SÉOUL-PARIS-SÉOUL : 3ème partie
De GOA à... SÉOUL terminus
Miae&louis Studio
124-1 Itaewondong, Yongsan-Ku, Séoul, Corée Tel : +82 2 749 87 35, Mobiles : Jean-louis 82 11 471 32 82 - Mi Ae 82 16 272 32 82 Email : seoulparis@asia.comMiAe et Louis: Retour vers Séoul.
Compte rendu de la dernière grande étape du voyage Séoul-Paris-Séoul de Choi Mi Ae, Jean-Louis Wolff, leurs enfants et leur chien à bord d'un bus de village(maeul-bus) coréen: Goa-Séoul.
Alors que nous étions à Goa profitant de la plage tout en essayant de trouver un moyen d'arriver jusqu'à Séoul, le magazine Vogue Korea décide de publier un livre sur notre voyage, destiné à être distribué comme supplément de leur numéro anniversaire d'août 2002.
Ce magazine accepte de payer d'avance les droits de reproduction pour nous permettre de financer la très chère traversée de la Chine par le Tibet.
Nous quittons notre plage et ses cocotiers pour remonter vers le Nord, passons quelques jours plaisants à Bombay, admirons au passage l'allure des femmes du Rajasthan, retrouvons des "overlanders" européens que nous avions rencontrés en Turquie, dans un terrain de camping au cur de Delhi.
Leur chien, Gipsy, pris de panique dans le vacarme de la ville, soudain, s'est enfui. Ils mettent des annonces partout pour essayer de le retrouver : en vain.
Nous attendons pendant une dizaine de jours la réouverture après vacances du consulat de Chine a Delhi, finalement ils nous ont renseignés " les visas pour une entrée par le Tibet ce n'est pas nous, allez voir au Népal ".
Pendant cette longue étape nous avons prépare la publication de Vogue sur l'ordinateur du bus, rendu bien capricieux par la chaleur: par 43 degrés à l'ombre, le gros ventilateur posé sur la carte mère ne refroidissait rien du tout.
Les images et textes pour Vogue Korea, finalisées et envoyées à Séoul, nous fuyons cette terrible ville, sa poussière, sa chaleur qui exacerbe les odeurs d'urine et ses moustiques, cap sur Katmandu vers où d'autres avant nous ont usé leurs pneus, sauf que nous, on roule en Hyundai!!!
"Effet Coupe du Monde" au Népal...
La plaque coréenne est passée plus facilement au Népal que dans les pays précédents :
Arrivés jusque là, il est difficile pour les autorités népalaises de nous renvoyer dans l'autre sens sans carnet de passage. Les douaniers nous demandent de payer un droit de transit a la journée mais en sortant du pays nous bénéficions de l'effet Coupe du monde et cette requête est oubliée.
Depuis le petit poste frontière de Banbassa, la route court dans la plaine du Teraï longeant les premiers contreforts de l'Himalaya. Il fait très chaud mais les forêts sont magnifiques et les villages mignons, contrastants avec le chaos indien.
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Puis nous tournons à gauche vers Pokhara et, enfin, nous montons : adieu la fournaise ! Dans les collines, nous sommes impressionnés par l'utilisation extrême du terrain, les Népalais arrivent à faire pousser toutes sortes de choses sur des pentes vraiment très raides !
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Nous restons au Népal un mois en attendant que tous les documents requis pour entrer au Tibet soient prêts et que Wong Wai Yim, Hong-Kongaise étudiant la vidéo aux art déco de Strasbourg nous rejoigne pour filmer la traversée du Tibet. A Katmandu nous faisons encore augmenter la garde au sol du bus en ajoutant des lames de suspension. Nous faisons aussi du tourisme en famille, on emmène même Igouroum et Lilas au restaurant coréen ils sont ravis. Le passage de la frontière chinoise est fixe pour le 7 juin.
La saison des pluies semble arriver tôt cette année, je suis anxieux de monter à la frontière, avant que la route, qui longe une rivière dans une vallée très encaissée, soit rendue impraticable par les glissements de terrain. Finalement je pars en avance avec les enfants, y garer le bus une semaine avant le passage au Tibet, et bien sûr le temps s'améliore histoire de ridiculiser ma trop prudente manuvre.
Les baraques de planches du village frontière de Kodari, accrochées au bord du ravin qui longe la route, surplombant le puissant torrent, abritent des trafics frontaliers de tous poils. Certaines sont de petites échoppes ou de braves filles sherpas servent de l'alcool chinois ou du ching-ching, un vin de riz laiteux népalais semblable au macoli coréen.
Les enfants du village sont fans de Lilas et ça rend Igouroum grognon. La petite Mina Sherpa est bien gentille avec lui, mais il ne pense qu'à faire le beau avec sa bicyclette.
Quelques promenades en moyenne montagne, attention aux sangsues, et, pour moi, pas mal de tasses de ching-ching plus tard, rejoints par Mi Ae et Wai Yim nous passons finalement de l'autre côté du "pont de l'amitié ".
