En marge du Cinquantième Anniversaire d'un conflit fratricide... 1950 - 1953
La France participait
Histoire résumée d'un conflit dévastateur
FRANCE - ONU
50 ANS DE SOLDATS DE LA PAIX
En 1995, les NATIONS UNIES ont célébré leur cinquantenaire et la FRANCE peut à bon droit tirer fierté de cinq décennies de contribution active au maintien de la Paix dans le monde. Elle est aujourd'hui le pays qui fournit le plus de Casques Bleus.
L'engagement de la FRANCE est une tradition qui s'est traduite depuis 50 ans par la participation à 18 opérations de l'O.N.U., qu'il s'agisse:
- de missions de Casques Bleus sous commandement direct de l'ONU (notamment FINUL au Liban 1978, FORPRONU et ONURC ex-Yougoslavie 1995)
- ou d'opérations dans le cadre de Forces Multinationales mandatées par l'Organisation:
- F.N.U.C. Force des Nations Unies en Corée 1950-1953 (3 421 hommes de troupe, 143 marins)
- Opération DAGUET au Koweït 1990 et 1991 (15 600 hommes)
- Opération RENDRE L'ESPOIR en Somalie (2 400 hommes)
- Opération TURQUOISE au Rwanda (2 500 hommes)
L'an 2000 a vu la célébration du 50ème anniversaire de la première OPÉRATION MANDATÉE PAR L'ONU engagée par des Forces Multinationales qui avaient reçu mission de mettre en uvre la résolution du Conseil de Sécurité de répliquer par la force à l'agression dont était victime la
La France y participa dans le cadre de la FNUC.
Suite à l'invasion sans avertissement du territoire de la République de Corée du Sud par le régime totalitaire du Nord le 25 Juin 1950, la toute jeune Organisation des Nations Unies, par un vote de neuf voix contre zéro, avait appelé ses Membres à fournir "toute l'assistance nécessaire" (such assistance as may be necessary...) pour faire cesser l'agression.
La France, co-fondatrice de l'O.N.U. le 26 Juin 1945 est l'un des cinq membres permanents de son Conseil de sécurité. Fortement engagée en Indochine à l'époque, elle ne pouvait fournir qu'une très faible participation. Cependant, le Président de la République Française Monsieur Vincent AURIOL, et Monsieur Guy MOLLET, estimèrent nécessaire une aide aux forces de l'O.N.U. en Corée. Le Gouvernement décidera de l'envoi immédiat d'un bâtiment de guerre prélevé sur l'escadre d'Extrême Orient et de la formation d'un contingent de Forces Terrestres.
Contribution sur mer de la MARINE NATIONALE : - - - -
L'escorteur "LA GRANDIÈRE - F731" fut rappelé de mission début Juillet 1950, alors qu'il était dans le Golfe du Siam. Armé "guerre" à l'arsenal de SAÏGON, il en appareillera le 22 Juillet pour être intègré aux forces navales de l'O.N.U. principalement américaines et anglaises du Commonwealth. Il fut aussitôt affecté à des missions d'escorte et de protection, notamment anti-soumarine et anti-aérienne, des innombrables convois qui déversaient hommes et matériels dans le réduit du "Pusan perimeter" dans lequel étaient alors acculées les forces terrestres de l'O.N.U. Au sein du "TASK GROUP 90.4" de la 7ème Flotte américaine et rattaché au Fourth Frigate Squadron (Commonwealth) dont le commandement était britannique, le "LA GRANDIÈRE" participa au sein d'une formidable force amphibie de 230 navires de guerre, au débarquement d'INCHON le 15 Septembre 1950 (Inchon invasion), fait d'armes décisif des troupes de l'O.N.U. commandées par le Général Douglas Mac ARTHUR, et de WONSAN. Il fut rappelé début Décembre en Indochine par l'Amiral F.M.E.O. suite au désastre de CAO BANG.
Pour cette campagne, l'escorteur "LA GRANDIÈRE" a reçu une Citation Présidentielle de la République de Corée et a été cité une fois à l'Ordre de l'Armée de Mer.
