoyer des troupes sur place revient à risquer la peau de soldats coréens dans une guerre d'agression extérieure, ce que la constitution interdit. Ces forces du " non ", elles étaient déjà descendues dans la rue au printemps dernier, quand le parlement avait eu à voter l'envoi du premier contingent non-combattant, et la mobilisation a repris ce week-end. Un problème pour Roh, qui, dans l'éventualité où il pourrait organiser son referendum de confiance en décembre, doit à tout prix éviter de décevoir ses électeurs. Au lieu, comme il l'a fait au printemps dernier, de satisfaire les conservateurs, les plus ardents défenseurs de l'alliance Séoul-Washington, qui mettent en avant les retombées en terme de prestige et de contrats de reconstruction que l'envoi de troupes combattantes offriraient à la Corée.
Dans ces conditions, on pourrait se demander pourquoi le chef de l'Etat ne refuse pas tout simplement les sollicitations de Washington. En fait parce que la bienveillance du grand allié est ces temps-ci absolument nécessaire. Sur deux dossiers : premièrement, la crise nucléaire nord-coréenne, dans laquelle Roh ne cesse de demander à Bush plus de souplesse à l'égard du régime nord-coréen, notamment en accordant à ce dernier une garantie de non-agression. Deuxièmement, la négociation en cours sur le repositionnement des bases américaines en Corée, Séoul devant batailler ferme pour éviter une réduction des effectifs du Pentagone sur son sol, ceux-ci étant bien utiles comme force de dissuasion face à la Corée du Nord.
On le sentait depuis la demande américaine en septembre : du fait de ces deux dossiers, Roh ne pouvait dire " non " à George Bush. Il lui fallait juste trouver le moment le moins défavorable. Or, avec une population qui, toujours d'après les sondages, est à 70 % pour envoyer des renforts si ce contingent est placé sous mandat de l'ONU, le vote du conseil de sécurité a été ce moment tant attendu par la Maison Bleue.
Le feuilleton n'est pas terminé pour autant. Se réservant une marge de manuvre avant son entrevue d'aujourd'hui avec le président Bush, Roh n'a annoncé ni le caractère - combattant ou non - ni l'ampleur du contingent qui sera dépêché. Il souhaite attendre, a-t-il dit, le résultat d'une seconde mission d'évaluation qui doit être envoyée à Mossoul. D'ici là, il y a fort à parier que, dans la rue, anti-guerre et pro-américains fassent plus que jamais entendre leurs cris.
¤ Entre Issy et Guro (Séoul) : un nouveau lien d'amitié vers le partenariat concret et durable
Dans le cadre de récente initiative pour un partenariat entre deux Cités, une délégation officielle de District de Guro (Séoul) a été accueillie du 13 au 20 juin 2003 par la ville d'Issy-les-Moulineaux (département Hauts-de-Seine).
C'est à la ville d'Issy-les-Moulineaux que le KLAFIR Paris a fait visiter, au début de l'année 2002, une délégation coréenne composées par plusieurs responsables de chaque collectivité territoriale afin de leurs présenter des réalisations remarquables en matière de réaménagement urbain, non seulement pour sa qualité innovante mais aussi pour sa philosophie d'harmonie entre la modernité et la tradition, l'homme et la nature, l'esthétisme et le pragmatisme. Après ce contact important, un journaliste coréen a fait apparaître un article sur la Ville et sa maire, Monsieur André SANTINI et, par la suite, un District séoulite a manifesté son souhait de nouer un lien amicale avec Issy.
Monsieur KWON Young-gyu, le
Directeur Général du KLAFIR Paris, a
adressé ce souhait de partenariat à la mairie
d'Issy et cela coïncide à la nomination de M.
SANTIN en tant que Président du groupe
d'Amitié France - Corée à
l'Assemblée Nationale. C'est à ce titre que le
Président de la République française,
Jacques CHIRAC, lui a demandé de représenter
la France aux cérémonies d'investiture du
nouveau Président sud-coréen, M. ROH Moo-Hyun,
en février 2003. Lors de sa visite en
Corée M. SANTINI s'est entretenu avec le Maire du
District de Guro, Monsieur YANG Dae-Woong. Les deux maires
ont alors évoqué des prochains projets de
coopération : échanges de fonctionnaires,
rencontres de jeunes, échanges
culturels...
C'est dans ce contexte que s'inscrivait la visite, au mois de juin
dernier, de M. LEE Sung, Vice-Maire de Guro, et de 3 autres
fonctionnaires du District.
