La Corée parie sur l'internet à grande vitesse

KBS/RKI - 2002. 11. 07

La Corée du Sud a pris le train des nouvelles technologies en marche mais le pays est aujourd'hui en passe d'en devenir la locomotive. En effet, le gouvernement de Séoul a annoncé en grande pompe les dernières statistiques sur le taux de pénétration de réseau mondial. Avec plus de 10 millions d'abonnés au service haut débit et 60% de ses habitants internautes réguliers, le pays est un champion du monde. Des chiffres qui tranchent avec l'indifférence des Français. A peine plus de 21% des foyers de l'hexagone sont reliés au réseau des réseaux.

La Corée du Sud se range plutôt dans la catégorie poids lourds avec les Etats-Unis et les pays scandinaves. Et ce n'est pas fini. Le gouvernement a annoncé un plan d'investissement de 11 milliards d'euros pour permettre à tous les foyers sud-coréens de se connecter à Internet grande vitesse d'ici 2005.

En effet, le pays a tout misé sur l'accès haut débit pour stimuler la demande en connexion. Ce système permet d'avoir un accès illimité à Internet et d'utiliser des services gourmands en bande passante, c'est à dire, principalement, la vidéo et la musique. En échange l'internaute paie un forfait mensuel, environ 30 mille wons en Corée soit 30 euros par mois. Ce service permet donc de profiter pleinement des possibilités d'Internet, de prendre le temps de choisir quand on fait des achats en ligne par exemple ou encore d'écouter un disque de musique en entier.

L'option haut débit existe en Corée depuis juin 1998, aujourd'hui le marché des fournisseurs est dominé par trois géants, KT, l'opérateur public, Thrunet et Hanaro. Le numéro un KT possède à lui seul plus de 4 millions et demi d'abonnés.

Ce succès foudroyant s'explique par l'engagement sans faille du gouvernement pour développer le réseau. Car pour surfer à grande vitesse sur le Web il faut que son logement se trouve à proximité d'une des artères d'Internet. Ces larges tuyaux fourrés de fibre de verre sont les seuls capables de transporter un très grand nombre d'informations sur de très longue distance, mais ils coûtent une fortune à installer. Les grands opérateurs occidentaux se sont endettés jusqu'au cou pour installer leurs tuyaux le long des lignes de gaz et d'électricité ou des routes. Certains même parmi les plus gros y ont laissé leur santé financière et ont dû mettre la clé sous la porte. C'est donc là que le gouvernement sud-coréen intervient en facilitant les travaux de gros oeuvre et les procédures administratives. Depuis quatre ans, l'Etat a dépensé 9 milliards d'euros pour soutenir le développement du haut débit. Il estime que cet engagement financier est justifié par les emplois générés. Ainsi, le ministère de l'Information et de la Communication chiffre à 590 mille le nombre de nouveaux postes créés par l'Internet à grande vitesse. Il est indéniable que les dot-com, ces entreprises spécialisées dans les transactions par internet réussissent à survivre grâce au haut débit. Le portail multi-services Daum par exemple revendique pour le troisième trimestre de cette année un profit opérationnel de 3,3 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 46,6 millions d'euros (Lire aussi: "le jackpot de Séoul" ) . Pourtant ses activités en ligne n'ont rien d'exceptionnel. Ses principales sources de revenue sont très classiquement les ventes de marchandises, du vêtement au disque et la publicité. Le secret de la réussite des entreprises internet sud-coréennes c'est aussi d'avoir misé avant tout sur le marché national contrairement aux visions planétaires et mégalomanes de certaines de leurs consœurs occidentales. Du coup, ici, Internet est moins un réseau mondial qu'un media local.

Les Coréens se distinguent aussi par leur grande consommation de jeux en ligne, une activité qui se développe parallèlement au haut débit. Le jeu en réseau est même un véritable sport national pour les collégiens qui passent des heures dans les PC bang, sorte de café internet, pour améliorer leur score à Starcraft, Shadowbane ou autre EverQuest. D'ailleurs, c'est en Corée qu'a lieu chaque année le championnat du monde des jeux en ligne avec des joueurs professionnels invités sur tous les plateaux de télévision.

A force de volontarisme et d'investissements, la Corée du Sud a donc réussi à se faire une place parmi les grandes cyber-nations. Elle n'a pas échappé au retournement de tendance, l'éclatement de la fameuse bulle Internet, qui a plongé la plupart des acteurs du secteur dans la morosité. Mais la Corée s'accroche à son avenir cybernétique et le pari semble bien engagé. En offrant aux habitants la possibilité d'utiliser dans les meilleures conditions le réseau mondial le gouvernement a donné aux entreprises du secteur la possibilité de profiter au maximum des nouvelles technologies.


France-Corée Léon C. Rochotte 
Novembre 2002
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