L' Escorteur La Grandière a perdu: 2 tués (Rivière de Saïgon, avant d'appareiller pour la Corée)
Le BATAILLON FRANÇAIS de l' O.N.U. :
Un Bataillon est créé le 25 Août 1950. Il sera formé de 1.017 volontaires venus tant de l'active que des réserves et placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel MONCLAR. Compte tenu des relèves et des pertes, c'est un contingent de 3.421 hommes que la France fournira à la Force des Nations Unies en Corée (F.N.U.C.) entre 1950 et 1953.
Le 29 Novembre, le Bataillon Français débarque à PUSAN pour être intègré aux forces de l'O.N.U. Complèté d'une Compagnie de l'Armée de la République de Corée, il rentrera, aux côtés de deux bataillons américains, dans les effectifs du 23ème Régiment de la Second "Indianhead" Infantry Division prestigieuse Unité U.S. dont la particularité est d'avoir été formée en France, à Bourmont (Haute-Marne) en 1917. (Combats: Marne -Bois de Belleau-, Argonne...)
Il sera de tous les principaux combats à partir de Janvier 1951 jusqu'à la cessation des hostilités en 1953.
En Février 1951, le 23ème R.I.US auquel appartient le B.F. ONU, est encerclé à TWIN TUNNEL et à CHIPYONG NI. Il résistera victorieusement à la 125ème Division Chinoise tout entière et parviendra à se dégager, stoppant l'avance ennemie.
En Mars on le voit à l'assaut de la cote 1037 et en Mai il est à PUTCHAETUL, intervenant efficacement pour enrayer l'offensive chinoise de printemps. De Septembre à Octobre 1951 les opérations culminent pour le Bataillon avec l'enlèvement de la cote 931 dite du Crève-Cur (Heartbreak Ridge). Le BF/ONU continuera de prendre part à toutes les actions menées par la 2ème Division US du Triangle de Fer à CHUNGASAN et au Fer de Lance jusqu'à l'armistice du 27 Juillet 1953. En Octobre, le Bataillon quitte les Forces de l'O.N.U. pour rallier l'Indochine.
Le Bataillon Français de l'O.N.U. a reçu deux Citations Présidentielles de la République de Corée, trois Citations Présidentielles des États-Unis d'Amérique, et a été cité cinq fois à l'Ordre de l'Armée Française.
Le Bataillon Français de l'ONU en Corée a perdu:
287 tués, dont 18 Coréens - 1.350 blessés - 12 prisonniers - 7 disparus
MÉMOIRE :
En France, le devoir de Mémoire est perpétué par deux Associations :
- Association Nationale des Forces Françaises de l'O.N.U. et du Régiment de Corée (A.N.A.F.F. ONU & R.C.), 18 rue de Vézelay 75008 PARIS (Association "régimentaire" regroupant des anciens du Bataillon Français de l'ONU et des Marins du La Grandière période 1950 à 1953, mais aussi des anciens du Régiment de Corée en Indochine GM100 et en Algérie 156ème RI. Dissous en 1962)- Association Nationale des Anciens Combattants de la Seconde (Indian Head) Division des États-Unis et du Bataillon Français de l'O.N.U. en Corée, Siège Social: chez son président, 8, rue Molière 92400 COURBEVOIE. (Cette association,regroupait exclusivement des anciens du Bataillon Français de l'ONU intègré au 23ème RIUS de la 2nd Division US. Frappée par les lois de la démographie, elle s'est auto-dissoute en 2000)
INTERNET - Sur le web, visitez :FRANCE:
- Net 4 war - Rubrique Corée à: http://www.net4war.com/e-revue/index.htm#coree sous la direction de Léon Rochotte
- EuroKorVet : france-coree/eurokorvet/
- NET MARINE : http://www.netmarine.net/forces/operatio/coree/mines01.htm Site Marine très riche.
U.S.A. : Les sites américains sur la Guerre de Corée sont nombreux.
Parmi les plus significatifs mentionnant la participation française
- - Ass. Vétérans Deuxième Division d' Infanterie U.S. http://www.swiftsite.com/2ida/
- - Ass. Vétérans de Corée Deuxième Division d'Infanterie U.S. "Alliance" http://www.2id.org
- - KOREAN WAR PROJECT
http://www.koreanwar.org
- Léon C. Rochotte - France-Corée Janvier 2001
- Publication sous licence GFDL de documentation libre http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:GNU_Free_Documentation_License
Forgotten no more
Histoire résumée de la Guerre de Corée 1950 - 1953
Extraits de: "The Korean War Veterans Memorial Story" de Carol M. HIGHSMITH et Ted LANDPHAR (1995) CHELSEA PUBLISHING Inc. WASHINGTON D.C.