Dans les années de 70 et 80, le District de Guro a tenu la première importance dans le développement économique du pays entier avec ses nombreuses usines d'industrie lourde, qui sont suivies depuis quelques années des opérations de restructuration. Le programme du séjour de la délégation de Guro s'appuie sur l'expérience de réaménagement menait par la Ville d'Issy, que l'on considère un succès représentatif de sa mutation. Il comprenait donc une présentation de la Ville et de la mutation socio-économique et urbaine qu'elle a connue depuis une vingtaine d'années (exposés théoriques et visites de sites), les actions entreprises en matière de modernisation de l'Administration (Centre d'appels, services en ligne, Conseil Municipal Interactif, Issy Mobile, ...) ainsi que la politique culturelle mise en oeuvre au niveau municipal.
La délégation de Guro a également participé à une réunion de travaille avec des représentants municipaux d'Issy et des représentants du KLAFIR Paris afin de discuter des modalités concrètes de mise en oeuvre des prochains projets qui seront réalisés dans le cadre du partenariat Issy - Guro. Le déplacement d'une délégation officielle isséenne à Séoul est ainsi prévu pour le 1er octobre prochain, à l'occasion de la fête annuelle du District de Guro. Une semaine de la culture coréenne sera également organisée à Issy-les-Moulineaux, au début du mois d'avril 2004.
Source: Centre Coréen des Collectivités Locales (KLAFIR Paris) e-mail : klafirparis@wanadoo.fr
NDLR: C'est à Issy les Moulineaux que sont basés les artistes coréens des Associations Sonamou et des Arches, proches de France-Corée. Ces artistes ont exposé leurs uvres au Centre Culturel Coréen de Paris du 8 au 22 octobre 2003: exposition "Mise à Nu" avec le soutien du Centre Coréen des Collectivités Locales (KLAFIR) et en partenariat avec l'Association FRANCE-CORÉE.
¤ Spécial RKI30430 - SRAS : la politique de l'autruche du gouvernement coréen
Le syndrome respiratoire aigu
sévère n'a pas atteint la Corée ! "
C'est ce que claironnent le gouvernement et son agence
sanitaire, l'Institut national de la Santé ou INS,
depuis que l'épidémie de pneumonie atypique
est devenue globale, franchissant les frontières de
la Chine pour gagner notamment Singapour, le Canada, les
Etats-Unis, la France et l'Allemagne. A cette exception
coréenne, pour le moins étonnante dans un
monde où les voyageurs intercontinentaux ont vite
fait de transporter avec eux le moindre virus, certains "
experts " avancent des explications peu convaincantes. Les
Coréens devraient leur immunité à leur
habitude de se laver souvent les mains et les dents - ce qui
supposerait qu'on soit ici plus propre que dans tous les
pays infectés par le SRAS.
Autre explication : le kimchi,
condiment de base de la cuisine coréenne mêlant le chou,
l'ail et le piment, protégerait de la maladie!!!
Le problème de ces hypothèses, outre leur caractère franchement farfelu et nationaliste, c'est qu'elles négligent un fait très gênant : depuis le 16 avril dernier, plus de dix cas suspects, principalement des Coréens de retour de Chine, ont été placés sous observation, et si certains ont été libérés, d'autres sont toujours dans leur chambre d'hôpital. Avec trois nouveaux cas aujourd'hui, treize patients sont actuellement gardés dans l'isolement. Selon l'Institut national de la Santé, même si certains d'entre eux ont été testés positifs, aucun ne peut être officiellement reconnu comme atteint du SRAS. Explication de ce flou : le test employé en Corée, appelé Amplification en Chaîne par Polymérase ou PCR, ne serait pas entièrement fiable. Le directeur de l'Institut, M. Kim Moon-shik, a même déclaré : " seules quelque 50 % des personnes classées comme cas probables de SRAS à travers le monde ont été testées positives après un examen PCR, ce qui prouve que ce n'est absolument pas une méthode vérifiée pour diagnostiquer le SRAS. "
Cette affirmation, de nombreux scientifiques, notamment coréens, la réfutent : la PCR, technique d'amplification génétique, est un test hypersensible, un des plus performants actuellement disponibles, et il est largement employé pour dépister le SRAS. Il n'est pas étonnant, à cet égard, qu'un débat trop peu médiatisé ait éclaté entre l'INS et des professeurs de faculté coréens, ces derniers estimant qu'il existe des cas avérés de pneumonie atypique parmi les patients gardés en observation. Ce débat serait d'ailleurs à l'origine de la démission de trois épidémiologistes du comité consultatif de l'INS il y a une dizaine de jours, une démission vite annulée et étouffée.
