L'économie sud-coréenne, cinq après la crise asiatique
 

KBS/RKI - 22/11/202

Il y a cinq ans, la Corée du Sud appelait à la rescousse le Fonds Monétaire International. C'était la tempête dans l'économie du pays, bousculée par la valse des monnaies en Asie.

L'institution internationale va accorder un prêt de 58 milliards de dollars à la Corée du Sud en pleine déroute. Mais le FMI va aussi, cela fait partie de la transaction, imposer des mesures d'assainissement et une cure d'austérité.

Du coup, la " crise asiatique " devient pour les Coréens la " crise du FMI ".

Dans un surprenant renversement des rôles, le pays mord la main de son sauveur. Il faut dire que l'appel à l'aide de la Corée est une humiliation pour le
petit dragon asiatique, champion de la croissance et fier de sa réussite fulgurante.

La chute est donc brutale. Entre 97 et 98, le taux de croissance du Produit Intérieur Brut passe de +5% à -6%, le taux de chômage de 2,5 à 8,5% et un des piliers de l'économie le groupe Daewoo s'effondre en 1999 criblé de dettes. Le coup de tonnerre de la crise a provoqué une mobilisation générale de la population. L'objectif était d'ailleurs moins d'améliorer les fondamentaux de l'économie que de rembourser au plus vite le prêt du FMI, de laver l'affront. L'opération porte ses fruits quand le 23 août 2002, le directeur de la banque centrale sud-coréenne remettait un chèque de plus de 110 millions de dollars au Fonds, et réglait ainsi le solde de son ardoise avec deux ans d'avance sur le calendrier, quel panache.

Aujourd'hui, le pays a très nettement résorbé les plaies de la crise asiatique. La Corée du Sud affiche avec une certaine fierté un niveau de réserve en devises exceptionnel, plus de 100 milliards de dollars, gage de solidité face aux mouvements financiers internationaux. Le taux de chômage est repassé en dessous de la barre des 3% et le taux de croissance devrait s'établir cette année entre 4 et 6%, selon les estimations. Les indicateurs de l'économie sud-coréenne sont donc à nouveau au vert et le pays semble même échapper avec insolence au marasme des économies occidentales.

Sur le fond, les progrès sont là aussi. Le gouvernement de Kim Dae-jung a engagé le chantier des réformes de structures pour assainir la gestion des conglomérats géants. Bien sûr, l'objectif est ambitieux et les pesanteurs considérables, il faudra donc encore du temps et de la détermination aux pouvoirs publics.

D'ailleurs, le talon d'achille de la Corée du Sud semble encore et toujours résister à l'épuration du système, il s'agit du secteur financier. Il y a cinq ans déjà on découvrait les pratiques incestueuses des chaebols et de leurs filiales bancaires. Les groupes industriels se donnaient d'une main les prêts qu'ils encaissaient de l'autre et ne remboursaient jamais. Jeudi 21 novembre, le Fonds Monétaire International adressait un avertissement à Séoul. L'institution demandait au gouvernement d'accélérer les restructurations du secteur bancaire, soutenant en particulier le projet de privatisation de la banque Chohung.

En effet, l'intervention de l'Etat dans la gestion des entreprises est un des travers de la Corée du Sud. Le pays est encore accusé de nos jours d'accorder des subventions à ses industries phares, de pratiquer le dumping. Le secteur de la construction navale fait l'objet d'une plainte auprès de l'OMC de la part de l'Union Européenne et celui des semi-conducteurs est la cible de l'entreprise américaine Micron.

De plus, la comptabilité des géants de l'économie sud-coréenne n'est toujours pas un modèle de transparence. La commission de surveillance des activités économiques a déjà dénoncé les transactions commerciales entre filiales destinées à faire gonfler artificiellement le chiffre d'affaires d'un conglomérat.

Le Fonds Monétaire International a aussi mis en garde le pays du Matin calme sur le taux d'endettement des ménages et sa conséquence directe, les défauts de paiement des utilisateurs de carte de crédit. En effet, ces cinq dernières années, c'est à dire depuis la crise, les ardoises des ménages sud-coréens ont fait un bond de 82% ! Certains analystes pensent que le surendettement des foyers sud-coréens pourrait même provoquer une nouvelle version de la crise de 97.

RKI - Radio Korea International

 

France-Corée Léon C. Rochotte 
Novembre 2002

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