par Léon C. ROCHOTTE, Ex-Représentant MARINE au Conseil National de l'A.N.A.F.F. ONU - R.C. (Association Nationale des Anciens des Forces Françaises de l'ONU et du Régiment de Corée) Secrétaire Général-adjoint et webmestre de l' Association FRANCE - CORÉE Membre de la B.K.V.A. - South London Branch (British Korean Veterans Association)
- Une action de police - Toute l'assistance nécessaire... - La Guerre de mouvement - La Guerre de positions
Ce ne fut pas appelé une "Guerre". Mais une "action de police" sur la péninsule coréenne, certes ressentie comme une vraie guerre par les hommes et les femmes qui y furent engagés, une sale guerre, une guerre effrayante. Plus de 54.000 Américains moururent dans ce conflit de 1950 à 1953, ou plus tard de leurs blessures. Un demi million de Sud-Coréeens et d'autres combattants des forces de l'ONU tombèrent. Plus d'un million de GI's et de leurs Alliés furent blessés, marqués à jamais par leurs cauchemars et par leurs terrifiants souvenirs (1) . Ce fut la dernière guerre de fantassins, face à un ennemi mugissant, submergeant tout, attaquant en force, baïonnette contre baïonnette. Les dernières tranchées. Les derniers trous de tirailleurs. La dernière guerre en noir-et-blanc. Regardez bien les photos de guerre couleur cendre, regardez les yeux charbonnés de ces soldats, submergés de fatigue et miroitant de larmes. Mais d'une résolution d'acier.
Les ans ont estompé le souvenir de cette époque. Nous l'avions appelé la "Guerre oubliée", The Forgotten War, et même alors qu'elle faisait rage, elle sortait totalement de la conscience d'une Nation fatiguée par la deuxième guerre mondiale et désireuse de revenir au plus vite aux bonnes choses de la vie.
C'était une querelle lointaine, un point chaud fâcheux dans une Guerre Froide, menée à la fois à coup de discours par les diplomates et à coups de fusil par l'infanterie. Sauf pour les veuves et les familles, il ne s'agissait plus de la fervente croisade menée et gagnée hier par une Nation tout entière. Certes, aucune voix ne s'était encore élevée dans le sens d'un pacifisme exacerbé, mais il ne s'en était élevé pas davantage dans le sens d'une adhésion collective nationale. Les "Yellow Ribbons", c'était pour une guerre passée.
Pour les enfants à l'école, Mac ARTHUR, RIDGWAY, CLARK, sont des vieux gars, morts, et encore faut-il que leurs noms aient été retenus. Les Vétérans d' INCHON et de la Poche de PUSAN, ceux du "Bol de Punch", du piton de la "Côte de Porc", ceux des crêtes du "Crève-cur", et ceux de cent autres lieux en CORÉE plus bourbeux, plus infects et plus gelés les uns que les autres, se sont dissous dans les mémoires ou s'en sont allés... Pour ne plus les oublier, il faut raconter leur histoire.
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Such assistance as may be necessary...
Regardée à travers les lunettes de l'Histoire seulement deux générations après celle de ses Combattants et de ses Morts, la guerre de Corée parait si limitée, si maîtrisée. Si peu marquante. Trois courtes années. Quelques kilomètres carrés de pays dont les combats ne débordèrent point. Certes, ce fut le théâtre d'intrigues internationales dignes de Machiavel, et sans aucun doute, de simagrées politiques interminables ; ce fut aussi la crainte du spectre de la guerre atomique. Mais l'un dans l'autre, ce fut une guerre bien proprette, bien démodée pour tout le monde, à l'exception de ceux qui la firent et de ceux qui les aimaient.
La ligne des 38 degrés de latitude Nord ne figurait même pas sur la plupart des cartes, ce n'était pas une limite, pas plus qu'une frontière naturelle et encore moins une ligne stratégique de défense. Mais lorsque pendant la Deuxième Guerre Mondiale, la victoire commença à basculer clairement dans le camp des Alliés, le Gouvernement U.S. qui n'avait que peu de contacts avec la lointaine Corée mais qui était très nerveux quant à l'expansion soviètique dans le Pacifique, se mit à proposer que, comme çà, ce royaume opprimé depuis si longtemps par le Japon, soit coupé en deux à hauteur du 38ème parallèle dès que la guerre serait gagnée.