Tous ces éléments laissent à penser que le gouvernement est en train de mener une dangereuse politique de l'autruche. Imitant l'opacité qui a été celle de la Chine dans les premiers temps de l'épidémie, on fait silence sur l'arrivée du syndrome dans le pays pour éviter d'effrayer les investisseurs étrangers. Dans le même temps, on concentre tous les efforts de prévention sur le " risque extérieur ". Débordés de travail, les services de quarantaine aux aéroports ont ainsi été renforcés par des unités médicales de l'armée. Quant au ministère de la Justice, il a décidé d'interdire l'entrée du territoire à tout étranger suspecté d'être atteint du SRAS et, mesure inquiétante du point de vue des droits de l'homme, d'expulser immédiatement les immigrés illégaux venant des régions les plus infectés comme la Chine - qui est précisément le premier pays fournisseur de main-d'uvre étrangère en Corée du Sud.
Outre qu'elle consiste à mentir aux citoyens, le problème de cette politique aveugle est qu'elle risque justement de provoquer ce qu'elle cherche à prévenir : une panique dans le pays si l'on découvre, du jour au lendemain, peut-être à l'occasion d'un premier décès, qu'une épidémie qu'on croyait endiguée s'est belle et bien infiltrée dans le pays. Et c'est particulièrement préoccupant à l'heure où, avec la fermeture des universités en Chine pour contrer l'épidémie, quelque 10 000 jeunes Coréens étudiant là-bas doivent rentrer en Corée.
Aussi le gouvernement serait-il bien inspiré de ne pas attendre que la pneumonie atypique fasse sa première victime pour afficher plus de transparence. En renforçant encore le dispositif d'isolement qu'en prévision il a heureusement commencé à établir dans treize hôpitaux du pays. Et surtout en informant sereinement la population de ce mal qui après tout, s'il ne peut être soigné, ne tue pas loin de là toutes les personnes qu'il atteint.
RKI30414 - Pourquoi Pyongyang dit "oui" à des pourparlers à plusieurs - 14 avril :
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C'est la première bonne nouvelle depuis le début de la crise nucléaire en octobre dernier. Samedi, la Corée du Nord a laissé entendre qu'elle n'exigerait plus forcément un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis si ceux-ci se montrent prêts à un "changement audacieux " dans leur politique coréenne. Sortie de la bouche d'un simple porte-parole du ministère des Affaires étrangères et citée par l'agence officielle de Pyongyang KCNA, cette petite phrase est celle que la communauté internationale attendait avec impatience. |
Si fragile qu'elle soit, cette première ouverture est une victoire pour la nouvelle équipe que le président Roh a amenée avec lui à la Maison Bleue. Particulièrement pour le ministre des Affaires étrangères Yoon Young-kwan et le conseiller présidentiel à la sécurité nationale Ra Jong-yil. Ces dernières semaines, les deux hommes ont en effet multiplié les visites aux Etats-Unis, au Japon, en Russie et en Chine afin de présenter à ces Etats un plan de résolution les conviant à une table des négociations comprenant également les deux Corées.
Rien pourtant n'aurait été possible sans les démonstrations de force de Washington. En musclant leur dispositif militaire dans la péninsule à l'occasion des grandes manoeuvres sud-coréano-américaines le mois dernier, les Etats-Unis ont montré qu'ils étaient prêts à frapper l'Etat stalinien si celui-ci se montrait trop " voyou ". En écrasant en moins d'un mois l'Etat baassiste de Saddam Hussein, ils ont aussi montré qu'ils en avaient largement la capacité. Une mise en application de la doctrine Bush - éliminer les régimes potentiellement dangereux - qui dit-on a fait fortes impressions sur les dirigeants nord-coréens.
Les concessions que ces derniers semblent prêts à faire aujourd'hui indiquent que la stratégie américaine - laisser Pyongyang s'enfoncer dans une impasse au fur et à mesure de ses provocations militaires - que cette stratégie, donc, a été payante. Dès le début de la guerre en Irak, le régime stalinien a dû interrompre l'escalade, s'arrêtant juste avant deux mouvements considérés comme intolérables par à la fois le Japon et les Etats-Unis : le redémarrage des opérations de retraitement nucléaire dans la centrale de Yongbyon et le test d'un missile balistique longue portée.