Au Tibet un véhicule étranger doit être accompagné par un guide local, enregistré à Lhassa, et un guide national enregistré à Pékin.
Nos deux guides sont très pressés, ils veulent arriver à Lhassa le plus vite possible.
Nous comprendrons plus tard que notre traversée du Tibet, 3000 kilomètres de routes de montagne non goudronnées, prévue pour durer 26 jour, est à faire en 15 jours !
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Nous voulons nous arrêter 2 jours a Nyalam en haut de la vallée, à 3800 mètres d'altitude pour s'acclimater avant de monter plus haut. Mais les guides y vont de tous les prétextes plus quelques canettes d'oxygène pour nous persuader de passer le col a 5200 mètres dans la foulée. Le problème c'est que la route ne redescend pas franchement après, il faudra rouler plusieurs jours tout près du ciel, dans un air bien rare, avant d'arriver à Lhassa un peu en dessous de 4000 mètres.
D'abord une sorte d'ivresse, puis une migraine épouvantable, Mi Ae est couchée et ne bouge plus, Igouroum et Lilas ont les lèvres toutes bleues, le bus fume très noir et refuse de monter en régime. Seul Meetoo, le perroquet pakistanais, ne présente aucun symptôme du mal de montagne.
Le paysage est grandiose. Le vent soufflant un air très mince sur le bosquet de piquets et de drapeaux de prières qui marquent le passage des cols.
Et tous ces drapeaux bleus, jaunes, verts, rouges, blancs, murmurent au vent encore et encore, toujours la même prière. A un croisement un panneau indique à droite: Everest 100 kms. Cette route est exclusivement 4x4, nous continuons tout droit.
Les maisons des villages, à part les bâtiments officiels chinois, sont de style tibétain, chacune d'entre elle ressemble à mini château fort, dont la base est plus large que le sommet comme pour être plus difficile à renverser.
Craignant un approvisionnement difficile j'ai stocké plusieurs jerricans de gas-oil népalais, mais il brûle fort mal en haute altitude et je dois le mélanger avec du fuel local.
Un mur d'enceinte épais entourant les dômes métalliques des cuves de stockage, les stations de carburant ressemblent à des places fortes, on en trouve régulièrement tous les 300 ou 400 kilomètres.
A Tingri, une petite bourgade, je fais la queue à la pompe, derrière quelques camions Dong Feng, une Land Cruiser rutilante force le passage pour resquiller, mais je tiens bon, furieux le conducteur tamponne le flanc du bus de son pare-choc : c'est un policier chinois, il n'a pas l'habitude d'attendre.
Lhassa ressemble dans sa plus grande partie à n'importe quelle ville chinoise moderne: avenues tirées au cordeau, bordées de bâtiments en béton carrelé. Bien sûr le palais Pottala domine encore tout ça, bien accroché sur sa montagne Nous faisons une dernière sélection de photos pour le livre de Vogue qui paraît dans 2 semaines.
Le palais Pottala... vu du bus!
Notre guide local, qui ment autant qu'il peut, déteste le Tibet, les Tibétains et son travail...
Nous obtenons son remplacement par un guide tibétain. Le directeur de l'agence à Lhassa, en nous le présentant, nous met en garde contre les conséquences désastreuses que pourrait avoir un comportement politiquement incorrect de notre part et nous reproche d'avoir filmé un accident de la route.
Faire un reportage politique ? Nous n'y avions même pas pensé, mais du coup ça donne envie de ruer dans les brancards : Vive le Tibet libre !
Nous n'avons pas l'autorisation d'emprunter la "route de l'amitié" itinéraire Sud, entre Lhassa et le Sichuan, il est dit qu'elle est coupée par un gigantesque glissement de terrain. Nous devons passer par la route du Nord réputée très difficile, normalement ouverte seulement aux camions à châssis court et aux 4x4.
Ce n'est qu'une fois bien engagés sur cette route que nous comprenons, à l'air toujours pressés de nos guides-gardiens, à leurs soupirs impatients à chaque arrêt photo, que notre emploi du temps a été changé. Malgré force protestation de notre part, au siège de China Iron&Steel Travel Company Limited a Pékin, la présidente Shen Ayin contactée par téléphone portable, dit qu'elle a pensé bien faire en nous faisant gagner du temps, qu'il est impossible de prolonger le permis Tibet. Nous sommes menacés encore une fois des pires ennuis avec les autorités chinoises du Tibet si nous ne fonçons pas ventre à terre jusqu'au Sichuan.
Il n'y a guère qu'une seule façon d'avancer sur cette route: rouler 12 heures par jour pour faire 120 ou 130 kilomètres, en négligeant de s'arrêter pour reconnaître le terrain avant de traverser un torrent et de s'assurer que la voie est libre en face, dans la montée des cols, en observant les nuages de poussière qui signalent un éventuel camion sur le flanc des montagnes.