Selon l'historien militaire Clay BLAIR "un colonel du Pentagone contempla une carte scolaire pendant une petite demi-heure, et, avec un complet dédain pour la topographie, pour les lignes commerciales ou de communication, pour les limites des institutions politiques ou juridiques locales ainsi que pour celles des propriètés foncières, proposa de trancher le pays en deux à hauteur du 38éme parallèle". L'astuce de l'Amérique était de confier l'occupation de la la moité nord à l'Union Soviètique, alliée de la dernière heure dans la guerre contre le Japon, tandis que les États Unis occuperaient la partie sud, dans le but de désarmer les Japonais et de préparer le chemin à d'éventuelles élections libres en Corée susceptibles de conduire à la réunification d'un pays si longtemps opprimé.
Le lendemain même du jour de la Victoire, les troupes soviètiques pénétrèrent en Corée avançant jusqu'à la ligne arbitraire de démarcation ainsi imaginée. Elles se mirent aussitôt à couper les lignes de téléphone et de chemin de fer, les voies de communication etc., et entreprirent de stopper les mouvements de personnes du Nord vers le Sud. Certes, les Forces U.S. étaient implantées à SÉOUL, comme un peu partout en Corée du Sud, mais la Nation Américaine, fatiguée par la guerre et finalement peu intèressée par cet étrange pays dont elle ne connaissait guère les gens, voulait en sortir et ramener les boys à la maison. Le moyen en fut trouvé à travers la décison de la toute novice ORGANISATION DES NATIONS UNIES appelant à des élections génèrales dans l'ensemble du pays. Les Soviets, provocateurs, refusèrent catégoriquement et l'ONU se contenta d'organiser des élections dans le Sud. C'est ainsi que SYGMANN RHEE, qui avait si longtemps lutté dans son exil, à SHANGAÏ (2), pour chasser l'occupant japonais de sa Patrie, fut placé à la tête d'une très théorique République de Corée unifiée. Mais les Soviets firent comme si de rien n'était, et, ignorant délibérèment les élections, installèrent leur pantin à la tête d'une dictature communiste dans le Nord, à PYONG YANG. Puis ils se mirent à renforcer aussitôt les troupes Nord Coréennes, dont beaucoup de soldats avaient été en leur temps les camarades des Communistes chinois dans leur lutte contre les Nationalistes en Mandchourie.
Dans le Sud, les Américains, très pressés de s'en aller, ne voulaient pas non plus laisser à RHEE la possibilité de provoquer le Nord. Ils retirèrent donc des mains des troupes de la République de Corée toutes armes offensives, de sorte qu'elles furent réduites à un peu plus que de grosses forces de Police Nationale. Le 1er Juillet 1949, les troupes U.S. s'en allèrent, laissant RHEE avec son armée de papier, 500 conseillers militaires américains et du matériel défensif U.S. Six mois plus tard, ayant totalement abandonné l'idée que les deux Corées pouvaient n'en faire qu'une, les États Unis firent savoir qu'ils pensaient qu'il était temps de tirer le rideau sur leur brève occupation de la Corée, et le Secrétaire d'État Dean ACHESON déclara la Péninsule comme étant en dehors du Périmètre de Défense américain d'Extrême Orient...!
Quand il l'apprit, le leader nord-coréen KIM IL-SUNG pensa qu'on lui offrait là une cible bien facile. Après avoir consulté Moscou, il déploya son armée, placée en alerte maximum, tout le long du 38ème parallèle. À l'aube du 25 Juin 1950, les troupes Nord-coréennes enfoncèrent les lignes, déferlant sur le sol du Sud, balayant une armée démunie de blindés comme d'armes lourdes, et conquirent SÉOUL rapidement. Traitant par des ricanements la résolution des Nations Unies prise en toute hâte qui exigeait la cessation immédiate des combats, le Nord accentua au contraire son attaque des deux côtés de la chaîne de montagnes qui sert d'épine dorsale à la Corée, réduisant en bouillie toute résistance organisée.