D'après de nombreux experts, cette retenue est également due à l'intervention de la Chine, dernier grand allié de la Corée du Nord mais qui ne veut pas, après l'Inde et le Pakistan, d'un nouvel Etat détenteur de la bombe à sa porte. Dans un premier temps, Pékin a laissé son turbulent voisin monter les enchères, espérant obtenir dans l'affaire un recul de la présence militaire américaine dans la région, et n'a commencé à le brider que pour éviter une dégénérescence de la crise en conflit armé. De fait, alors qu'ils soutenaient les nord-Coréens dans leur demande de pourparlers directs avec Washington, les Chinois ont la semaine dernière infléchi leur position, le ministre des Affaires étrangères Li Zhaoxing affirmant même que l'essentiel était d'ouvrir une voie de dialogue quel qu'en soit le format.
Il faut pourtant se garder de crier victoire dès aujourd'hui. Les nord-Coréens l'ont bien indiqué samedi : ils sont prêts à accepter des négociations multipartites mais à la condition expresse d'un changement d'attitude des Etats-Unis. Aucune précision n'a été donnée en la matière mais on sait que depuis des mois Pyongyang réclame de Washington une garantie de sécurité, notamment par le biais d'un traité bilatéral de non-agression. Or il n'est pas du tout certain que l'administration Bush, qui a montré en Irak toute l'intolérance dont elle est capable, soit prête à accepter cette concession pourtant essentielle pour la paix dans la péninsule.
Spécial : RKI30409 - Visite de Yoon à Pékin : la Chine détient-elle les clefs de la crise nucléaire ?
La visite du ministre des
Affaires étrangères Yoon Young-kwan à
Pékin de jeudi à samedi intervient, alors que
les initiatives diplomatiques se multiplient pour trouver
enfin une solution diplomatique à la crise
nord-coréenne. Séoul, à cet
égard, s'est montré particulièrement
actif depuis une dizaine de jours. Le chef de la diplomatie
sud-coréenne s'est lui-même rendu à
Washington et à Tokyo, où il a
présenté un plan de résolution sur
lequel peu de détails ont été
révélés.
On sait pour l'essentiel qu'il s'agit d'un marché
proposé à Pyongyang : si le régime stalinien
accepte des pourparlers multipartites et gèle son programme
nucléaire, alors il pourra discuter avec Washington de
garanties sur sa sécurité et négocier une
assistance économique conséquente.
C'est ce même plan, qualifié "d'intéressant" par Colin Powell, que Yoon doit demain présenter à son homologue Li Zhaoxing ainsi que très probablement au nouveau président Hu Jintao et à divers hauts responsables chinois. La réaction de Pékin pourrait être déterminante.
Il semble en effet que la crise nord-coréenne soit arrivée à un point de maturation. Le régime de Pyongyang, dont on redoutait qu'il ne profite de la guerre en Irak pour renouveler ses provocations, s'est au contraire montré singulièrement calme depuis le début du conflit. Soit parce que Kim Jong-il a été impressionné par les images de la machine de guerre américaine progressant vers Bagdad, soit parce que le leader nord-coréen a écouté les conseils d'apaisement de son grand voisin chinois.
Autre élément de maturation, le Conseil de sécurité des Nations-Unies se réunit aujourd'hui pour discuter de la décision prise par Pyongyang de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire, décision qui doit prendre effet vendredi. Les nord-Coréens ont suffisamment prévenu la communauté internationale : l'adoption de sanctions à son encontre sera considérée comme un acte de guerre. Cela a peu de risques de se produire, la Chine, membre permanent du Conseil, ayant réaffirmé hier son opposition à une telle mesure, promue par contre par les Américains.
Au vu de cette réaction, on pourrait estimer que Pékin continue à soutenir son turbulent allié nord-coréen, notamment dans sa demande de discussions bialtérales avec Washington. Jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante le mois dernier, la Chine avait semblé bien peu désireuse d'intervenir pour calmer les ambitions nucléaires de Pyongyang, ambitions dont elle se sert pour faire reculer l'influence américaine en Asie de l'Est. Depuis deux ou trois semaines, ce n'est plus tout à fait le cas. Les Chinois semblent en effet prêts à accepter un traitement du contentieux nord-coréen par le biais de négociations à six, qui les verraient siéger aux côtés des nord et sud-Coréens, des Russes, des Japonais et bien sûr des Américains.
