World Cyber Games Premiers Cyberjeux mondiaux - Séoul décembre 2001
1 - Une Coréenne, star des jeux videos 2 - Les Français, bons joueurs à Séoul... 3 - Des Bleus virtuels...
- Une Coréenne, star des jeux vidéo.
Kim In-kyung entend bien devenir la meilleure joueuse mondiale à Séoul. Un vrai sport de pro...
Ne vous fiez pas à son sourire d'ange, Kim In-kyung est une tueuse. Abattre des ennemis dans Quake III ou aligner des buts dans FIFA 2001, c'est son métier. Kim est la star coréenne des jeux en réseau. Son objectif : s'imposer aux World Cyber Games de Séoul, les premiers jeux internationaux de cette spécialité, qui s'achèvent le 9 décembre 2001.
Un soldat de la tribu Terran hurle qu'il manque de munitions. Ses troupes perdent du terrain. Casque aux oreilles, Kim In-kyung observe la débâcle. En quelques clics éclair, l'écran de contrôle vire au vert. Elle vient de sauver sa garnison d'une mort certaine...
Cette jeune Sud-Coréenne connaît sur le bout des doigts l'univers guerrier de StarCraft, le jeu fétiche des Coréens, qui s'est arraché à 2 millions d'exemplaires. À 26 ans la joueuse professionnelle est devenue la star des tournois féminins. "Quand j'étais petite, je restais des heures cloîtrée dans ma chambre pour jouer, dit-elle. J'éprouvais beaucoup de plaisir à élaborer une stratégie afin de détruire mon adversaire". Moulée dans sa combinaison blanche et bleue aux couleurs de son sponsor, Samsung Electronics, cheveux de jais relevés, elle vole souvent la vedette à ses homologues masculins, lors des joutes virtuelles télévisées. Sur 200 pro gamers, elles sont une vingtaine à se partager les podiums : "moins de filles, mois de compétitions, j'avais plus de chances de sortir du lot," reconnaît Kim. Repéré il y a un an et demi par le géant de l'électronique coréen, elle fait aujourd'hui partie, avec quatre garçons, de son écurie. Samsung Electronics investi plus de 2,3 MF par an pour l'entraînement de ses poulains installés dans un appartement exigu d'une tour située au nord de Séoul. Le quotidien de la reine des jeux vidéo n'est pas une partie de plaisir. Tests d'avant match, coach personnel et entraînement physique de haut niveau. Elle s'exerce sur son clavier au moins cinq heures par jour. Dur. Mais, quand elle gagne un tournoi, elle peut empocher jusqu'à 50 000 dollars.
Julia Dion, à Séoul. (Groupe France-Corée)©L'Express N° décembre 2001
- Jeux vidéos: les Français se sont révélés bons joueurs...
JEUX VIDEO : LES FRANÇAIS SE SONT REVELES DE BONS JOUEURS LORS DES CYBERJEUX MONDIAUX DE SEOUL - Séoul - RICHARD WERLY
"En Corée, les jeux sur l'Internet sont si populaires qu'ils sont déjà des divertissements de masse." Chris Yoon, organisateur des Cyberjeux mondiaux à Séoul
On peut être un pro du jeu vidéo et savoir apprécier les choses de la vie. Sitôt qualifié pour les demi-finales de Starcraft, l'épreuve reine des Cyberjeux mondiaux, les World Cyber Games, qui se sont achevés le 9 décembre 2001 à Séoul en Corée du Sud, Bertrand Grospellier, alias Elky, se remettait à "chouffer" ("guetter", dans l'argot militaire) les jolies Coréennes du public. "C'est dingue. Il y a tout ici: les meilleurs joueurs mondiaux, des minettes superbes et du fric à gagner. Ça ressemble au paradis, non?" rigole ce Nancéien de 20 ans aux cheveux rouges. Ce divertissement ne l'empêchera pas d'accéder à la finale et d'empocher 10000 dollars (11300 euros). Matchs retransmis en direct sur la chaîne câblée GemBC, interviews par les médias locaux après chaque partie, mignonnes fans pressées d'obtenir un autographe... Les vedettes des World Cyber Games(1) ont pu goûter cette notoriété et cette respectabilité qui continuent de faire défaut en France et dans une bonne partie de l'Europe: "La Corée casse l'image qui, chez nous, colle à la peau des gamers: celle de mecs qui vivent dans leur cave et restent scotchés à leur ordinateur en bouffant des pizzas", se réjouit Bertrand Parriot, Bordelais de 19 ans et révélation du tournoi de Quake III. Il tiendra, lui, jusqu'aux demi-finales.
- Accès rapide.
La Corée du Sud n'est pas le paradis des jeux en ligne sans raison. C'est l'un des premiers pays de la planète en matière d'accès rapide à l'Internet. "En Corée, les jeux en ligne sur l'Internet sont si populaires qu'ils sont déjà des divertissements de masse. A la télévision, les matchs de Starcraft [de loin le jeu le plus populaire] font des audiences supérieures à celles de certaines émissions d'information", explique Chris Yoon, qui a participé à l'organisation de ces World Cyber Games financés par ICM, une filiale du géant électronique Samsung.