Mais comme ladite résolution de l'ONU appelait l'ensemble de ses Membres à fournir à la République de Corée "toute l'assistance nécessaire" pour l'aider à repousser l'envahisseur, ce furent les États Unis qui y répondirent les premiers, "Périmètre de défense" ou pas. L'avance des forces communistes jusqu'à cent milles à peine du détroit de Corée, directement en face du Japon, avait promptement incité Dean ACHESON et le Président TRUMAN à réévaluer l'intérêt stratégique de la Corée. Se rappelant la façon dont Adolphe HITLER tergiversait pendant qu'il envahissait ses voisins, ils convinrent rapidement qu'il était devenu maintenant nécessaire de barrer partout le chemin aux Communistes, même dans des endroits aussi reculés. De sa base de Tokyo, le Commandant en Chef des Forces Armées U.S. d'Extrême-Orient, le Général Douglas Mac ARTHUR, décida d'engager sur le terrain la 24ème Division d'Infanterie U.S., qui se consacrait jusque là à des missions d'occupation de routine au Japon, et , de ce fait, se trouvait largement sous-entraînée et sous-encadrée. À peine le premier bataillon "Task Force Smith" eut-il pris position près de OSAN qu'il fut violemment pris à parti par les forces nord-coréennes. Après avoir tenu sept heures contre d'incessantes attaques et acculé au point d'être près de se rendre, le bataillon préfèra rompre et se frayer un chemin vers le sud. Ce délai cher payé donna cependant assez de temps au flamboyant "général au bazooka", le Maj. Gen. William F. DEAN, commandant la 24ème DI, pour se déployer autour de TAEJON et y tenir les Nord-coréens en respect pendant deux semaines. Le Général fut le dernier à quitter TAEJON et fut fait prisonnier. Cette attitude héroïque permit au reste de la 24ème DI et de la 8ème Armée d'arriver et de commencer à préparer une contre offensive.
Dès les premiers jours d'Août, toutes les côtes coréennes faisaient l'objet d'un blocus naval total par les forces de l'ONU, et les Forces Aériennes combinées d'Extrême-Orient avaient déjà effectuées plus de 10.000 missions de bombardement en soutien de l'action des troupes américano-coréennes et de leurs alliés de l'ONU. Ces frappes avaient notamment comme objectifs les lignes de ravitaillement nord-coréennes, longuement étirées du fait de leur avance rapide. À la fin du mois, des renforts mieux équipés étaient arrivés tant des États-Unis mêmes, que d'Okinawa ou d'Hawaï, et le Lieut. Gen. Walton H. WALKER était enfin en mesure de contenir l'avance communiste sur la rivière Nakton, au Nord et à l'Ouest de PUSAN. Les troupes de l'ONU ne seraient pas rejetées à la mer.
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Ne voulant pas se résigner à rester encore longtemps dans la poche de PUSAN le souffre-douleur de cette jubilante bande de Nord-coréens, Mac ARTHUR donna l'ordre de monter une opération amphibie de débarquement (3), très risquée, en plein milieu du dispositif communiste, l'opération CHROMITE. À l'aube du 15 Septembre 1950, les MARINES débarquaient sur WOLMI DO, île de la baie du port d'INCHON, tout près du 38ème parallèle. Onze jours après, SÉOUL était reconquise, et dans le même temps, une division blindée U.S. qui avait réussi à briser l'encerclement de la poche de PUSAN faisait sa jonction avec la 7ème Division près de OSAN. Non seulement l'offensive Nord-coréenne était stoppée mais elle volait en éclat. Démoralisées, les unités communistes tentaient de profiter du couvert tourmenté de la chaîne montagneuse pour fuir vers le Nord, laissant derrière elles plus de 100.000 prisonniers dans cette guerre non-déclarée.
Les directives de l'État Major Général étaient que les troupes des Nations Unies devaient "détruire les forces armées Nord-coréennes". Elles foncèrent donc vers le Nord, ne marquant qu'une brève pause sur le 38ème parallèle, le temps pour le Général Mac ARTHUR d'obtenir la permission de pénétrer sur le territoire de la Corée du Nord. Le 20 Octobre, PYONGYANG tombait aux mains de l'Infanterie et des Parachutistes. L'avance des troupes de République de Corée en territoire nord-coréen le long de la côte Est était si irrésistible que le port de WONSAN tomba avant que le "X Corps" U.S. ait eu le temps d'arriver pour conforter la victoire. L'avance des forces combinées et l'arrivée de l'armée de la République de Corée sur le fleuve Yalu, à COSAN, sur la frontière mandchoue, mirent la Chine Communiste en grand émoi. Il était clair pour elle que le plan de Mac ARTHUR était d'éliminer l'armée nord-coréenne, et d'éradiquer le communisme de la Corée, pour toujours.