Un changement d'attitude qui peut avoir plusieurs explications. Alors que Jiang Zemin a été remplacé à la tête du pays par Hu Jintao, la Chine est fragilisée sur la scène internationale par deux événements : le SRAS, épidémie mondiale née sur son territoire et qu'elle n'a pas su maîtriser, et la guerre en Irak, décidée par les Etats-Unis en se passant de son avis au Conseil de sécurité. On peut y ajouter l'échec de sa tentative d'éloigner la Corée du Sud de Washington en utilisant pour cela le chantage nucléaire nord-coréen. A l'inverse, on peut estimer que les Chinois ont laissé le régime de Kim Jong-il pousser ce chantage aussi loin qu'ils le souhaitaient eux-même. Ils peuvent désormais sortir de leur prétendue passivité et jouer les médiateurs pour faire accepter à toutes les parties une voix moyenne de négociations. Ni dialogue bilatéral - l'administration Bush ne veut pas entendre parler - ni mise au pilori de la Corée du Nord devant les Nations-Unies. Pivot d'une discussion impliquant six Etats, la Chine pourrait plus facilement y pousser ses pions. L'une des demandes de Pyongyang - la baisse de la " menace ", entendez de la présence américaine dans la région - n'est en effet pas sans intéresser la plus grande puissance militaire en Asie.
Bien que pour des raisons différentes, c'est aussi une telle voie moyenne de discussion que Séoul doit demain proposer à Pékin. Autant dire que le plan de résolution de l'administration Roh Moo-hyun risque d'y trouver des oreilles attentives. Oui mais jusqu'à quel point ?
En février, les Chinois auraient coupé pendant 3 jours un gazoduc alimentant la Corée du Nord pour convaincre celle-ci de mettre un terme à ses provocations militaires. Reste à savoir si Pékin est prêt à renouveler ce type d'opération pour amener, enfin, le régime de Kim Jong-il à la table des négociations. RKI 9 avril.
RFI - Chronique Asie, 08/04/2003 - Corée du Nord, la tentation de lisolement :
La Corée du Nord se crispe chaque jour davantage. Après son retrait du TNP, après la reprise annoncée de son programme de missiles balistiques et de son programme nucléaire, ce pays vient de franchir un pas de plus vers un isolement total. En effet, le gel du dialogue entre les deux Corées, à deux jours dune réunion du Conseil de sécurité de lOnu sur la crise nucléaire dans la péninsule, signifie que désormais le dernier canal officiel de communication avec Pyongyang encore ouvert risque dêtre définitivement fermé.
Il est vrai que le rapprochement du Nord et du Sud, lancé il y a trois ans par lancien président sud coréen Kim Dae Jung, sous lappellation de «politique du rayon de soleil» avait ses limites. Il donnait même parfois limpression de nêtre quun dialogue de sourds. Mais ces rencontres permettaient despérer quun jour la crise inter-coréenne, héritée de la guerre froide, serait résolue par la négociation. Pour le nouveau président sud-coréen Roh Moo-yung, qui a pris ses fonctions au début de lannée, il ny avait pas dautre alternative pour aboutir à la reconnaissance mutuelle et à la paix que la poursuite de la coopération avec le Nord.
Après larrivée de George Bush à la Maison Blanche, le processus de détente amorcé à Pyongyang lors du sommet historique de juin 2000 a été stoppé net. Classée dans laxe du mal par le président américain avec lIrak et lIran, la Corée du nord a perdu tout espoir dobtenir louverture dun dialogue bilatéral qui devait conduire à la reconnaissance du régime de Kim Il Sung par Washington. Compte tenu du refus du président américain de négocier un traité de non-agression, le régime nord-coréen sest senti menacé, est devenu agressif et a multiplié les provocations.
Cette fuite en avant est symptomatique du climat paranoïaque qui règne à Pyongyang aujourdhui. La décision de saisir le Conseil de Sécurité sur la question nucléaire dans la péninsule ne peut quaggraver les choses, tout comme les déclarations de lémissaire des Nations Unies pour la Corée du Nord Maurice Strong : il a affirmé la semaine dernière quune guerre entre Washington et Pyongyang est «entièrement possible». Il a prédit également que si des sanctions étaient adoptées par lONU lors de réunion du Conseil de sécurité mercredi, elles seraient perçues par la Corée du Nord comme «un acte de guerre».
Any BOURRIER - ©RFI.