La route fait à peine la largeur du bus, il est parfois impossible de croiser quoi que se soit pendant des centaines de mètres et le ravin est bien profond.
Les pare chocs s'arrachent de plus en plus à force de racler le fond des ruisseaux. Plusieurs bagarres, très violentes, éclatent avec des camionneurs au cours de croisements impossibles. Fatigue et stress, on s'engueule aussi pas mal entre nous.
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A l'inverse certains passages difficiles, comme celui d'un pont effondré, suscitent une solidarité bon enfant, on franchit la difficulté remorqué par le véhicule précédent, puis une fois passés, on aide à son tour celui qui suit.
Comme on ne peut s'arrêter pour faire la classe, Igouroum s'assied à coté de moi et je lui pose des colles de calcul mental. Il est gentil et ne se plaint pas trop de ne pas pouvoir s'amuser dehors et faire du vélo.
Sur les plateaux nous rencontrons les nomades, leurs tentes noires et leurs troupeaux de yak, nous pouvons y obtenir du lait mais il faut se débrouiller avec les poils qui trempent dedans. Il y a aussi les tentes blanches des pèlerins qui se rendent à Lhassa.
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Les vallées abritent les villages et les cultures d'un vert très vif, contrastant fortement avec les couleurs ocres des montagnes. Chaque torrent a sa couleur, l'un turquoise l'autre jaune, rouge ou noir. Aux confluents deux veines de couleurs différentes courent cote à cote avant de se fondre en une couleur intermédiaire moins vive.
On passe un pont sur le Mékong, il est impétueux est ne fait que quelques dizaines de mètres de large, mais on peut le reconnaître à sa couleur rouge brique.
Frank un copain allemand se marie dans 15 jours sur la même rive, 2000 kilomètres en aval, a Nakhon Phanom, Thaïlande. Par sûr d'arriver à temps pour la noce on envoie un message de félicitations dans une bouteille en plastique.
Il ne pleut pas ou peu, la route reste donc suffisamment bonne pour nous permettre de sortir du Tibet à temps, ouf, et d'arriver à Chengdu, capitale du Sichuan, en un seul morceau, avec un bus abîmé mais roulant, et l'impression d'avoir bâclé la plus belle partie du voyage...
De Chengdu a Tianjin il nous reste quelques routes de moyenne montagne jusqu'à Sian, puis de l'autoroute en plaine. On change ce qui reste de nos pneus tout terrain pour des radiaux neufs. Wai Yim prend le train pour Pékin.
Nous sommes furieux contre notre agence chinoise. Nous refusons de payer un reliquat de 500 dollars restant dû pour compléter les 7000 dollars de frais de transit en Chine. Le ton monte, Shen Ayin nous menace encore, cette fois de nous bloquer en Chine jusqu'a la fin des temps.
En guise de protestation nous "déposons" notre guide, Yang Yang, qui n'y est pour pas grand chose, sur une bretelle d'autoroute : don't take it personnal !
Il l'a tout de même mal pris, sa première réaction est d'alerter le Bureau de la Sécurité Publique!
Malgré cela, alors qu'il est réputé illégal de circuler à bord d'un véhicule étranger sans guide nous constatons avec joie que nous passons les contrôles sans le moindre problème, les policiers sont même très gentils avec nous.
Embarquement à Tianjin
Après ce pied de nez, nous reprenons contact avec Iron&Steel Travel, de Tianjin, une fois prêts à embarquer pour la Corée, pour négocier la sortie...
Arrivés à Incheon, les formalités de réimportation de notre maisonnée sont relativement lourdes et compliquées : personne n'arrive en Corée avec un véhicule déjà immatriculé dans le pays .
Cocotte est la dernière à passer, nous la récupérons attachée à un tuyau dans un sombre entrepôt : elle n'a pas pissé depuis plus de trente heures.
Voilà...
Retour à la case départ après 11 mois et 40000 kilomètres, il nous en reste quand même 40 de Incheon a Séoul. On les savoure, et en entrant dans Séoul on met la musique à fond "we are going to Shanghai" et on crie à tue-tête.
Quelques jours après, Meetoo, auquel je n'avais pu me résoudre à tailler les ailes, ses rémiges repoussées et toutes neuves, s'élance, sans dire au revoir, de notre balcon d'Itaewon vers la colline de Namsan et d'autres aventures.
Le livre publié par Vogue Korea a été une bonne surprise a l'arrivée, des articles dans la presse et des interviews télévisées ont suivi sa publication. Mi Ae prépare la publication du récit de son voyage en coréen aux éditions .; une exposition photo vidéo avec les images de Kim Jin Sang, Wong Wai Yim, Shim Min Kyong, Choi Mi Ae et Jean-Louis Wolff aura lieu à l'Institut Français de Séoul du 18 au 30 novembre 2002.
Jean-Louis Wolff - Séoul seoulparis@asia.comFIN France-Corée Léon C. Rochotte Octobre 2002
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