Les Chinois étaient déjà venus au secours des vestiges d'une Armée Nord-coréenne qui se faisait mettre en miettes, mais l'observation de leurs concentrations massives en Mandchourie avait été rendue impossible par leur camouflage et l'obscurité des nuits, surtout à cause de la mauvaise volonté des responsables politiques des Nations Unies à autoriser des vols de reconnaissance au-dessus du territoire chinois. Les forces de l'ONU qui faisaient maintenant pression aux frontières mandchoues et soviètiques, encouraient à leur tour le même danger d'attaque surprise que les Nord-coréens avaient connus du coté de PUSAN du fait de lignes d'approvisionnements distendues. Mais Mac ARTHUR fit un rapport à WASHINGTON selon lequel il pensait que les Chinois n'oseraient pas courir le risque d'une guerre mondiale en intervenant en force en Corée. Dans la nuit du 25 au 26 Novembre 1950, ils lui prouvèrent qu'il avait tout à fait tort en attaquant violemment les positions des forces des Nations Unies à l'Ouest des montagnes et celles du X Corps, à l'Est, avec des myriades de combattants. Ces soldats armés d'un équipement léger, se faufilant à travers les profondes forêts, débordèrent puis submergèrent facilement les positions des forces de l'ONU. En un éclair, le programme de Mac ARTHUR fut inversé: plus question de conquête des rives du Yalu, c'était tout le dispositif des Nations Unies qu'il lui fallait sauver maintenant. Il lui était interdit de déchaîner un assaut aérien sur les bases arrières chinoises qu'il appelait "le sanctuaire mandchou", TRUMAN ne voulant pas prendre le risque d'étendre le conflit, même si la Chine l'avait déjà étendu à sa place... Mac ARTHUR ordonna donc la retraite. Plus de 100.000 combattants des Nations Unies de la côte Est refluèrent vers le Sud en direction des ports de WONSAN et de HUNGNAM avec d'horribles pertes en vies humaines et en matériels. Leur sauvetage par l'U.S. Navy compte parmi les plus importantes et les mieux éxécutées des opérations d'évacuation massive par mer de toute l'histoire militaire.
Le Général WALKER se tua dans un accident de jeep deux jours avant Noël, et le commandement des troupes échut au Lieut. Gen. Matthews B. RIDGWAY qui consolida le front à hauteur du 38ème parallèle et ramena ce qui restait du X Corps vers PUSAN en vue d'y reformer une réserve stratègique. Ragaillardis par ce renversement de fortune, les Nord-coréens reconstituèrent instantanèment leur armée et rejoignirent les Chinois dans une seconde invasion de la Corée du Sud déclenchée la veille du Nouvel-An. SÉOUL tombait à nouveau le 4 Janvier 1951, répandant des milliers de réfugiés atteints de panique (et d'espions communistes...) dans le circuit des troupes de l'ONU encerclées et déjà passablement épouvantées par le fanatisme des légions chinoises. Pendant ce temps, les discussions diplomatiques confinaient au théâtre de l'absurde avec cette guerre toujours pas déclarée et PÉKIN qui continuait à prétendre qu'il n'avait aucune force combattante en Corée, hormis, peut-être, la dizaine de milliers de "volontaires" d'origine chinoise qui auraient pu se trouver dans la péninsule...
Les forces de l'ONU optèrent pour une tactique "de front élastique", résistant aux assauts des multitudes chinoises, puis décrochant quand elles revenaient en mettant en oeuvre des équipements supèrieurs. Mais le souhait de RIDGWAY était de mesurer la réelle capacité offensive des Chinois. Il donna l'ordre aux unités d'un régiment d'élite de livrer bataille à l'est de SÉOUL et de résister jusqu'au bout sans reculer (4). Les pertes furent sévères mais les lignes tinrent bon. Les Chinois avaient mis le paquet, mais ils ne purent jamais reprendre vraiment l'initiative dans ce combat homèrique. RIDGWAY enchaîna aussitôt une contre-offensive destinée non seulement à la reconquête du terrain, mais aussi à entreprendre l'effacement du personnel et du matériel ennemis. L' "Operation Ripper" se révèla si probante que SÉOUL fut à nouveau aux mains des forces de l'ONU à la mi-Mars. Et les Alliès, accentuant leur poussée, franchirent à nouveau le 38ème parallèle, à prix élevé...