Durant cinq jours, 400 joueurs de trente-sept pays différents ont pris leurs quartiers au troisième étage du Coex, le grand centre de congrès de Séoul. La compétition s'est achevée par l'attribution de 300000 dollars (338868 euros) de récompenses aux finalistes des six jeux en lice: Starcraft, Quake III Arena, Unreal Tournament, Age of Empire II, Counterstrike et Fifa 2001. La première édition de ces Cyberjeux mondiaux avait eu lieu en octobre 2000 à proximité de Séoul. Mais l'épreuve, cette fois-ci, a vu beaucoup plus grand: des tournois qualificatifs ont été organisés dans tous les pays. Ce fut le cas en France avec les éliminatoires Lan-Arena(2) organisés les 26 et 27 octobre à Paris, au Théâtre de l'Empire.
Plusieurs des meilleurs joueurs des World Cyber Games rêvent d'intégrer le circuit pro coréen. Le pays du matin calme a depuis deux ans une ligue professionnelle de jeux vidéo où évoluent à la fois des équipes sponsorisées par les grandes entreprises locales (Samsung, Korea Telecom...) ou des champions solitaires comme le Canadien Guillaume Patry, 19 ans, lauréat de plus de dix tournois pro l'an dernier. Joueur émérite de Starcraft, Patry a son propre agent et son émission sur la chaîne GemBC. Il soigne son look comme un jeune premier mais reste lucide: "Les jeux vidéo sont aussi un phénomène de mode. Il manque encore des structures pour en faire un vrai sport. Aujourd'hui, c'est un peu la jungle." David Yang, porte-parole d'ICM, la filiale organisatrice des jeux, n'a pas cette retenue: "Nous sentons que les choses décollent. La Corée du Sud est clairement en train de s'imposer comme la référence en matière de jeux en ligne pour toute une génération de joueurs", estime-t-il.
- Virage.
L'industrie sud-coréenne des nouvelles technologies a toujours mal vécu la domination du voisin japonais sur le marché des jeux consoles, dominé par Sony, Nintendo ou Sega. Elle ne veut donc pas rater ce virage des jeux en réseau qui comptent dans la péninsule plus de sept millions d'amateurs, habitués à fréquenter les 25 000 salles de jeux reliées à l'Internet ou "PC bang". Sous l'impulsion de Samsung, l'Etat coréen a même mis la main au portefeuille en créant une agence spécialisée dans la promotion des start-up du secteur. Son nom, bien éloigné de celui d'une administration, est Game Infinity: "une infinité de jeux"....
(1) www.worldcybergames.org (2) www.lan-arena.com Source : Libération : 11/12/2001
Des Bleus virtuels
De plus en plus de stars du foot négocient leur apparition sur les consoles. Zidane et Thierry Henry n'échappent pas à la règle...
Les fédérations sportives se frottent les mains.
Pour gagner de juteuses parts de marché, les fabricants de jeux vidéo sportifs sont désormais obligés de payer. Même si les montants de ces droits vidéo n'atteignent pas les sommes stratosphériques déboursées par les télés -1,1 milliard de francs par TF1 pour la Coupe du monde - le phénomène prend de l'ampleur. Une douzaine de fabricants veulent développer un jeu estampillé UEFA. "Nous sommes en bonne position pour faire grimper les prix mais nous choisirons le projet le plus abouti", explique-t-on à la direction du sponsoring de l'Union européenne de foot- ball. Surtout, le plus rentable. Le prix d'une telle licence? "C'est confidentiel", affirme, comme tous ses confrères, Philippe Sauze, directeur de la filiale française d'Electronic Arts (EA).
Leader sur le marché mondial, EA a acheté la licence de la Fédération internationale de football (Fifa) afin de commercialiser son jeu Fifa 2002, et offert un contrat à Thierry Henry pour qu'il devienne l'ambassadeur de la marque dans l'Hexagone. Sony a passé un accord avec la Champions League anglaise et le cham- pionnat du monde des rallyes (WRC), tandis que l'entreprise britannique Eidos, productrice de Tomb Raider, vient de décrocher l'exclusivité pour lan- cer un jeu sur les JO d'hiver de 2002. "Une licence permet de vendre un minimum de jeux, explique-t-on chez Konarni, un fabricant japonais qui réalise près de 30 % de son activité dans le sport. C'est une garantie commerciale."
Jusqu'à récemment, Konami était l'un des rares à ne pas avoir signé de contrat avec des stars du ballon rond. Alors, on "bricolait" : sur l'écran, Zidane était " Ziderm " et Anelka, "Anilkar". Konami a récemment signé un accord avec le syndicat international des footballeurs professionnels (FIFPro). Résultat: dans son nouveau jeu, Pro Evolution Soccer, Zizou s'appelle bien Zidane. Depuis novembre, Konami a déjà vendu 140.000 exemplaires
Paul Miquel L'Express 27/12/2001
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