Dans le même temps, les GI'S américains avaient été très choqués d'apprendre que Mac ARTHUR avait été relevé de son commandement par le Président TRUMAN. Passant outre à son obligation de réserve, le Vieux Guerrier avait proclamé à grands roulements de tambour qu'il fallait porter la guerre dans le sanctuaire mandchou, avait appelé à un blocus des ports chinois, avait créé tout un imbroglio au plan diplomatique par son soutien au leader de la Chine Nationaliste de FORMOSE, le Général TCHANG KAÏ CHECK, et exigeait des renforts massifs du Pays. TRUMAN de son côté voulait éviter de provoquer l'ours soviètique et craignant que des efforts tous azimuts en Corée n'amenuise la force américaine face au rideau de fer en Europe, fit secrètement rechercher une solution de sortie honorable sur la péninsule coréenne. Mais quand, se payant d'audace, Mac ARTHUR demanda la reddition des Chinois, TRUMAN le saqua.
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Vers une guerre de positions
Cependant, les Communistes lancèrent une nouvelle offensive dès le printemps, mais ne purent la soutenir bien longtemps, et furent une fois de plus repoussés vers le Nord par les forces de l'ONU, le long de la dépression montagneuse de la côte Est appelée "Punch Bowl" (Bol de Punch). À l'Ouest, la 8ème Armée placée sous le commandement du Général James A. Van FLEET prenait CHORWON et KUMWAH en Corée du Nord où elle dut attendre du fait du début de la saison des pluies. Comme on s'installait dans une guerre de tranchées, le représentant soviètique aux Nations Unies, Jakob MALIK, proposa l'ouverture de négociations pour un cessez-le-feu et , à KAESONG, on entreprit des pourpalers en vue d'une trêve. Les Communistes se mirent alors à ergoter sur des sujets tels que la taille de la table de négociation, aussi bien que sur l'épineuse question du rapatriement de force des militaires communistes et des civils nord-coréens qui avaient fuit au Sud, de telle sorte que les négociations cahotaient, bloquant, repartant. Mais les troupes de Van FLEET n'étaient pas, elles, dans l'attente d'un règlement diplomatique. Elles remportaient de plus en plus de petites mais très significatives victoires, et étaient même prêtes à avancer encore plus loin, quand RIDGWAY leur intima l'ordre de cesser toute action offensive.
Pendant l'été 1952, le Gen. Mark W. CLARK fut nommé pour remplacer le Général RIDGWAY qui allait prendre le commandement de l'O.T.A.N. en Europe, et, à la même époque, la Guerre de Corée devint un des enjeux majeurs de la campagne présidentielle aux États-Unis. Lorsque le Gen. Dwight D. EISENHOWER, le hèros du D-Day (débarquement en Europe) , promit de mettre fin rapidement aux hostilités s'il était élu, et que, après sa victoire en forme de plébiscite en Novembre, il eut inspecté rapidement le front, la voie était ouverte à un règlement facile de la question. Ainsi qu'il l'écrivit plus tard dans ses mémoires: en l'absence de progrès significatif pour une paix négociée "nous avions la ferme intention d'aller vers l'emploi de -toutes- nos armes sans aucune inhibition, et nous ne voulions plus rester seuls responsables du confinement des hostilités à la seule Péninsule Coréenne". En langage clair, "Ike" brandissait l'arme nucléaire en direction de la Chine. Au début de 1953, une solution semblait à portée de main, mais buta à nouveau sur le problème du rapatriement. Puis RHEE refusa tout règlement qui entèrinerait la partition de sa Patrie ou qui forcerait les prisonniers qui ne le souhaiteraient pas à retourner en Corée du Nord. Le Général CLARK signifia alors sans ambage à RHEE que la seule alternative à son acceptation des conditions d'armistice était le retrait total des Forces Armées des Nations Unies, ce qui le livrerait aux loups communistes; le Président vieillissant finit par accepter de faire des concessions et de se tenir coi. Le 27 Juillet 1953, l'armistice fut donc signé à PANMUNJOM par les Communistes mais pas par les Sud-coréens...La zig-zaguante ligne de front finale devint Zône Démilitarisée (DMZ), frontière désormais de facto entre le Nord et le Sud, et le rapatriement des prisonniers put commencer...
On estime que deux millions de soldats Nord-coréens et Chinois sont morts dans les combats ou du fait des maladies qu'ils ont pu contracter pendant le conflit.
Les pertes des Nations Unies sont gravées pour toujours dans la pierre du Mémorial aux Vétérans de la Guerre de Corée à WASHINGTON (DC) :
Morts : 683 079 Disparus : 478 444 Prisonniers : 100 110 Blessés : 1 167 737
NOS NATIONS RENDENT HOMMAGE À LEURS FILS ET FILLES EN UNIFORME QUI RÉPONDIRENT À L'APPEL DE LEURS PATRIES POUR ALLER DÉFENDRE UN PAYS QU'ILS NE CONNAISSAIENT PAS ET UN PEUPLE QU'ILS N'AVAIENT JAMAIS RENCONTRÉ
NOTES et RENVOIS du traducteur:
(1) Dans les Forces de l'ONU, c'est, entr'autres: pour les Britanniques: 1.065 Tués, 2.593 blessés, 702 prisonniers ; pour les Français: 287 Tués (dont 17 Coréens), 1.350 Blessés, 7 Disparus, 12 Prisonniers.
(2) C'est à la suite de la "Déclaration d'Indépendance" (noyée dans le sang avec une brutalité inouïe) du 1er Mars 1919 en CORÉE, colonisée depuis 1910 par les Japonais, que SYGMAN RHEE, décidant de continuer la Résistance, créa un Gouvernement Provisoire en exil à SHANGAÏ, à l'Ambassade de France, le 17 Mars 1919
(3) La contribution française sur mer a été assurée par l'escorteur "La Grandière" F731, un aviso colonial, qui appareilla de SAÏGON le 22 Juillet 1950 pour être intègré à la division des frégates placée sous commandement britannique. Après les missions harassantes d'escorte, de protection navale, anti-aérienne et anti-soumarine des innombrables convois qui déversèrent hommes et matériels dans la Poche de PUSAN (Pusan perimeter), ces bâtiments participèrent aux débarquements d'INCHON, fait d'armes des troupes de l'ONU commandées par Mac ARTHUR, et de WONSAN.
(4) Il s'agissait du 23rd Infantry Regiment de la Second Division U.S. "Indianhead" à la devise "Second to none" (second de personne). Ce régiment était composé de deux bataillons américains et du Premier Bataillon Français de l'ONU (BF/ONU). Le BF/ONU avait débarqué à PUSAN le 29 Novembre 1950 (sous le commandement du Général de Corps d'armée Ralph MONCLAR, qui avait troqué ses quatre étoiles pour des galons de colonel), et avait été intègré au 23rd RIUS avec lequel il fut de tous les combats jusqu'en 1953. Le Régiment avait reçu l'ordre de tenir coute que coute les positions assignées en plein territoire ennemi. Luttant farouchement contre la 125ème Division Chinoise tout entière, à 1 contre 60, le 23ème remplit parfaitement sa mission qui était de tester les réelles capacités offensives de l'armée chinoise. Les conditions climatiques étaient extrêmes: jusqu'à -40°C. Ses pertes furent effroyables, mais celles infligées à l'ennemi le furent bien plus encore. Les enseignements tirés par l'État Major furent décisifs dans la poursuite du conflit. Les noms de "TWIN TUNNELS" et de "CHIPYONG NI", principaux lieux de la terrible bataille, resteront gravés à jamais dans l'histoire de la Guerre de Corée. L'Emblème de guerre du Premier Bataillon Français de l'ONU s'enorgueilli de flammes aux noms de ces hauts lieux; il a été remis solennellement à Monsieur le Conservateur du Musée des Invalides le 11 Octobre 1996 par le Président de l'Association Nationale des Anciens des Forces Françaises de l'ONU et du Régiment de Corée (A.N.A.F.F. ONU - R.C.), Monsieur Charles de GUINE, en présence de l'Ambassadeur de la République de Corée en France, S.E. LEE, See-young. Le "French Battalion" a été l'unité la plus décorée de ce conflit.
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- Léon C. Rochotte - France-Corée Janvier 2001
- Publication sous licence GFDL de documentation libre
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